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Le droit n'a-t-il rien avoir avec la violence ?

Publié le 28/07/2009

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Le droit au sens le plus général désigne une revendication conforme à une règle. Il implique de ce fait un pouvoir et une liberté. En contrepartie tout droit nous renvoie à des devoirs qui limitent nos désirs: le droit de propriété suppose le devoir de respecter celle d'autrui. Ainsi l'objectif premier du droit est de substituer aux relations de violence, des relations de réciprocité. Mais comment prétendre que l'intervention du droit efface la violence, n'en est-il pas lui-même l'expression? Quelles garanties avons-nous que le droit soit réellement la mise en oeuvre de la justice ?

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« Ceci explique que pour échapper à un tel relativisme, philosophes et juristes aient cherché une norme plus générale: le droit naturel .

Il contient les principes généraux qui sont attachés à la nature de l'homme, à sa dignité.

Cicéron en annonçait déjà clairement le sens: "Cette loi n'est pas autre à Rome, autre à Athènes, autreaujourd'hui, autre demain.

C'est une seule et même loi éternelle et immuable." Son expression la plus éclatante estdonnée dans les diverses Déclarations des droits de l'homme.

Pourtant certains juristes comme Kelsen refusent de voir là un véritable fondement du droit, car il est abstrait et ne concerne que l'individu isolé de tout contexte social.

Plus encore, il est impossible de définir clairement leconcept de nature humaine.

Ainsi cette norme elle-même est assujettie aux fluctuations historiques et culturelles.

Malgré cela l'idée de droit naturel reste essentiel au droit, car elle est pour L.Strauss, le seul moyen de conserver unpouvoir critique sur le droit positif .

Même si elle ne constitue pas un principe immuable, elle représente l'effort de la réflexion juridique de s'approcher toujours plus de l'idéal de la justice.

3 Droit et violence 31 Droit contre violence Le droit s'oppose à la violence car aux rapports de force il s'efforce de substituer des rapports de dialogue et ceci grâce à l'arbitrage de la loi.

Chacun n'est donc pas seul juge de ce qui lui revient, c'est à la justiced'en décider.

Mais la loi n'est pas efficace d'elle-même, sauf si l'on suppose que tout le monde est raisonnable.

Aussi le plus souvent doit-on recourir à la crainte, celle de la punition.

Le droit en voulant lutter contre la violence, s'en sert enfait comme moyen.

N'est-ce pas pourtant la seule façon d'éviter le cercle indéfini de la vengeance? 32 Droit et vengeance Spontanément on peut être tenté d'identifier la punition à une forme de vengeance.

La société compense le préjudice qu'elle a subi par l'application d'une peine équivalente.

Est-ce autre chose que l'ancienne loidu Talion :"Oeil pour oeil, dent pour dent" La différence n'en est pas moins essentielle.

Cette réplique massive de toute la société qui s'oppose au criminel lui interdit toute réponse.

D'autre part contrairement à la vengeance qui se fonde sur le ressentiment, la loiprocède d'une volonté objective et universelle; elle rend possible de ce fait un regard impersonnel sur le délit.

Lavengeance, elle, suit toujours le crime, la loi au contraire le précède ; elle évite ainsi d'être influencée par saviolence.

(Pensons par exemple à la volonté de rétablir la peine de mort chaque fois qu'il y a crime odieux,particulièrement sur des enfants).

La punition s'oppose donc à l'arbitraire de la vengeance car elle permet en obtenant réparation du préjudice qu'un terme soit mis à ce qui serait sinon l'escalade de la violence.

33 Le droit de punir La fonction de la punition est complexe et pour une part contradictoire, déjà pour cette raison que l'on veut supprimer la violence en l'utilisant.

Vis-à-vis de la société, la punition doit permettre de rétablir l'autorité de la loi qui a été transgressée, sans quoi elle ne serait plus respectée à l'avenir.

En punissant le coupable, la société cherche aussi à réparer une partie du préjudice subi en infligeant une peine équivalente.

Du même coup elle voudrait avoir un effet thérapeutique, en neutralisant le criminel dansl'immédiat, en favorisant par la suite son retour à une vie normale grâce à l'intimidation.

Hegel va même jusqu'à direque "la répression est un droit propre au criminel" car "en le punissant, on honore le criminel comme un êtreraisonnable".

Enfin pour tous les membres de la société, la peine a valeur d'exemple; les exécutions publiques avaient pour but avoué de montrer aux citoyens le risque qu'ils encouraient s'ils commettaient de tels actes.

Deux conceptions de la peine s'opposent ici: celle de la peine-traitement qui veut avant tout ramener le contrevenant dans le droit chemin, et la peine-châtiment qui a pour but de protéger la société contre les diversesformes de crime.

S'il est difficile de faire un choix clair et définitif, c'est parce que selon les circonstances et les hommes l'une ou l'autre attitude est possible.

Ceci ne doit pas faire oublier que l'évolution du système pénal dans l'histoire montreune tendance à remplacer les peines physiques par des mesures plus éducatives.

La justice ne se contente plusd'isoler le condamné du corps social, comme un organe malade, elle essaie le plus possible de trouver les moyens dele réinsérer.

De Voltaire qui dénonçait les tortures légales de son époque, à Camus qui refuse avec force le recoursà la peine de mort, la réflexion n'a cessé de chercher les moyens de concilier les exigences de la justice et lerespect de l'homme quel qu'il soit.. »

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