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Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

Publié le 20/06/2009

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technique

Introduction :

 

            La technique peut se définir comme usage ou l’emploi d’une habileté particulière : d’un certain art de faire en vue de produire quelque chose de façon plus efficace et plus rapide. En ce sens, la notion de technique a principalement un aspect économique : économie de temps, de moyens etc. La technique est effectivement l’ensemble des procédés ou méthodes d’un art, d’une activité ; mais aussi l’ensemble des applications de la science dans le domaine de la production. On peut donc dégager deux compréhensions globales de ce qu’est la technique : soit un savoir-faire, une habilité soit une application de la science. Mais parler de développement technique c’est insister sur l’échelle que représente l’émergence de la technique. Il s’agit plus exactement d’un processus civilisationnel nous faisant entrer dans un ère de la technique. La question est donc de savoir quel est son impact sur l’homme. Il n’est pas question de remettre en cause l’idée d’un développement technique mais bien d’en prendre la mesure, la mesure de son action et de son influence sur l’homme. La transformation est un changement, passage d’un état à un autre, qui implique une modification de l’humain que ce soit accidentel ou essentiel, conjoncturel ou structurel. Il s’agit d’en saisir le sens, le fondement et la valeur.

           

 

I – Transformation et progrès

 

a) Comme on peut le voir dans le récit que Platon du mythe de Prométhée dans le Protagoras, le besoin est né de la nature ou condition mortelle de l’homme ou plus exactement du mauvais partage des biens entre les animaux ; partage opéré par Epiméthée. Si l’on peut parler effectivement de besoin c’est dans la mesure où ce dernier est essentiellement un manque matériel. Or pour pallier ces manques, Prométhée « dérobe à Héphaïstos et à Athéna le génie créateur des, en dérobant le feu ; et c’est en procédant ainsi qu’il fait son cadeau aux hommes. Voilà donc comment l’homme acquit l’intelligence qui s’applique aux besoins de la vie «. Le feu est ici le symbole de la technique dans la mesure où c’est lui qui permet particulièrement le développement de l’outil qui dans son étymologie grecque renvoie bien à la technique. Cette dernière est donc conçu pour le moyen d’assouvir nos besoins fondamentaux. Le développement technique vise l’utile, c’est-à-dire un art (une techne) qui a pour but de produire mieux et plus facilement afin d’épargner à l’homme de la peine. La transformation de l’homme se fait dans la place qu’il se fait dans la nature. D’un être faible il acquiert la capacité de se dépasser lui-même. Sa place dans la nature change.

b) Dès lors, on peut voir apparaître un mouvement dialectique : la technique est ce moyen naturel par lequel nous tournons la nature contre elle, c’est-à-dire en vue de notre bénéfice et contrairement à notre mauvaise disposition originelle. On peut dire alors avec Hegel dans ses Leçons sur la Philosophie de l’histoire que l’outil manifeste la grandeur de l’esprit, c’est-à-dire sa prise de contact avec le réel dans son effectivité même donc dans son émergence au sein du monde. En effet, c’est par l’outil qui est le paradigme de la technique que l’esprit se manifeste non seulement à lui-même dans la réalisation de l’objet technique impliquant sa connaissance du monde, mais surtout dans son rapport au monde. L’esprit à travers l’outil œuvre vers l’extérieur. Le développement technique est un progrès pour l’homme, une ouverture sur le monde. L’outil, donc la technique en tant que prise de conscience de l’esprit par lui-même nous permet donc s’assouvir nos besoins fondamentaux. L’homme s’en trouve changer par l’horizon qu’il découvre et qui lui permis en même tant qu’il développe sa propre créativité, son ingéniosité. Sans le travail de la technique, les facultés humaines n’auraient de cesser de progresser. La transformation par la technique est une amélioration de notre condition et de notre perception du monde.

c) Le développement technique n’est pas superflue ; elle est ce sans quoi la vie sera impossible ou insupportable. Elle est ce par quoi la nature peut être tournée en notre faveur. C’est pourquoi, à la manière de Descartes dans le Discours de la méthode, « il faut se rendre comme maître et possesseur de la nature « : « elles m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie ; et qu’au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l’esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s’il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu’ils n’ont été jusque ici, je crois que c’est dans la médecine qu’on doit le chercher «. Le développement technique est une transformation de l’homme dans ses possibilités et ses capacités.

 

Transition :

Ainsi le développement technique transforme bel et bien l’homme. Ce changement se fait non seulement dans la place qu’il occupe dans le monde mais aussi dans son rapport à soi. Il développe ses facultés, son esprit, son intelligence. Le développement technique pourrait se comprendre comme un progrès.

 

 

II – L’aliénation de l’humain

 

a) Cependant, si transformation il y a il ne s’agit pas nécessairement d’un progrès comme le développe Rousseau dans son Discours sur les sciences et les arts de 1750. Le développement des arts et des techniques n’apporte pas nécessairement un changement en l’homme vers le mieux, le bien ou le bon. Bien au contraire, le développement des techniques va l’encontre de la naturalité de l’homme ; mais pire surtout, ce progrès est en fait une régression dans les mœurs et dans la morale. En effet, la question qui était mise au concours était : Si le rétablissement des sciences et des art a contribué à épurer les mœurs ? Et la réponse de Rousseau est tout aussi célèbre : « Il sera difficile, je le sens, d'approprier ce que j'ai à dire au tribunal où je compa­rais. Comment oser blâmer les sciences devant une des plus savantes compagnies de l'Europe, louer l'ignorance dans une célèbre Académie, et concilier le mépris pour l'étu­de avec le respect pour les vrais savants ? J'ai vu ces contrariétés ; et elles ne m'ont point rebuté. Ce n'est point la science que je maltraite, me suis-je dit, c'est la vertu que je défends devant des hommes vertueux. La probité est encore plus chère aux gens de bien que l'érudition aux doctes. Qu'ai-je donc à redouter ? Les lumières de l'Assemblée qui m'écoute ? je l'avoue ; mais c'est pour la constitution du discours, et non pour le sentiment de l'orateur. […]mais ici l'effet est certain, la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection. Dira-t-on que c'est un malheur particulier à no­tre âge ? Non, messieurs ; les maux causés par notre vaine curiosité sont aussi vieux que le monde. « Le développement technique entraîne ainsi une aliénation de la naturalité de l’homme.

b) En effet, si Rousseau à travers son Discours sur les sciences et les arts développe une vision inverse de celle que nous avons pu produire jusqu’ici cela nous indique surtout que le développement bénéfique n’est jamais assurée. Mais bien plus si l’on peut remettre en cause la valeur de ce développement technique c’est dans son usage en tant que calcul et rationalisation. L’homme produit ce que l’on pourrait appeler des monstres ou des chimères. Et c’est notamment à travers l’histoire du XXe siècle. Or ce développement proprement humain du monde est bien ce que Heidegger appelle dans sa critique dans Question sur la technique ? un « arraisonnement «. Plus exactement cela signifie un dévoilement du monde que l’on trouve dans le fondement mathématique de la nature. La raison se fait jour au monde, elle se dévoile au grand jour. Et c’est dans l’arraisonnement que se trouve le danger de la technique, c’est-à-dire dans son essence. De ce point de vue, on peut dire aussi avec Max Weber dans le Savant et le Politique que la technique produit un « désenchantement du monde « donc une transformation de l’homme en un être désillusionné et rationalisé.

c) Bien plus, cette transformation de l’homme s’effectue aussi comme compétition avec la machine. Ainsi se fait jour la propre aliénation de l’homme. Si l’on peut en effet parler en effet d’un développement technique inhumain c’est bien parce qu’en tant que travailleur, notamment dans le système des chaînes comme le fordisme ou le taylorisme, et c’est déjà bien ce que l’on peut voir à travers le personnage que campe Charlie Chaplin dans les Temps modernes. Comme on peut voir à travers l’ouvrage de Georges Friedmann Le travail en miettes : « Aujourd’hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d’ouvriers et d’employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées à cadence rapide, n’impliquant que peu ou pas de con­naissances professionnelles, d’initiative, d’engagement psycho­logique ou moral dans l’entreprise qui les paie. Leur temps hors du travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physique qui pèse, jusqu’à la briser, sur leur capacité de se divertir et même de se réparer. Que les réactions soient agres­sives ou dépressives, elles écartent le travailleur des promes­ses d’une vie de loisir à la fois divertissante et enrichissante, orientée vers un niveau de culture plus élevé. Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouage accroît son bien-être matériel mais ne fait qu’accen­tuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de tra­vail et l’existence hors travail. (...) «. Le travailleur n’est plus qu’un simple rouage, et effectue une tâche qui bien souvent est répétitive et correspondrait plus à une machine. Comme il le fait remarquer en citant une étude américaine  ce type de travail pour être donné à des personnes handicapés sans que cela changeât le résultat de la production. Friedmann n’a pas en vue bien sûr de dénigrer les handicapés (ils parlent d’handicapés mentaux), mais ce qu’il vise c’est le développement technique non éthique. Ou autrement dit, en suivant Simondon dans Du mode d’existence des objets techniques, on peut dire que sous l’aliénation sociale que dénonce Marx dans l’Idéologie allemande et dans les Manuscrits de 44, se trouve l’aliénation technique. Et c’est bien ce sens que l’on peut comprendre alors ce second jeu de pouvoir au sein de la notion même de technique : l’homme devant par l’aliénation du développement technique un « appendice de la machine «.

d) En effet, Marx dans ses Manuscrits de 44, montre l’aliénation comme transformation de l’humanité du travailleur en raison du développement technique. L’individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail. Or c’est précisément ce qui se produit dans le cas du tra­vail aliéné. Dans le travail aliéné, l’homme est privé du pro­duit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d’être une fin en lui-même. Le travail n’est donc pas une forme de moralisation tant qu’il reste un facteur d’aliénation. Et celle-ci prend trois formes. Toutes ont un rapport avec l’idée d’altérité et de perte de soi. Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de son travail. Deuxièmement, par l’organisation même du même qui n’est pas l’expression d’une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la production d’un bien ou d’un service, mais de celui qui achète la force de travail. Ainsi, dans ces conditions de travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travail ce qui signifie qu’il exerce une activité dans laquelle ils ne peuvent se retrouver ou se reconnaître. Ils sont comme étrangers à eux-mêmes. Enfin, l’aliénation est déshumanisation c’est-à-dire aliénation de l’essence de l’homme dans la mesure où le travail à cause des deux aliénations précédentes est une activité par laquelle au lieu de s’accomplir, de devenir plus humain, l’homme se perd, se dénature, se mutile.

 

Transition :

Ainsi il y a effectivement un impact du développement technique sur l’homme. Il se dénaturalise de plus en plus, c’est-à-dire qu’il perd sa première nature ou sa nature profonde dans la civilisation. Bien plus, cette transformation, à l’aune des sociétés libérales et capitalistes, est devenue une aliénation de l’homme : une corruption de sa nature n’en faisant plus qu’une appendice de la machine.

 

 

III – Plus qu’une transformation de l’homme, une transformation de la nature

 

a) En effet, plus qu’une simple transformation, le développement technique risque une mutation de l’homme pouvant produire des effets que l’on attendait pas comme c’est le cas du Frankenstein de Shelley. Le docteur rassemblant les différents morceaux d’un cadavre cherche a insuffler la vie à cet amas de chaire. Or l’ensemble de l’ouvrage, qui se comprend comme une critique de la technique, montre bien la maîtrise de la technique par l’homme jouant souvent à l’apprenti sorcier. Or c’est bien contre un tel développement de la technique que Ellul dans l’Ere technicienne nous met en garde. En effet, nous croyons pouvoir maîtriser la technique mais nous ne savons pas l’ensemble des effets de la technique à longue échéance. L’homme s’aliène par la technique. Il devient monstrueux à lui-même. Il modifie sa nature intérieure.

b) Bien plus qu’une transformation ou une dénaturation de l’homme, le développement technique met en péril la Nature même. La transformation prend sens en l’homme et autour de l’homme. Or c’est cette mise en garde que produit Hans Jonas contre le pouvoir technicien dans le Principe de responsabilité. Dès lors la notion de respect qui se fait jour. Il s’agit donc d’une reformulation de l’éthique autour de l’idée de responsabilité. Et c’est bien ce qu’il affirme dans Pour une éthique du futur, puisque Jonas montre que l’espèce humaine se trouve à un carrefour ; dotée d’une puissance en constante extension, où il lui faut désormais faire des choix et prendre des décisions, assumer ses hésitations qui lui éviteront le « sort de l’apprenti sorcier «. Et cet enjeu se trouve particulièrement saisissant du point de vue de l’économie et de la technicité. Cette éthique n’est donc là pour brimer la vie mais au contraire pour l’aider à parer les dangers, donc d’une certaine manière, ne pas penser la technique comme technique pure, c’est-à-dire indépendante de toute éthique, ou moralité.

c) Le problème du développement technique ainsi compris est le fait que l’homme sur le terre devient pour sa nature et la Naturez ce que Michel Serres dans le Contrat naturel nomme un parasite. La technique serait l’art qu’à l’homme de parasiter. Or de ce point de vue, seule la symbiose est envisageable : « Or à force de la maîtriser, nous sommes devenus tant et si peu maître de la Terre, qu’elle menace de nous maîtriser à son tour. Par elle, avec elle et en elle, nous partageons un même destin temporel […] Ainsi les anciens parasites, mis en danger de mort par les excès commis sur leurs hôtes, qui, morts, ne les nourrissent plus ni ne les logent, deviennent obligatoirement des symbiotes. […] Voici la bifurcation de l’histoire : ou la mort ou la symbiose. «

 

 

Conclusion :

 

            Le développement technique produit indéniablement une transformation en l’homme. Cependant, ce changement n’est pas nécessairement bénéfiques pour l’homme et son environnement. Au demeurant, la technique demeure neutre et ne doit son usage qu’à l’homme. C’est donc l’homme qui se transforme lui-même. Ainsi Friedmann dans Le travail en miettes écrit : « L’observation de la civilisation technicienne, malgré tant de misères physiques et morales, d’échecs et de dangers terrifiants, conduit à dire résolument : Oui ! à la technique, mais à la technique maîtriser par l’homme. « En somme, la technique n’est que ce que l’homme en fait.

CORRIGE DU BAC 2009

technique

« techniques va l'encontre de la naturalité de l'homme ; mais pire surtout, ce progrès est en fait une régression dansles mœurs et dans la morale.

En effet, la question qui était mise au concours était : Si le rétablissement dessciences et des art a contribué à épurer les mœurs ? Et la réponse de Rousseau est tout aussi célèbre : « Il seradifficile, je le sens, d'approprier ce que j'ai à dire au tribunal où je comparais.

Comment oser blâmer les sciencesdevant une des plus savantes compagnies de l'Europe, louer l'ignorance dans une célèbre Académie, et concilier lemépris pour l'étude avec le respect pour les vrais savants ? J'ai vu ces contrariétés ; et elles ne m'ont point rebuté.Ce n'est point la science que je maltraite, me suis-je dit, c'est la vertu que je défends devant des hommesvertueux.

La probité est encore plus chère aux gens de bien que l'érudition aux doctes.

Qu'ai-je donc à redouter ?Les lumières de l'Assemblée qui m'écoute ? je l'avoue ; mais c'est pour la constitution du discours, et non pour lesentiment de l'orateur.

[…]mais ici l'effet est certain, la dépravation réelle, et nos âmes se sont corrompues àmesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection.

Dira-t-on que c'est un malheur particulier ànotre âge ? Non, messieurs ; les maux causés par notre vaine curiosité sont aussi vieux que le monde.

» Ledéveloppement technique entraîne ainsi une aliénation de la naturalité de l'homme.b) En effet, si Rousseau à travers son Discours sur les sciences et les arts développe une vision inverse de celle que nous avons pu produire jusqu'ici cela nous indique surtout que le développement bénéfique n'est jamais assurée.Mais bien plus si l'on peut remettre en cause la valeur de ce développement technique c'est dans son usage en tantque calcul et rationalisation.

L'homme produit ce que l'on pourrait appeler des monstres ou des chimères.

Et c'estnotamment à travers l'histoire du XXe siècle.

Or ce développement proprement humain du monde est bien ce queHeidegger appelle dans sa critique dans Question sur la technique ? un « arraisonnement ».

Plus exactement cela signifie un dévoilement du monde que l'on trouve dans le fondement mathématique de la nature.

La raison se faitjour au monde, elle se dévoile au grand jour.

Et c'est dans l'arraisonnement que se trouve le danger de la technique,c'est-à-dire dans son essence.

De ce point de vue, on peut dire aussi avec Max Weber dans le Savant et le Politique que la technique produit un « désenchantement du monde » donc une transformation de l'homme en un être désillusionné et rationalisé.c) Bien plus, cette transformation de l'homme s'effectue aussi comme compétition avec la machine.

Ainsi se fait jourla propre aliénation de l'homme.

Si l'on peut en effet parler en effet d'un développement technique inhumain c'estbien parce qu'en tant que travailleur, notamment dans le système des chaînes comme le fordisme ou le taylorisme,et c'est déjà bien ce que l'on peut voir à travers le personnage que campe Charlie Chaplin dans les Temps modernes .

Comme on peut voir à travers l'ouvrage de Georges Friedmann Le travail en miettes : « Aujourd'hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d'ouvriers etd'employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées à cadence rapide, n'impliquant que peu ou pas de con-naissances professionnelles, d'initiative, d'engagement psychologique ou moral dans l'entreprise qui les paie.

Leurtemps hors du travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physique qui pèse, jusqu'à la briser,sur leur capacité de se divertir et même de se réparer.

Que les réactions soient agressives ou dépressives, ellesécartent le travailleur des promesses d'une vie de loisir à la fois divertissante et enrichissante, orientée vers unniveau de culture plus élevé.

Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouageaccroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de travailet l'existence hors travail.

(...) ».

Le travailleur n'est plus qu'un simple rouage, et effectue une tâche qui biensouvent est répétitive et correspondrait plus à une machine.

Comme il le fait remarquer en citant une étudeaméricaine ce type de travail pour être donné à des personnes handicapés sans que cela changeât le résultat de laproduction.

Friedmann n'a pas en vue bien sûr de dénigrer les handicapés (ils parlent d'handicapés mentaux), maisce qu'il vise c'est le développement technique non éthique.

Ou autrement dit, en suivant Simondon dans Du mode d'existence des objets techniques , on peut dire que sous l'aliénation sociale que dénonce Marx dans l' Idéologie allemande et dans les Manuscrits de 44 , se trouve l'aliénation technique.

Et c'est bien ce sens que l'on peut comprendre alors ce second jeu de pouvoir au sein de la notion même de technique : l'homme devant par l'aliénationdu développement technique un « appendice de la machine ».d) En effet, Marx dans ses Manuscrits de 44 , montre l'aliénation comme transformation de l'humanité du travailleur en raison du développement technique.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanitépar son travail.

Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans le travail aliéné, l'hommeest privé du produit de son travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.

Le travail n'estdonc pas une forme de moralisation tant qu'il reste un facteur d'aliénation.

Et celle-ci prend trois formes.

Toutes ont un rapport avec l'idée d'altérité et de perte de soi.

Premièrement, le travailleur est dépossédé des produits de sontravail.

Deuxièmement, par l'organisation même du même qui n'est pas l'expression d'une décision prise par ceux qui travaillent et collaborent dans la production d'un bien ou d'un service, mais de celui qui achète la force de travail.Ainsi, dans ces conditions de travail, ce dernier est extérieur aux fins de son travail ce qui signifie qu'il exerce uneactivité dans laquelle ils ne peuvent se retrouver ou se reconnaître.

Ils sont comme étrangers à eux-mêmes.

Enfin,l'aliénation est déshumanisation c'est-à-dire aliénation de l'essence de l'homme dans la mesure où le travail à causedes deux aliénations précédentes est une activité par laquelle au lieu de s'accomplir, de devenir plus humain,l'homme se perd, se dénature, se mutile.

Transition : Ainsi il y a effectivement un impact du développement technique sur l'homme.

Il se dénaturalise de plus en plus,c'est-à-dire qu'il perd sa première nature ou sa nature profonde dans la civilisation.

Bien plus, cette transformation,à l'aune des sociétés libérales et capitalistes, est devenue une aliénation de l'homme : une corruption de sa naturen'en faisant plus qu'une appendice de la machine.

III – Plus qu'une transformation de l'homme, une transformation de la nature. »

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