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Le développement technique etend-il notre responsabilité ?

Publié le 15/04/2009

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technique

  • Analyse du sujet :

-          le sujet met en relation deux notions, développement technique et responsabilité. On se demande si les deux notions sont corrélées.

-          Développement technique : idée d’une extension des pouvoirs de l’homme par une maîtrise plus grande des éléments, cette maîtrise reposant sur un développement de la connaissance scientifique des lois naturelles. Le développement s’entend alors dans une logique d’extension de la technique sur le monde naturel (extension quant à l’espace) mais aussi un développement de la technique elle-même (nouvelles machines, nouvelles procédures… : extension quant aux possibilités). Ce principe de développement combine donc l’idée d’un faire plus à plus d’endroits. La technique, quant à elle renvoie à l’art, ensemble de règles et savoir faire pour produire des objets artificiels, dont le principe de production n’est pas spontané mais réside dans la décision humaine, et à l’objet technique (l’outil et la machine).

-          Responsabilité : notion morale renvoyant à la possibilité de condamner ou de déclarer coupable le responsable. Est responsable celui qui est à l’origine d’une action et qui peut ou doit faire en sorte que l’action soit ou ne soit pas réalisée. La notion de responsabilité renvoie donc à la notion de liberté ou de décision libre.

-          Etendre : augmenter soit quant aux objets (on serait responsable de plus choses) soit quant au degré de liberté (on serait plus responsable).

  • Problématique

            Il paraît aller de soi que le développement technique augmente notre responsabilité. En effet, la technique est la marque de la domination de l’homme sur la nature, donc de son pouvoir et partant, de sa responsabilité. Car on est responsable de ce qui est notre pouvoir, et plus le pouvoir est élevé, plus la responsabilité l’est. Ceci se manifeste alors dans l’idée essentielle que le développement technique n’est que le développement de la liberté humaine et de ses possibilités. Mais par ailleurs, le développement technique donne naissance à un nouveau milieu pour l’homme, milieu auquel l’homme doit s’adapter, et qui fait l’homme plus que l’homme ne le fait. En ce sens, la technique, à travers les outils mais surtout les machines, objets techniques dotés d’une certaine autonomie, est plus une condition de l’homme qu’une de ses possibilités. De ce point de vue, le développement technique peut être conçu comme échappant à la maîtrise humaine (exemple de Frankenstein où la créature se révolte contre son créateur), et donc à sa responsabilité. Etre responsable, c’est en effet pouvoir répondre de…Mais les effets de la technique ne sont pas prévisibles, surtout à long terme, qui pourrait alors en répondre ? Alors, est-ce que le développement technique, en développant notre liberté, accroît notre responsabilité, ou bien la technique n’est-elle pas incontrôlable, imprévisible, en sorte que ce serait une erreur de tenir l’homme pour responsable de ses effets ?

technique

« imprévisibles ? – Néanmoins, cette conception ne voit pas que l'objet technique, une fois produit, peut nous échapper, vivre desa propre vie, entrer en interaction avec d'autres objets, soit naturels, soit artificiels, interactions que nous nepouvons ni attendre ni prévoir.

Ainsi, si au départ l'outil ne peut avoir d'effet, de puissance, que pour autant quel'homme l'utilise, la machine, elle, est une puissance qui automatisée qui peut très bien s'émanciper de la forcehumaine.

Dès lors en effet que l'objet technique possède sa force propre, alors rien n'empêche que celle-cis'exerce dans des directions inattendues.

Comme le notait Arendt dans Condition de l'homme moderne , si l'outil s'adapte à la force humaine, c'est l'homme qui doit s'adapter à la machine (ex.

des manufactures).

Mais on peutalors affirmer que l'univers technique est devenu une condition de la vie humaine, donc que l'homme ne peut pasprévoir, puisqu'il ne fait que suivre, le développement technique.

En ce sens, il ne peut être tenu pourresponsable de son milieu auquel il se doit de s'adapter sans pouvoir en dicter les conditions. – Enfin, ce n'est pas tant dans le domaine du nécessaire que dans celui du possible qu'opère la technique.

Eneffet, comme le souligne Aristote ( Ethique à Nicomaque ), « L'art aime le hasard, comme le hasard aime l'art ». En effet, l'invention technique peut procéder du hasard, mais inversement, si tout était nécessaire, alors il n'yaurait pas de place pour la nouveauté.

Autrement dit, la technique joue dans le domaine du possible, pas danscelui du nécessaire.

Mais ceci en retour pose la question de la fiabilité du technique.

Certes, plus nousconnaissons, plus les lois sur lesquels se fondent la technique nous permettent d'imiter la nature et partant, larigueur de sa répétition.

Mais également plus la complexité du réel nous apparaît : s'il est impossible de pouvoirprédire totalement un fait singulier en raison de la complexité des lois naturelles, alors on ne voit pas comment ilserait possible d'affirmer tout ce qui découlera d'un objet technique particulier.

De ce point de vu, tout actetechnique échappe par nature à l'agent, qui fabrique un objet doté d'autonomie.

Cette rupture dans la causalitédepuis le producteur ou l'inventeur jusqu'aux derniers effets est donc un argument de poids pour que notreresponsabilité ne soit pas engagée. – Donc, l'objet technique acquérant une autonomie, une vie propre, il est impossible que la technique ne produise que les effets qu'on en attend.

L'acte technique est toujours dépassé par l'objet qu'il produit, lequelagissant en retour sur son créateur. III.

Mais alors si l'homme n'a plus de responsabilité dans la technique, faut-il en conclure qu'il subit, plusqu'il produit, le développement technique ? – Ceci conduit alors à affirmer en effet que le développement technique est en réalité autonome, que la technique est « causa sui », à elle-même sa propre cause, comme le signale, dans Le Bluff technologique , Jacques Ellul : « on n'arrête pas le progrès ».

Cette loi d'airain nous déresponsabilise ainsi des effets de latechnique, cette dernière s'imposant comme un déterminisme qui soumet l'homme. – Notre responsabilité consisterait alors, si l'on en croit cette perspective, à s'opposer au développement technique, lequel signal une puissance humaine liée aux passions et au désir, plutôt qu'à l'exigence de liberté.C'est en ce sens que Rousseau peut montrer dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes que la technique est source d'inégalité, que la division du travail et la société qu'elle instaure produit la comparaison des individus les uns avec les autres et génère ainsi la passion de l'amour propre (désird'être le meilleur) là où, à l'état naturel, ne régnait que l'amour de soi (désir de se conserver).

La concurrencequi naît des passions conduit donc au développement technique, et l'accroissement de notre maîtrise sur lanature n'est que la marque de l'affaiblissement de la maîtrise sur nous-même, autrement dit, la perte de notreliberté. Conclusion Si le développement technique accroit notre puissance sur le monde, alors il peut sembler qu'il accroisse notreresponsabilité.

Mais néanmoins, on doit remarquer que les effets de la technique nous échappent toujours,puisqu'elle s'insère dans un monde naturel et produit des interactions imprévisibles.

En ce sens, nous ne sommesresponsables que de l'effet prévisible.

En outre, la technique devient alors plutôt ce à quoi il nous faut nousadapter.

Dès lors, nous subissons la technique plus que nous la produisons.

En quoi alors serions-nousresponsable de quelque chose qui nous échappe ? En réalité, il peut sembler que le développement techniquen'est que l'effet des passions humaines et qu'il va donc de pair avec une perte de responsabilité de l'homme àl'égard de lui-même, c'est-à-dire une perte de liberté.

Le développement technique développe donc notreirresponsabilité, nos passions.

En ce sens, et de manière paradoxale, il paraît que plus la technique se développeen augmentant le pouvoir de l'homme sur le monde, plus l'homme perd sa liberté qui consiste dans le pouvoir sursoi-même, plus donc, il est déresponsabilisé.. »

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