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Le désir peut-il se satisfaire de la réalité ?

Publié le 16/07/2009

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On désire ce dont on manque. C'est donc dans la privation, la déception, que le désir trouve son origine. Peut-il se satisfaire de la réalité ? On dit qu'il ne faut pas prendre ses désirs pour la réalité, car celle-ci ne correspondra jamais aux exigences des premiers : c'est ce qui la distingue du fantasme. Il convient donc de s'interroger sur les raisons de cette différence, les effets qu'elle produit et sa résolution possible. Si la réalité ne répond pas immédiatement à notre désir, faut-il la transformer, ou se changer soi-même pour ne plus être déçu ? Le désir n'est pas le besoin : il peut se porter au-delà et devenir une passion. Son insatisfaction est alors plus irrationnelle que réelle, subjective plutôt qu'objective, et met en cause notre imagination plutôt que la nature même des choses.  La sagesse ne serait-elle pas de limiter le désir au besoin ? La réalité suffit-elle à y répondre ? Que peut-on désirer au-delà ? Pourquoi vouloir la dépasser ? La perpétuelle insatisfaction du désir doit-elle nous faire viser une réalité plus haute ? Avons-nous une destinée plus élevée ? Qu'est-elle dans ce cas et qu'est-ce que le réel ? Il s'agit donc de s'interroger sur soi-même au travers de ses désirs et de leur insatisfaction chronique. Si la réalité ne leur suffit pas, il faut se demander d'où ils viennent et qui nous sommes pour les éprouver. La satisfaction étant le début du bonheur, il s'agit finalement de savoir si l'on peut vivre heureux ici-bas. Peut-on se satisfaire de ce qui est ? Que voulons-nous vraiment ?

Le désir est considéré comme l'essence de la nature humaine par beaucoup de philosophes tel Spinoza ou Schopenhauer et pourtant a longtemps été dévalorisé comme niant ce qu'il y a de plus noble chez l'homme, attachement au sensible aux dépens du spirituel. Le désir se caractérise par la recherche d'un objet dont on sait ou on imagine qu'il est source de satisfaction. Platon le définit comme absence de plénitude, en effet s'il n'y avait pas de manque, il n'y aurait pas de désir. La réalité désigne l'ensemble des choses qui sont, c'est-à-dire qui ont une existence objective et constatable. Elle nous donne les choses telles qu'elles sont. Or, si le désir porte sur un objet absent, ne met-il pas en oeuvre l'imagination et chercher toujours plus que ce qui est donné dans la réalité? De plus le désir peut-il réellement être assouvi? Mais, le désir ne prend-il pas naissance dans la réalité et ne veut-il pas y retourner? Le désir ne crée-t-il pas la réalité?

 

  • I- la réalité n'est pas ce que l'on croit

 

 

 

  • II- Le désir doit se limiter au strict nécessaire

 

 

 

 

 

  • III- Le désir doit être sublimé pour être satisfait

 

 

 

 

 

« I.

Le désir, dans la mesure où il consiste en une recherche de plaisir, ne peut se satisfaire de la réalité qu'àla condition de vivre une vie raisonnable. A / Le désir est tendance vers une fin dont la réalisation procure du plaisir.

Le désir motive l'homme à agir, àdépasser ce qui est déjà là pour obtenir ce que l'on recherche, qui n'est pas encore réalisé.

Le désir semble donc,par essence, ne pas se satisfaire de la réalité.B / Bien plus, si le désir s'oriente exclusivement vers la recherche du plaisir, l'objectif sera alors d'avoir le plus deplaisir possible, de vivre de manière intense.

En visant toujours plus, l'homme ne saurait plus apprécier ce qui est.Sitôt que son désir sera réalisé, il cherchera encore autre chose et il sera par conséquent éternellement insatisfait.C / L'hédonisme, c'est-à-dire la valorisation du plaisir, ne conduit pas pour autant nécessairement à ne jamaispouvoir se satisfaire de la réalité.

Épicure propose une force d'hédonisme raisonnable qui valorise les plaisirs simpleset le calcul des plaisirs sur le long terme.

L'hédonisme épicurien permet de se libérer de l'éternelle insatisfaction desdésirs excessifs.

Le désir peut alors se satisfaire de ce qui est, c'est-à-dire jouir des choses simples que prodiguentla nature, la vie en société et l'exercice de sa pensée. II.

L'exigence de liberté et les contraintes morales interdisent au désir de se satisfaire de la réalité. A / La recherche du plaisir peut conduire à une tyrannie douce du pouvoir, qui satisfait nos désirs pour empêchertoute révolte (Tocqueville).

Si le désir se satisfait de la réalité, c'est-à-dire ici de ce qu'accorde le pouvoir dans lebut de rendre les gens satisfaits, alors le risque est que l'homme ne se soucie plus de sa liberté.

L'exigence deliberté interdit donc au désir de se satisfaire de la réalité.B / Les contraintes morales imposent également à l'homme de se soucier du bien et du juste.

Dans la mesure où laréalité est injuste et où il y a du mal dans le monde, le désir ne peut se satisfaire de la réalité.C / Le désir peut-il pour autant se satisfaire de ce qu'il est juste d'obtenir ? Nous touchons là au problème de l'envie(cf.

Rawls).

La réalité du désir semble dépasser, dans les faits, la morale qui cherche à lui imposer, en droit, deslimites. III.

L'insatisfaction du désir face à la réalité est plus profonde.

Le désir est-il condamné à ne se satisfaireque dans l'illusion ? A / Parmi les désirs de l'homme, on peut distinguer certains désirs qui sont plus fondamentaux.

Freud identifie troisbesoins qui caractérisent la condition humaine : un besoin affectif de se sentir protégé, un besoin cognitif decompréhension du monde, et un besoin moral de réalisation du bien et du juste.

Or le réel ne peut satisfaire cesbesoins.

Nous ne sommes jamais à l'abri du hasard, de la mauvaise fortune ; nous ne parvenons pas à comprendrel'existence même du monde, le fait qu'il y ait quelque chose plutôt que rien ; le mal et l'injustice persistent.B / La religion propose selon Freud une réponse à ces besoins, en soutenant l'existence d'un dieu d'amour, quiprotège l'homme, en expliquant la création du monde par ce dieu et en affirmant l'existence d'un lieu - le paradis -où le bien et la justice sont réalisés.

Toutefois cette réponse est selon Freud une illusion.

L'homme croit en un dieuqui n'existe pas pour la seule raison que cette croyance lui offre une réponse à ses besoins fondamentaux.C / il s'agit alors de prendre conscience que la déception éprouvée face au réel ne provient que de la croyance quele réel doit se soumettre immédiatement à nos désirs.

Comprendre que le réel s'oppose à nos désirs et acceptercette limitation, ce n'est pas se résigner.

il faut à la fois affirmer que le désir ne peut se satisfaire de la réalité, ausens où il faut transformer le réel pour le rendre meilleur, et en même temps, affirmer que le désir doit et peut sesatisfaire de la réalité, au sens où il n'a pas à chercher dans un au-delà imaginaire sa satisfaction.. »

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