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Le désir peut-il se concevoir sans souffrance ?

Publié le 22/02/2012

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Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes : il s'agit d'un tonneau qui se vide au fur et à mesure qu'il se remplit. Ainsi, chez Platon, le désir est synonyme d'insatisfaction perpétuelle, et de manque, donc de souffrance. Néanmoins, un désir satisfait est source de plaisir. Le désir est, en effet, un mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir. On en vient donc à se poser la question suivante : le désir est-il en soi bénéfique ? Désirer, est-ce déjà prendre le bon chemin vers le bonheur ? Ou bien au contraire, le désir recèle-t-il une puissance négative, voire destructrice ? On peut d'abord voir dans le désir la possibilité d'une satisfaction, donc d'un plaisir. On peut ensuite considérer le désir comme un manque, ce qui signifie souffrance car insatisfaction. Enfin, on comprendra que les désirs, inhérents à l'Homme, doivent être maîtrisés si on ne veut pas tomber dans une vie sans désirs ou dans laquelle on n'obéirait qu'à eux, ce qui nous conduirait sans aucun doute au malheur.

« de la volonté, soumet ces désirs indociles à une harmonie d'ensemble (République IV).

Le désir est vécu commemanque ; sa satisfaction engendre le plaisir.

Le désir est ainsi, en lui-même, une souffrance, celle d'une tensionvitale, d'un tourment, d'une agitation, qui ne s'achève que provisoirement.

Car le désir renaît toujours de sessatisfactions éphémères, qui fait que le plaisir déçoit toujours, incapable de satisfaire définitivement le désir.

« Cen'était pas ce que je croyais ou espérais », est la réaction habituelle aux illusions perdues d'un plaisir toujours endeçà du désir.

Aucun objet ne peut combler le désir ; aussi, seul le désir est un objet digne du désir : il faut aimerl'amour, et désirer le désir.De même, notre conscience n'accompagne pas nécessairement nos désirs, et nous pouvons désirer des objets neconvenant pas à, ce qui, au fond, nous manque.

En effet, la théorie freudienne de l'inconscient montre que nosdésirs s'enracinent dans des pulsions refoulées et que nous donnons à ces pulsions des objets symboliques desubstitution, plus convenables : nous désirons autre chose que ce que nous désirons vraiment, pour cacher à nospropres yeux l'objet véritable de nos manques.

D'où une insatisfaction inévitable, puisque nous nous tromponsd'objet.

Le désir se déploie dans l'imagination ; c'est pourquoi le désir est insatiable, car toujours projeté au-delà del'objet désiré.

La passion est un désir excessif, déraisonnable : soit par l'objet impossible à atteindre (vouloir la Lune,désirer l'immortalité), soit par sa force et sa violence qui fait perdre la maîtrise de soi.

Besoin, désir et passionindiquent également une passivité du sujet qui fait que nous les subissons malgré nous.

Tous trois imposent unealiénation et une dépendance à l'égard du corps, des objets extérieurs ou de l'imagination.

Pour les Anciens, Platonen particulier, les désirs sont multiples, et en conséquence sauvages et anarchiques ; à l'image de l'hydre dont lestêtes repoussent au fur et à mesure qu'elles sont coupées.

A cette multiplicité essentielle des désirs, s'opposel'unité du logos (la raison) qui, au moyen de la volonté, soumet ces désirs indociles à une harmonie d'ensemble(République IV).

Le désir est vécu comme manque ; sa satisfaction engendre le plaisir.

Le désir est ainsi, en lui-même, une souffrance, celle d'une tension vitale, d'un tourment, d'une agitation, qui ne s'achève queprovisoirement.

Car le désir renaît toujours de ses satisfactions éphémères, qui fait que le plaisir déçoit toujours,incapable de satisfaire définitivement le désir.

« Ce n'était pas ce que je croyais ou espérais », est la réactionhabituelle aux illusions perdues d'un plaisir toujours en deçà du désir.

Aucun objet ne peut combler le désir ; aussi,seul le désir est un objet digne du désir : il faut aimer l'amour, et désirer le désir.Finalement, l'idée que nous sommes maîtres de nos désirs n'est peut-être qu'une illusion de liberté.

Nous nechoisissons pas de désirer, nous subissons nos désirs et leur obéissons, croyant à tort les avoir créés nous-mêmes.Spinoza montre ainsi que l'homme ivre croit « vouloir » parler, alors que ce qui le fait parler est uniquement soncorps ivre.

En ce sens, l'homme ivre n'est pas l'auteur de son désir de parler, de même que l'alcoolique ne choisit pasde désirer l'alcool ni le cleptomane de désirer voler.

Là encore, le désir semble condamner à la souffrance, celleconsistant à être esclave et soumis au pire maître : soi-même.

Platon montre dans le Banquet comment le désirnous rend esclave.

Eros, le désir amoureux, « est fils d'Expédient et de Pauvreté ».

Il est peint comme un mendiantmisérable, contraint de se cacher et de se déguiser pour approcher l'être aimé, de mentir et ruser pour se rendreacceptable, sans honte ni scrupules, allant coucher devant les portes pour attendre une aumône.

Ce désir comme «esclavage » fait aussi, chez Platon, l'objet du mythe des androgynes : jadis, les hommes étaient androgynes(hommes et femmes à la fois), ce qui leur conférait une grande puissance.

Ils partirent à l'assaut du ciel.

Pour lespunir de cet orgueil, les dieux les coupèrent en deux moitiés, masculine d'un côté, féminine de l'autre.

Depuis,chacun recherche « sa moitié » pour se reproduire, et chacun étreint l'autre dans l'histoire de reconstituer la belleunité perdue.

Telle serait l'origine mythique du désir amoureux.

Tout désir serait la poursuite d'une unité perdue,rêvée ou idéale, d'une unité impossible qui rend le désir désespérant et nostalgique. Pour autant, ces souffrances peuvent être surmontées si l'on connaît et conduit bien ses désirs.

Le manque peutêtre compris comme dynamisme, élan créateur, et pas seulement comme souffrance d'un manque.

Une prise deconscience de nos désirs profonds peut nous éviter de souffrir et de nous tromper d'objet.

Enfin, une maîtrise desdésirs est possible et nous ne sommes pas condamnés à en être esclaves.Le manque qui définit et structure le désir est certes une source possible de souffrance mais aussi et pluspositivement un projet qui oriente le sens de notre vie et nous donne le sentiment d'exister.

Inversant laperspective selon laquelle le désir serait manque et négativité, Spinoza est sans doute le philosophe qui affirme leplus vigoureusement la valeur et la positivité du désir.

Au lieu de penser le désir comme subordonné à la valeur de lachose désirée " il y aurait de bons et de mauvais désirs " il considère au contraire le désir comme producteur devaleur.

Loin d'être déterminé par un objet qui lui préexisterait, le désir précède son objet et le produit.

Spinozaconcède que « le désir est l'essence de l'homme », suggérant ainsi que le désir exprime chez l'homme sa manière depersévérer dans son être, d'accroître sa puissance d'exister.

C'est ainsi que, comme l'affirme Spinoza au livre 3 deson Ethique, nous ne désirons pas une chose parce qu'elle est bonne, mais au contraire nous la jugeons bonne,parce que nous la désirons.

Pour sa part, Nietzsche défend les passions en montrant qu'elles expriment la vie même,ce qui en nous est de l'ordre de la création et de la puissance de vie.

Renoncer au désir pour éviter de souffrir seraitalors contre nature.

Le désir est contrainte vitale.

Nous ne choisissons pas notre désir, mais c'est lui qui choisit pournous.

Il s'impose à nous comme une force naturelle qui nous emporte, comme une tyrannie intérieure qui apportedésordre et violence.De plus, même si certains désirs peuvent être inconscients et refoulés au point de nous tromper sur ce qui nousmanque vraiment, nous pouvons accéder à leur source cachée et nous réconcilier avec nos désirs profonds, évitantainsi de « mal » désirer.

La psychanalyse montre, en ce sens, que comprendre nos désirs inconscients, c'estrenoncer à la maladie et à la souffrance que cause le refoulement.

Nous renonçons à nos symptômes, substituts denos désirs véritables et causes de notre souffrance.Enfin, même si nous ne sommes pas à l'origine de nos désirs, leur maîtrise reste possible, ce qui nous éviterait desouffrir d'en être esclaves.

En effet, si l'on connaît l'origine de nos désirs, si l'on sait où ils s'enracinent, alors nouspouvons soit éviter de leur donner libre cours, soit au contraire leur donner notre accord en acceptant de les. »

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