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Le désir est-il nécéssairement néfaste ?

Publié le 04/03/2009

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Le désir est-il nécéssairement néfaste ?

Le désir est traditionnellement défini comme élan, mouvement vers un objet que l’on imagine source de satisfactions et de plaisir. Ainsi, je peux désirer avoir un nouvel ordinateur, cela signifie que je pense que cet objet m’apportera quelque chose  de plus avantageux par rapport à la situation actuelle. Leibniz écrit ainsi dans  Nouveaux essais sur l’entendement humain, en 1705 : "l'inquiétude qu'un homme ressent en lui-même par l'absence d'une chose qui lui donnerait du plaisir si elle était présente, c'est ce qu'on nomme désir." Le désir est donc aussi la sensation d’un manque que l’individu essaie de combler en recherchant l’objet désiré. Platon le définit comme absence de plénitude, en effet s'il n'y avait pas de manque, il n'y aurait pas de désir. Le désir semble être caractéristique de l’être humain. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin. Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas).

Cependant, la tradition philosophique a toujours été très négative vis-à-vis du désir.  En effet, le désir est manque et donc synonyme de souffrance et si le désir renaît dès qu'il est assouvi, écouter ses désirs, c'est se vouer à une vie de souffrance. De plus, il semble bien que le désir fasse faire n’importe quoi même le pire au sujet désirant. Il est rattachement au corps et aux excitations extérieures. Et dans la vie quotidienne, nous considérons généralement que le désir bloque notre raison et nous empêche de voir les conséquences de nos actes. Il pousse généralement l’individu dans des actes dangereux pour lui-même sans aucun contrôle possible. Le désir est violence et contrainte.

Le terme « nécessairement « renvoie à quelque chose qui ne peut être autrement, il s’agit donc ici de savoir si le désir est par essence néfaste, c’est-à-dire nuisible pour l’individu. De par ce que nous venons de dire, le désir semble nuisible puisqu’il est une souffrance pour l’individu, une entrave à sa pensée et une contrainte. Cependant, peut-on dire que tous les désirs sont mauvais ? ne faut-il pas supposer plutôt que c’est l’excès qui dans le désir est nuisible ? un contrôle des désirs ne peut-il pas amener quelque chose de bon pour l’individu ? Une vie sans désir est-elle possible mais surtout est-elle enviable ?

Pour essayer de répondre à ces questions, nous verrons les aspects négatifs du désir puis nous essaierons de voir comment contrôler le désir pour qu’il puisse servir à l’individu. 

I Le désir est par essence nuisible

1. Le désir est souffrance

2. Le désir est rattachement au corps

3. Nous ne connaissons pas et ne maîtrisons pas nos désirs

  • II Certains désirs peuvent être bons, il faut être tempérant et développer notre jugement

1. Hiérarchie dans les désirs

2. La connaissance des désirs

3. La valeur du désir dépend de l’objet

  • III Il faut se servir de ce qui est bon dans le désir

1.Le désir est dans la nature de l’homme et de la vie

2.Le désir pousse l’homme à avancer et à réaliser des choses

3.Il faut essayer de connaître nos désirs

« au sensible, faisant du corps un tombeau.

En effet, l'équivalent du mot désir en latin est libido qui peut être l'énergie vitale mais qui est aussi marqué négativement comme le montre l'adjectif « libidineux » qui caractérise un homme quin'est attaché qu'à la chair.

Or, le corps est soumis entièrement aux lois de la nature et ne peut s'en défaire.

Ainsi,Bergson voit dans le corps le domaine du présent.

Selon lui, ce dernier ne fait que réagir mécaniquement etimmédiatement aux stimuli extérieurs.

Il lui manque ce temps de repos, de réflexion qui caractérise la conscience etla liberté.Dans le désir, nous abandonnons la raison pour se laisser aller aux réactions du corps.

Nous sommes par suite horsdu domaine de la raison et notre conduite ne peut être appelée raisonnable.

Il faut bien voir que ce qui faitl'humanité de l'homme n'est pas la satisfaction des désirs bestiaux du corps mais sa raison.

Pour Platon et Aristote,la raison est la partie divine de l'homme qu'il s'agit d'entretenir.

Socrate montre que celui qui se laisse diriger,commander par ses désirs est le plus esclave des esclaves.

Ainsi le tyran, dominé par ses désirs les plus vils estcelui que Platon place au plus bas de l'échelle des individus.

En proposant une tripartition de l'âme entre l'esprit(nous), le courage (thumos) et le désir (epithumia) où l'esprit en tant que supérieur commande à l'inférieur le désir,Socrate voit dans la conception de Calliclès qui prônait une vie entièrement soumise à l'assouvissement de tous lesdésirs, une forme de domination inauthentique et inversée.

De même, Aristote voit comme activité spécifique del'homme, la contemplation, activité de la raison.

La contemplation suppose elle aussi un état de quiétude, où aucuneperturbation ne vienne interrompre notre concentration.

Dès lors, le désir nous empêche de nous adonner à cetteactivité et annihile toute prétention au bonheur.

C'est en tout cas ce qu'affirme Platon qui dénonce aussi la tyranniedes désirs dans le Phédon « Le corps nous remplit d'amour, de désirs[…] si bien, que comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser » Nous ne pouvons réaliser notre essence d'homme et ceci nenous permet pas d'atteindre cet état de bien être.

De même, cette incapacité de bien penser entraîne l'homme àdésirer des choses qui ne sont pas bonnes.

Le désir déforme la réalité et nous entraîne vers des dangers et actionsirréfléchies et dangereuses.

Ovide exprimait ceci : « je vois le meilleur, je l'approuve et je fais le pire ».

Le désirn'amènerait dès lors pas l'homme à se réaliser mais plutôt à se détruire ou à agir contre son propre intérêt.

3.

Nous ne connaissons pas et ne maîtrisons pas nos désirs - Enfin, l'objet désiré n'est pas véritablement connu par nous et nous ne pouvons pas réellement savoir si ce quenous désirons est bon.

Spinoza affirmait ainsi " nous jugeons qu'une chose est bonne, parce que nous faisons effortvers elle, que nous la voulant et tendons vers elle par appétit ou désir." Ce qui veut dire que le désir ne se fondepas sur une connaissance parfaite de l'objet désiré, bien au contraire.

Comme le laisse à penser Spinoza, c'estplutôt l'inverse, ce n'est pas parce que la connaissance d'un objet nous la fait jugeait bonne que nous la désirons,mais plutôt parce que nous la désirons que nous la pensons bonne.

Dès lors, tant que la chose fait l'objet d'undésir, il nous est impossible de la concevoir objectivement et nous pouvons juger sa valeur bonne alors que ce n'estpas du tout le cas.

Nous pouvons alors désirer des objets qui ne sont absolument pas dans notre avantage.

D'ailleurs, il faut considérer que le désir est souvent ancré dans l'inconscient.

Freud en effet, dans sa deuxièmetopique, situe l'origine des désirs dans l'inconscient.

Selon lui, le « ça » est un pôle pulsionnel inconscient, d'oùsortent les désirs.

Il est gouverné par un principe de plaisir qui a pour but d'assouvir tous les désirs du ça.

Les désirsdu ça ne périssent pas et ignorent les jugements de valeur.

Pour Freud, « seul le désir peut pousser au travail notreappareil psychique » et c'est dans l'inconscient que se trouve la force vitale de tout être.

Toutes les excitations sefixent sur un désir et ainsi transforment un objet banal en représentation de désir.

Nous ne sommes donc pastoujours conscients de nos désirs ou de leurs causes.

C'est pour cela que nous pouvons désirer une chose sansvéritablement la connaître, simplement parce qu'une personne que nous admirons la désire.

Rien ne nous dit que lesdésirs dont nous avons conscience sont véritablement nos vrais désirs.

En effet, l'inconscient fait censure et lesdésirs qui nous parviennent ne sont que des représentations qui ont subi des compromis avant de pouvoir pénétrerdans la conscience.

Ainsi, par exemple, par la sublimation, les désirs inconscients et refoulés se déplacent sur unobjet admis socialement.De même, René Girard met en avant le mimétisme qui préside le processus du désir. Il ne faut pas croire que mon désir naît à partir du néant.

L'homme est un être qui est mû par un besoin d'imitation.

Cela lui est naturel comme leremarque Aristote.

René Girard a mis en exergue le fait que le désir portait généralement sur la chose désirée parautrui.

C'est ainsi, en autre, que naissent les modes.

Mais, pourquoi ce désir mimétique serait-il violent ? C'est quecette imitation va faire des individus des rivaux.

C'est parce que l'autre possède quelque chose que ça me donneenvie de l'obtenir : il suffit d'observer deux enfants devant plusieurs objets pour s'en convaincre : ils vont très vitese disputer le même.

Cette imitation devient immédiatement conflictuelle : le modèle devient rival et le rival à sontour modèle.

Il y a alors une escalade du désir et de la violence.

L'enfant fonctionne encore sous la loi du plus fort.Il n'hésitera pas à s'emparer de l'objet de son désir par la force ou par la contrainte.

Le désir sans la raison est alorsviolence.

René Girard écrit ainsi “En imitant le désir de mon modèle, je l'encourage à imiter le mien et vice-versa. L'imitateur devient le modèle de son propre modèle et l'imitateur de son propre imitateur.

[…] Ce que nous ignoronsou feignons d'ignorer, c'est que le conflit, c'est l'identité et non la différence.

Ce n'est pas vrai que les hommes sebattent à propos d'idées, ils se battent toujours à propos de désirs...

parce qu'ils ont le même désir.

» Le désir est donc de manière naturelle néfaste : il fait souffrir l'individu autant par la privation que par les effortsvains, il m'aliène et me pousse vers des objets dont je ne connais pas la valeur.

Enfin, il fait d'autrui un rival enverslequel je n'hésiterais pas à employer la violence.Pourtant, toutes ses manifestations ne sont-elles pas les conséquences d'un excès dans le désir ? II Certains désirs peuvent être bons, il faut être tempérant et développer notre jugement. »

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