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Le désir est-elle une force positive ?

Publié le 17/09/2009

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• Contre l'ascétisme des philosophies rationalistes, Rousseau fait dire à Julie (le personnage de son roman) la beauté et la force du désir amoureux: le désir est paradoxal, car d'un côté il consiste à tendre vers un but, mais de l'autre, il se suffit à lui-même. En effet, celui qui accomplit son désir connaît en même temps que la satisfaction une sorte de déception. • L'affirmation de Julie («Malheur à qui...«) est radicale: pour elle, le vrai bonheur consiste dans le désir lui-même, qui est une forme d'intensification de la vie. Ne rien désirer, ce n'est pas la sagesse, c'est la mort.

« tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui lesoumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cetteimaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même;rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit; l'imagination ne pare plusrien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance.

Le pays des chimères est en ce monde le seuldigne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien debeau que ce qui n'est pas.Si cet effet n'a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentimentcommun qui les comprend toutes.

Vivre sans peine n'est pas un état d'homme; vivre ainsi c'est être mort.

Celui quipourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privationserait plus supportable." Rousseau La représentation ordinaire du désir nous amène à penser que le désir est un manque, et donc une souffrance : toutau moins un état qui tend à la jouissance, mais ne la contient pas et l'exclut.

Car la jouissance suppose lapossession qui doit marquer en même temps la disparition du désir.

On devrait alors dire : tantôt je désire, tantôt jesuis heureux.

Or ce texte de Rousseau repose sur le paradoxe suivant : ce n'est pas celui qui n'a plus rien à désirerqui est heureux, ne plus désirer est au contraire un malheur.

Celui qui a obtenu ce qu'il désire ne désire plus ; ilsemble alors qu'il possède, et pourtant Rousseau affirme qu'avec la disparition du désir il a en vérité tout perdu : ilest dépossédé au moment même où il possède ce qu'il désire.Le désir désire possession et jouissance : la possession me permet de goûter ce que je possède.

Mais si l'onpossède sans être heureux, posséder n'est rien, je possède un objet du désir, mais je ne possède plus mon bien oumon bonheur en lui.

Or ce n'est que dans le désir même que mon bonheur est lié, adhérent à l'objet.

La seulejouissance dont l'homme soit capable est donc une jouissance in absentia.

Alors que le besoin ne peut être satisfaitqu'in proesentia.

L'imagination, qui étend pour nous la mesure des possibles, et creuse par là notre désir, est aussiune force consolante puisqu'elle nous donne non seulement la représentation mais comme l'équivalent imaginaired'une présence effective.

Elle me fait désirer, mais elle me livre imaginairement ce que je désire.

Je ne me contentepas d'y penser ; c'est comme si c'était là.

Il y a un bonheur de l'imaginaire, une jouissance de l'objet dansl'imagination et donc en son absence que ne viennent pas ternir les vicissitudes liées à l'objet réel (la servitude dupouvoir, les caprices de la femme, la puanteur de Venise).

Au contraire, dans l'imagination, la chose est soumise àma puissance ; elle ne peut me décevoir.

C'est la raison pour laquelle l'imagination se nourrit de l'absence.

L'objetdevient ce que je veux qu'il soit.En fait, la jouissance suppose ce que Rousseau nomme beauté de l'objet.

Mais la présence est exclusive de labeauté ; pour nous, seule l'absence et donc le désir « embellissent » l'objet.

La vraie jouissance est pour nous unejouissance dans l'illusion, dans la présence illusoire de l'imaginaire.. »

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