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Le concept de guerre ?

Publié le 01/06/2009

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La guerre est un sujet immense dont la simple histoire idéologique est d'une extraordinaire richesse, depuis la théorie de Saint Augustin sur la guerre juste, jusqu'à Werner Sombart ou Léo Hamon.
Hegel a souvent été considéré comme l'apôtre de la violence : il voyait en elle un caractère « civilisateur «. Par la guerre, l'État réalise sa plus haute conscience, par elle il apparaît dans l'histoire ou en disparaît.
Joseph de Maistre a laissé des morceaux de bravoure à propos de la guerre, qui sont célèbres :
Lorsque l'âme humaine a perdu son ressort par la mollesse, l'incrédulité et les vices gangréneux qui suivent l'excès de civilisation, elle ne peut être retrempée que dans le sang... les véritables fruits de la nature humaine, les arts, les sciences, les grandes entreprises, les hautes conceptions, les vertus mâles, tiennent surtout à l'état de guerre... On dirait que le sang est l'engrais de cette plante qu'on appelle le génie... La guerre est donc divine en elle-même puisque c'est une loi du monde.
Nietzsche, trop lu en certains passages ambigus du Zarathoustra est surtout connu par des phrases comme celle-ci :
« vous devez aimer la paix comme moyen de guerres nouvelles et la plus courte paix plus que la longue... vous dites que c'est la bonne cause qui sanctifie la guerre; je vous dis : c'est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. «
 
Mais peut-être la lutte exaltée par Nietzsche est-elle surtout morale, et rien ne lui était plus étranger que le brutal militarisme prussien pangermaniste.
Clausewitz reste le principal théoricien de la guerre. Son analyse qui date du xixe siècle continue à marquer les esprits. Ce qui justifie la guerre aux yeux de la raison, c'est l'étendue des sacrifices qu'elle impose. Il faut donc la faire complètement et être prêt à dépasser l'ennemi en capacité de sacrifices. La guerre est l'instrument suprême de la politique, son ultime recours : continuant la politique de la Nation, elle engage toute la Nation. La guerre totale a ici son premier théoricien dont les meilleurs disciples furent Guillaume II et Hitler.
Saint-Simon (le Comte) pensait que l'industrialisation apporterait la fin des guerres.
Karl Marx est encore plus net : « Il n'y a jamais eu qu'une guerre éternelle, celle des pauvres contre les riches. « La guerre vient donc de la lutte des classes; quand cette lutte aura cessé par l'avènement du communisme, il n'y aura plus de guerre.
Il semble bien, cependant, que la guerre soit malheureusement la « loi de l'espèce « comme l'a écrit le Général de Gaulle, même si, de nos jours, sa nature a profondément changé.


« véritable infanticide différé.

» LA GUERRE A SURTOUT RÉCEMMENT CHANGÉ DE NATURE Les armées de la guerre de Cent Ans étaient féroces, mais très petites.

A Azincourt en 1415, il n'y avait pas plus de6.000 hommes dans chaque camp.

Les armes ne permettaient pas des destructions immédiatement dramatiques àl'échelle de l'ensemble du groupe humain attaqué.Tout est radicalement changé aujourd'hui.Nous écarterons volontairement de ce chapitre certains types particuliers de guerre moderne comme la guerresubversive, qui sera évoquée à propos de la pensée de Mao Tsé Toung.L'accélération de l'histoire n'est jamais plus clairement apparue que dans l'intervalle de dix ans qui sépare les bombesde kilotonnes (milliers de tonnes de T.N.T.) et les bombes de mégatonnes (millions de tonnes de T.N.T.).

Chacunsait que désormais certaines puissances disposent du pouvoir d'anéantir en quelques dizaines de minutes des millionsd'hommes, et de raser des villes entières.

Or cette fameuse guerre thermonucléaire n'est pas du tout impossible.C'est bien pour cela que le monde contemporain est placé sous le signe de la dissuasion.

D'où cette phrase deRaymond Aron :Si la guerre thermonucléaire était impossible, au sens matériel du terme, comment pourrait-on dissuader personnepar une menace dont la mise à exécution serait impossible ?Une menace nouvelle pèse sur le monde, qui détermine un nouveau système planétaire.

Le génie de l'homme paraît àla limite de sa capacité de maîtrise des mouvements prodigieux qu'il vient de déclencher.

Et c'est avec uneinquiétude passionnée que l'homme de la rue épie ce qu'il peut comprendre de la stratégie de la dissuasion parlaquelle les deux blocs, dans une mystérieuse connivence, luttent au bord du gouffre dans lequel toute l'humanitébasculera si l'un d'eux doit y tomber.

Qu'est-ce que la dissuasion ? Nous suivrons certains passages du livre fondamental de Raymond Aron (« Paix et Guerre entre les Nations ») prisdans la partie la plus directement liée à notre sujet : Histoire (Le système planétaire à l'âge thermonucléaire).Le physicien de la Rand Corporation, Herman Kahn, a publié en 196o un livre profondément démythifiant (« Onthermonuclear war ») qui a brusquement obligé l'opinion à se demander vraiment ce qui se passerait si la fameuseguerre nucléaire « impossible » devait éclater.L'ouvrage faisait suite à des études menées par une équipe de savants.

Il établissait d'abord qu'avec un minimum dedeux millions de morts, une année seulement serait nécessaire à la reconstruction des Etats-Unis ou avec 20 millionsde morts : 10 ans etc.

Il affirmait aussi que les conséquences de la radioactivité seraient « déplorables, nonmortelles ».D'après Herman Kahn, en cas d'attaque contre les bases du Strategic Air Command (S.A.C.) et les cinquantepremières agglomérations urbaines, le nombre de morts atteindrait 90 millions, mais avec un minimum de mesures dedéfense passive et de protection contre les retombées radioactives, ce chiffre pourrait être abaissé à 70 millions, età un chiffre compris entre 5 et 25 millions au cas où ces mesures seraient combinées avec une évacuation des villesà 70 %.La guerre nucléaire n'est donc pas comme on le dit la fin du monde.

Il ne faut pas compter uniquement sur ladissuasion et se désintéresser de ce qui arriverait au cas où elle échouerait.A vrai dire il existe une raison de ne pas prendre de mesures de défense civile : les abris souterrains bétonnés,munis des installations et des réserves permettant la survie de la majorité des habitants de villes immensescoûteraient des centaines de milliards de dollars.

Cette construction même encouragerait l'adversaire à augmentersa capacité d'attaque par surprise pour saisir les populations ennemies sur les chemins des abris (d'ores et déjà ellesauraient moins de 15 minutes à partir de l'alerte donnée par les systèmes de détection des missiles).

Onaugmenterait donc l'envie d'attaquer de celui que l'on veut dissuader, au lieu de protéger les civils.

On paraîtraitmême avouer que l'on a préparé une attaque par surprise dont on veut s'assurer l'impunité.

Beaucoup pensent quel'horreur thermonucléaire serait de toute manière telle qu'au-dessus d'un certain volume de destructions, les hommesne font plus de différence.

C'est cette idée qui fonde les théories de la « paix par la peur ».

L'une d'elles, dite de la« dissuasion limitée » — celle qui parvient au seuil jugé horrible et insupportable par l'adversaire, même s'il est trèsinférieur aux destructions que peut infliger ce même' adversaire — encourage la multiplication des armementsnucléaires nationaux.

LE PREMIER SOPHISME Selon le modèle des duopolistes armés chacun de l'appareil thermonucléaire, États-Unis et Union Soviétique parexemple, la théorie courante est celle du « suicide commun ».

Quel que soit l'avantage de prendre l'initiative, lesreprésailles infligées à l'adversaire lui serait « intolérables ».

On efface l'inégalité entre le crime et le châtiment,puisque de toute façon le châtiment est intolérable.Prenons un autre modèle : un immense pays doté d'un appareil nucléaire, l'Union Soviétique, face à un pays dotéd'un appareil comparable, mais ayant une superficie réduite, la France par exemple.L'équilibre serait différent en raison de la proximité des adversaires.

Mais surtout, le manque d'espace de la Francediminue sa capacité « d'encaisser ».

Attaquée, elle pourra peut-être riposter, mais ce seront des représaillesposthumes!L'égalité approximative entre attaque et riposte suppose une capacité semblable d'encaisser des deux côtés.« Le petit ne peut prendre l'initiative d'un échange de coups qui entraînerait sa destruction, et le grand peutarracher des concessions par la menace qu'il n'aura pas à mettre à exécution.

». »

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