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Le beau et l'utile peuvent-ils s'accorder ?

Publié le 27/02/2008

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Il vise sa propre beauté, sans aucune intention particulière. Pour Théophile Gautier, « Dès qu?une chose devient utile, elle cesse d?être belle ». Dans sa préface à Mademoiselle de Maupin exprime le point de vue selon lequel l?utile et le beau agissent comme des répulsifs l?un envers l?autre. L?existence de l?un ne permet pas la coexistence de l?autre au sein d?un même élément : « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. - L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines. Moi, n'en déplaise à ces messieurs, je suis de ceux pour qui le superflu est le nécessaire ». Ce qui fait la valeur du beau c?est donc son inutilité, sa gratuité. Cependant, n?existe t-il pas des choses utiles et belles à la fois ? Cette exclusion mutuelle est-elle nécessaire ? Ne peut-on pas parvenir à un accord éventuelle à travers la redéfinition des concepts et le réajustement de leurs rapports mutuels ?

« pour qui le superflu est le nécessaire ».Ce qui fait la valeur du beau c'est donc son inutilité, sa gratuité.

Cependant, n'existe t-il pas des choses utileset belles à la fois ? Cette exclusion mutuelle est-elle nécessaire ? Ne peut-on pas parvenir à un accordéventuelle à travers la redéfinition des concepts et le réajustement de leurs rapports mutuels ? 2-Vers la possibilité d'un accord : la fonction esthétique. Dans la société artisanale, le produit est à la fois une œuvre d'art et un objet utile.

L'art est un moyensubordonné à une fin, il crée en vue de quelque chose, par exemple pour servir des fins religieuses, l'artiste vacréer une statue pour glorifier Dieu.

Ou encore pour servir des buts politiques, l'artiste célèbrera la grandeur duroi qui gouverne.

Dans cette perspective, le beau n'est donc pas gratuit et désintéressé mais sert des intérêtsparticuliers.

Sa finalité n'est pas seulement esthétique mais aussi utilitaire puisqu'elle « ne plait que commemoyen » selon la définition kantienne.Cet argument se retrouve dans la République de Platon : l'art doit être utile à la cité en servant ses intérêts. Ainsi, même si l'on considère que le travail de l'artiste a sa fonction en lui-même, on ne peut dénier que sonœuvre peut avoir un certain usage, une fonction esthétique.L'architecture est parfaitement illustrative de cette idée.

Certains monuments on une fonction rituelle oureligieuse mais conserve une valeur en eux-mêmes en dépit de l'usage que l'on en fait.

Les impératifs de l'utilenourrissent la pensée de l'architecte qui va produire quelque chose de beau et d'utile à la fois.

L'architectureest fonctionnelle et raisonnée et répond à l'exigence fonctionnaliste de la beauté utile.

L'extériorité exprime lafonction.Pour qu'une forme soit vraiment belle, il faut qu'elle soit bien adaptée à sa fonction.

Ainsi, selon Alain : « Il fautqu'une belle porte soit d'abord une porte.

Si un siège n'est point fait pour qu'on y soit bien assis il ne serajamais beau.

L'utile va toujours devant et l'artiste est d'abord artisan...

Le beau ne fleurit que sur l'utile.

»Dans les année 20, on voit surgir un mouvement de l'entre-deux guerres : « le beau par l'utile », lors del'exposition des Arts Décoratifs et Industriels modernes d'avril 1925.

L'art décoratif se manifeste dans les objetsdu quotidien, il met en avant la fonctionnalité d'un objet ou la destination d'un lieu ou d'un bâtiment maisconserve aussi une valeur propre en tant qu'objet ou en tant que bâtiment.

Une valeur propre en tantqu'œuvre.

Par exemple on peut utiliser une chaise design, mais l'objet vaut pour lui-même, on peut l'exposer, leprésenter indépendamment de tout usage.Cependant, le beau et l'utile ne peuvent-ils pas s'accorder en un sens autre que celui lié à la fonctionnalité ?Leur accord peut-il dépasser cette association esthétique au sein d'un objet ? Ne peut-on pas relier le beau àl'utile dans une perspective nouvelle ? 3-Un accord nécessaire : En effet, l'utile est le moyen qui permet d'assouvir une fin.

Il se définit donc avant tout par une faculté dedésirer.

La thèse de l'utile propre développée par Spinoza dans la quatrième partie de son Ethique est intéressante parce qu'elle permet de montrer que l'utile peut dépasser la fin la plus proche et s'inscrire dans unmouvement supérieur qui conduit vers le bien.

Selon lui la raison commande que l'on recherche ce qui nous estvéritablement le plus utile pour nous conduire à nous perfectionner.

L'intérêt visé par l'utile n'est donc pasforcément une fin immédiate mais une fin à long terme qui vise le bien.

Avec cette définition, l'utile perd cetaspect purement pragmatique lié au besoin et à la fonction.

En effet, l'utile perd son côté purement intéresséce qui permet une nouvelle approche où le beau et l'utile sont intimement liés.Outre le fait de s'offrir à notre contemplation, le beau peut donc avoir une fin supérieure.

En tant que ruptureavec le quotidien, en tant que révélateur de certains aspects de la réalité, le beau a son utilité propre en tantqu'il permet d'élever l'âme de celui qui le contemple.On retrouve l'idée de Platon dans le Banquet , selon laquelle le beau est associé au vrai et au bien.

La fin visée par le beau n'est pas la jouissance que sa contemplation procure mais l'idéal, la contemplation qui permet àl'âme de se rapprocher du divin.Ainsi, le beau et l'utile peuvent-ils s'accorder dans leur fin : la visée du bien. Conclusion : Nous avons vu que si le beau et l'utile s'excluent d'un certain point de vue, cela est déterminé par rapport à leursfins respectives.

Tandis que le beau trouve sa fin en lui-même, l'utile se détermine en vue de quelque chose lié aubesoin et au désir.

Cependant, sans un second temps, il est apparu qu'outre ces caractéristiques, le beau et l'utilepeuvent parvenir à s'accorder à travers la fonction esthétique et la destination des œuvres d'art.

Bien que créé envue de servir les intérêts d'une idée, d'une religion ou d'un puissant, l'objet conserve sa valeur en dépit de safonction usuelle.

Il existe indépendamment de l'usage que l'on en fait et vaut comme tel.

Enfin, le beau e l'utilepeuvent s'accorder en ceci qu'ils visent une fin supérieure, libérée des nécessités banales du quotidien etpermettent à l'homme de s'élever vers le bien et la perfection divine.. »

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