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L'art n'est-il qu'une activité de luxe, ou bien vous parait-il utile et même nécessaire à la vie en société ?

Publié le 27/02/2008

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Nul n'ignore la place que prend, de nos jours, l'activité artistique dans nos sociétés. Celle-ci est en effet omniprésente dans notre quotidien, par le biais d'une très large diversité formelle (peinture, sculpture, poésie, architecture...). Cependant celle-ci ne cesse de poser la double question de sa nature et de son sens. Constater sa large représentativité dans notre quotidien est une chose, savoir ce qu'elle est en est une autre. Qui plus est, il semble contradictoire de questionner l'utilité d'une activité qui se veut essentiellement gratuite !

Mais la question ici posée est, au regard de notre actualité, plus que pertinente. En effet, l'usage et la place de plus en plus banalisés et diversifiés de la production artistique nous incitent à nous interroger sur le sens de cette évolution. Cette interrogation sur la banalisation de la présence de l'art dans nos sociétés se redouble d'un paradoxe lorsqu'il est question du prix de l'art : l'art se paie et se paie même cher !

L'art n'est-il, alors, qu'une activité de luxe, ou bien est-il utile et même nécessaire à la vie en société ?

  • En vue d'apporter une réponse à cette interrogation, nous nous intéresserons sur ce que l'histoire de la pensée philosophique de l'art a à dire sur la nature de ce dernier.
  • Nous chercherons à savoir, dans un deuxième moment, si la philosophie peut également nous éclairer sur le sens et l'effet que dispense toute activité artistique dans la vie sociale.

« expliquée, justifiée.

Le spectacle du beau est « indicible » et silencieux.

C'est pour cela que Kant dit que le beau estune « finalité sans fin » (cf.

Critique de la faculté de juger ) : le beau n'est pas conceptualisable, il n'y a pas de règle prédéfinie pour produire du beau !Dès lors, il semble délicat de penser et même d'exprimer en quoi l'art pourrait avoir un caractère utile socialement,voire nécessaire ! Le jugement de goût, reconnaît Kant (cf.

Critique de la faculté de juger ), prétend, lorsqu'il s'exprime, être universel.

Lorsque je dis que cette œuvre est belle, je pense en effet au fond de moi que personnene pourrait la juger autrement.

Et pourtant cette prétention d'universalité ne peut se justifier par rien ! Le jugementde goût demeure subjectif, si bien que son utilité et sa nécessité sociales, si elles existent, restent relatives aujugement individuel.

Cependant Bergson, parmi d'autres, affirme une positivité concrète à l'activité artistique : « Mais de loin en loin, par distraction, la nature suscite des âmes plus détachées de la vie [...] Je parle d'un détachement naturel, inné à la structure du sens ou de la conscience, et qui se manifeste tout de suite par unemanière virginale, en quelque sorte, de voir, d'entendre ou de penser.

Si ce détachement était complet, si l'âmen'adhérait plus à l'action par aucune de ses perceptions, elle serait l'âme d'un artiste comme le monde n'en ajamais vu encore » (cf.

Le Rire ) Ce que Bergson exprime ici, c'est la capacité de l'artiste à enrichir notre perception des choses, à combattrel'indifférence du regard et nous obliger (Bergson pense que les « impressionnistes » font cela) à réapprendre à voiret à penser plus pertinemment, car le détachement des choses et de la vie quotidienne qu'occasionne l'expositionde l'oeuvre d'art à notre regard est cela même qui nous permet de conserver la qualité de notre rapport au mondeet aux autres. Nietzsche, cependant, critiquera cette attitude moderne du sens commun, d'attendre de l'art qu'il nous donne à penser, à réfléchir ! L'essence grecque de l'activité artistique et du regard sur l'oeuvre était justementde rechercher et de contempler « superficiellement », l'oeuvre d'art.

Le danger réside, selon lui, dans la volontéd'interprétation de l'oeuvre et de ce qu'a « voulu dire l'artiste », transgression caractéristique de la forme au profitdu sens qu'elle exprime.

L'art est justement cette possibilité de nous évader du monde concret, de la routinequotidienne ! Mais non pas par réflexion – Heidegger combat également cette attitude moderne – mais par libreadhésion à l'oeuvre dans toute sa spontanéité et toute sa splendeur.

Le discours, même celui des philosophes,devient par là même, vain et superflu.Freud, enfin, verra dans l'activité artistique une possibilité, pour son auteur comme pour ses spectateurs, de« sublimation » (dépassement des frustrations par le biais d'une activité symbolique ou autre que celle génératricede ces frustrations) sociale.

L'individu frustré trouvera, dans la recherche du beau, un contentement qui estreconnu socialement ! (cf.

Malaise dans la culture ) Conclusion Il semble impossible de répondre de manière tranchée à la question posée.

Rappelons que l'oeuvre d'art esttoute entière dépendante du regard et du jugement du spectateur ! Comme le consensus, en la matière,n'existe pas, l'art demeure un mystère.Cependant il nous faut reconnaître son omniprésence dans notre espace social, ainsi que la capacité reconnuede l'oeuvre d'art à susciter (ou non) en nous un plaisir immédiat et totalement désintéressé.

Mais c'est peut-être justement sa nature autonome et spontanée, libre de toute contrainte et « faite pour rien » qui fait del'art l'indice remarquable, exclusif et paroxystique de notre caractère profondément sensible à l'esthétique et àla beauté.. »

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