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L'art doit-il être populaire ?

Publié le 07/04/2009

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L'art doit-il être populaire ?

Lorsque nous parlons d’art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, l’activité de l’artiste et celle de l’artisan étaient recouvertes par le même terme. Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l’une à l’autre, qu’elles possèdent chacune une spécificité à élucider. Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d’une part ce qui distingue l’art de l’horloger de celui du poète, l’activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art «.

 

L'adjectif populaire peut signifier en vérité deux choses : ce qui plait au plus grand nombre, qui est fameux, largement reconnu et apprécié (on parle à ce titre d’un film ou d’un livre, ou d’une personne populaire, au sens ou cette chose ou cet être est fort apprécie par de nombreuses personnes). Mais quelque chose de populaire est aussi, dans une acception péjorative, ce qui est a la portée de tous, du peuple entendu avec un mépris latent : une œuvre « populaire « est donc une œuvre a la portée de tout le monde, de faible exigence et de qualité médiocre.

 

Lorsque nous posons la question « L’art doit il être populaire ? « il faut bien voir la nuance d’obligation impliquée par le verbe « devoir «. En effet, il ne s’agit pas de se demander si l’art peut être populaire, mais s’il y a obligation pour lui de l’être, sans quoi il cesse d’être art ou se coupe d’une finalité qu’il lui appartient de faire sienne. A première vue, une telle thèse ne peut que nous surprendre : nous dirons que l’art ne doit pas être populaire, si par populaire on entend dans un sens péjoratif ce qui plait au plus grand nombre, l’art étant au contraire le domaine d’une exigence supérieure de la part du créateur et du spectateur. Mais si par populaire, on entend ce qui plait au plus grand nombre, ce qui suscite une large adhésion, nous dirons qu’effectivement l’art doit être populaire car la grande règle qui régit ses différentes incarnations est la « règle de plaire «. Enfin, nous verrons que si l’art doit plaire au plus grand nombre, il ne doit pas pour autant se mettre a la portée du plus grand nombre, l’amateur devant s’élever jusqu'à l’œuvre plutôt que celle-ci s’abaisser jusqu'à lui.

 

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’art doit être ce qui plait à tous ou ce qui est a la portée du plus grand nombre.

I.                   L’art ne doit pas être populaire, car la popularité est un indice défavorable pour sa qualité

  1. La logique a l’œuvre dans les champs artistiques
  1. L’échec comme indice de l’élection à venir

II.                L’art doit plaire à tout le monde

  1. « La grande règle, est la seule qu’on doit avoir, est la règle de plaire « (Molière)
  1. La « prétention à l’universalité du jugement esthétique «

 

III.             En revanche, l’art ne doit pas être a la portée de tous

  1. La préparation nécessaire de l’amateur d’art
  1. Le meilleur juge en matière esthétique est l’expert

« deux logiques chez les producteurs de biens symboliques : une logique anti économique, qui est celle de l'art pur (laproduction y est orientée vers l'accumulation du capital symbolique comme capital économique dénié : dans cetteoptique, le succès commercial est un motif de suspicion alors que l'échec apparaît comme le signe d'uneconsécration à venir) et une logique purement économique, où les produits de l'art apparaissent comme des valeursd'échange parmi d'autres (leur fonction est uniquement de rapporter de l'argent en satisfaisant les attentes desconsommateurs).

Ce marché apparaît comme un espace de lutte, lutte qui fait précisément toute l'histoire duchamp : elle oppose ceux qui ont acquis une notoriété et s'efforcent de la conserver, avec les nouveaux venus quine peuvent être consacrés qu'à la condition de faire tomber les précédents dans l'oubli.

De ceci il sort que lesartistes voient la popularité comme un indice de vulgarité, d'échec à venir, l'échec présent étant au contraireconsidère comme une preuve que l'œuvre éclairera les générations à venir : Stendhal prétendait n'écrire que pourquelques « happy few ».

II.

L'art doit plaire à tout le monde « La grande règle, est la seule qu'on doit avoir, est la règle de plaire » (Molière) a. Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle thèse.

En effet, si nous entendons d'une manière différente leconcept de popularité, comme « ce qui plait au plus grand nombre » nous dirons en effet que l'art doit êtrepopulaire, en ce sens qu'il doit s'efforcer de plaire a un public aussi vaste que possible.

L'activité de l'artiste estdéterminée par une règle universelle et transhistorique, celle énoncée par Molière dans La critique de l'Ecole des femmes : « La grande règle, et la seule que l'on doit avoir, est la règle de plaire ». URANIE : Mais, de grâce, Monsieur Lysidas, faites-nous voir ces défauts, dont je ne me suis point aperçue.LYSIDAS : Ceux qui possèdent Aristote et Horace voient d'abord, Madame, que cette comédie pèche contre toutesles règles de l'art.URANIE : Je vous avoue que je n'ai aucune habitude avec ces messieurs-là, et que je ne sais point les règles del'art.DORANTE : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdisseztous les jours.

Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde; etcependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir quel'on prend à ces sortes de poèmes; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait aisémenttous les jours, sans le secours d'Horace et d'Aristote.

Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règlesn'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin.

Veut-on que toutun public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun ne soit pas juge du plaisir qu'il y prend ? ». En effet, toute production artistique doit se donner pour but de plaire à un spectateur, à un lecteur, sous peined'enfermer l'expérience artistique dans une dimension contraire à sa nature.

Créer pour choquer, pour dérouter, c'estfinalement passer à côté de la dimension esthétique et sensuelle de l'art, c'est mal comprendre la fin véritable del'activité artistique.

Nous dirons donc que l'art doit être populaire, au sens ou il doit se donner pour but de plaire aupublic de son temps.

La « prétention à l'universalité du jugement esthétique » b. Allant plus loin, nous pouvons dire que si l'art doit être populaire, c'est parce que ce qui est beau est jugé tel par leplus grand nombre.

Pour Kant, le beau est bien universel, car il est la valeur à laquelle se réfère tout jugement .

Il est défini par Kant comme « ce qui plaît universellement sans concept ». Désintéressé, le jugement esthétique est purement contemplatif et ne porte que sur l'aspect de l'objet, indépendamment de tout intérêt qui pourrait lui être lié.

De ceci nous pouvons conclure que le jugement esthétique,désintéressé par nature, fait l'objet d'une prétention à l'universalité.

Ce principe est énoncé par Kant dans lechapitre VI de la Critique de la Faculté de Juger : « Le beau est ce qui est représenté sans concept comme objet d'une satisfaction universelle.

(...) Car qui aconscience que la satisfaction produite par un objet est exempte d'intérêt, ne peut faire autrement qu'estimer. »

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