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LANGAGE ET SOCIÉTÉ ?

Publié le 22/10/2009

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Le langage comme institution   A travers les analyses précédentes, le langage nous est apparu comme la synthèse et non seulement comme une fonction synthétique subordonnée. Si l'homme est un être social, le langage ne peut faire qu'il n'enveloppe la société ; si parler c'est échanger des idées, parler c'est échanger. Me parler à moi-même, me penser, c'est former une société avec moi. Mais la socialité ne reste pas à l'état de virtualité pure. Elle s'institue. Aussi le langage se morcelle-t-il en langues, chacune propre à une société déterminée : tel parle anglais, tel parle français. N'est-ce pas aussi penser anglais, penser français. Il nous souvient, au cours d'une villégiature en Angleterre, d'avoir, voulant éviter de traduire d'une langue dans une autre, fait l'effort d'exclure tout discours intérieur en français. Mais le prétérit d'un verbe vient à nous manquer, tandis que la censure volontairement imposée continue de jouer et de barrer le passage à toute autre expression qu'anglaise. Eli bien ! en même temps que la forme verbale, la représentation du passé nous a manqué : nous avons vécu le phénomène extraordinaire d'une hallucination au fondement exclusivement linguistique, posant comme présent un événement qui s'était passé à Paris en mars 1948, alors que nous bavardions amicalement, en août de la même année, avec le vicaire d'une paroisse du Yorkshire, dans le cimetière de son église. On conçoit dès lors, qu'une langue, avec ses limites, ce qu'elle peut et ce qu'elle ne peut pas exprimer, gouverne en un sens la pensée. Héritage de mots, héritage d'idées, écrivait Léon Brunschvicg. Plus généralement, la langue peut être traitée, dans son aspect collectif et coercitif, comme institution.   

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