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L'amour n'est-il qu'un délire ?

Publié le 02/01/2010

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amour

Analyse du sujet   Phèdre, dans la tragédie de Racine, éprouve pour Hyppolite un amour dévorant ; mais c'est comme malgré elle et en dépit de sa propre volonté. Le véritable auteur de sa passion : « C'est Vénus tout entière à sa proie attachée «. L'héroïne racinienne nous offre de la passion amoureuse une image caractéristique. La passion amoureuse est comme une puissance que sa victime ne parviendrait pas à maîtriser. Elle crée un état de soumission à une force extérieure. N'est-elle pas alors une pure et simple aliénation ? Il semble ainsi que l'amour, en tant qu'il apparaît comme une force qui nous dépasser, qui nous envahit et qui s'empare de nous, puisse se définir comme un délire. Un délire n'est rien d'autre qu'une relation pathologique de l'homme aux autres mais aussi à soi-même. Il va falloir distinguer entre le fait et le droit : car si de fait il semble bien que de nombreuses formes d'amour prennent une forme délirante (la jalousie excessive, l'érotomanie, etc.), cela ne veut pas dire que, en droit, tout amour est délire. C'est en effet dans la sphère du droit, c'est-à-dire encore celle de l'essence, de l'amour que nous devons nous plonger. Car si tout amour semble irrationnel, cela ne veut pas forcément dire qu'il est un délire. Il va donc falloir étudier vers quelle dimension l'amour nous ouvre-t-il.   Problématique               Par essence l'amour n'est-il qu'une relation pathologique non seulement envers autrui mais aussi, et plus profondément encore, envers soi-même ? Une telle définition est-elle légitime ? Si de fait il existe des formes pathologique et délirante d'amour, en est-il toujours de même en droit ?

amour

« fortune, les biens matériels ou la gloire ne dépendent pas de nous.

Apprendre à vouloir ce que l'onpeut, telle est la pédagogie du désir qui rend l'homme à lui-même et transforme ses désirs épars etaffaiblis en une volonté unique et efficace.

Telle est la méthode prônée par les stoïciens . · Par ailleurs, il peut ainsi y avoir une vérité du désir qui se forge dans une maîtrise inconsciente et innocente : c'est cette signification que Schopenhauer se propose d'interpréter de façon tout à fait originale.

Dans le désir amoureux, l'élection de tel ou tel individu est, d'après lui, loin d'êtreaccessoire.

L'objet est aimé avant même d'être connu, ou encore connu avant même d'être aimé : telest le paradoxe du coup de foudre.

Pour comprendre un choix apparemment si obscur, il suffit de lerapporter à son but véritable, l'être à procréer, en qui « le type de l'espèce doit se perpétuer, aussipur et authentique que possible » (Métaphysique de l'amour).

La vérité prend ici la forme de l'illusionet curieusement celui qu'entraîne cette illusion a souvent horreur du but qui seul le mène (laprocréation) et voudrait même faire obstacle à sa réalisation.

La vérité du désir amoureux, c'est doncla transcendance de sa fin : une fin inconnue et infinie.

Ainsi pourraient s'expliquer aussi bienl'innocence que la grandeur tragique de ceux qu'elle anime. · Mais le combat entre la raison libératrice et les passions amoureuses ne se conclut jamais par une victoire décisive.

Car n'est pas sage stoïcien tous les hommes.

Les passions amoureusesrenaissent toujours, et ce parce qu'elles sont liées à notre finitude.

Comme le fait remarquer Pascalnotre nature sensible expose nécessairement la raison à des faiblesses.

La guerre entre raison etpassion semble perpétuelle.

Nous pouvons alors reprendre une célèbre, et pourtant souvent malcompris, phrase de Pascal tirée des Pensées « le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

L'amourdont il est question est ici celui de Dieu.

Pascal distingue trois ordres distincts qui chacun ont desdomaines séparés : l'ordre de la chaire, l'ordre de la raison et la foi.

L'amour de Dieu est de l'ordre dela foi, ordre du cœur : il se sent mais n'est pas susceptible d'être analysé, ni compris par la raison.

Or,si cet amour là n'est pas rationnel (puisqu'il appartient à l'ordre du cœur, de la foi, qui est bien de loinl'ordre supérieur chez Pascal).

On peut tout à fait tirer de cette assertion, à condition de l'avoirremise dans son juste contexte, la conclusion suivante : si l'amour, qu'il soit celui de Dieu ou celuid'un autre homme/femme, est proprement irrationnel, ce n'est pas pour autant qu'il est absurde(c'est-à-dire dépourvu de sens) et pire qu'il est délire, c'est-à-dire relation pathologique à soi-mêmeet à l'autre : l'amour est l'expression d'un ordre supérieur à celui de la raison, celui du cœur.

Il n'estpas dans le pouvoir de la raison de le saisir, mais ce n'est pas pour autant qu'il est délire : il est aucontraire la marque de ce que l'homme est capable de s'élever au-dessus de la seule chair et de laraison finie.

Il est, dans l'amour, ouvert à une dimension qui le dépasse infiniment. · Il semble donc que l'amour soit, non pas un délire (qui ferait de l'amour une relation pathologique à soi-même et à autrui), mais irrémédiablement attachée à notre nature d'homme.

Peut-on appelerdélire, aliénation, cette force en nous qui nous rend possible la réalisation de nos aspirations ?L'amour est en ce sens ce qui permettrait à l'homme de s'accomplir. III. Amour, réalisation de soi et idéation · Le conception de sublimation peut nous aider à comprendre en quoi le désir amoureux peut-être considéré comme un moteur d'accomplissement de soi : il s'agit d'un processus postulé par Freud pourrendre compte d'activités humaines apparemment sans rapport avec la sexualité, mais quitrouveraient leur ressort dans la force de la pulsion sexuelle.

Freud a décrit comme activités desublimation principalement l'activité artistique et l'investigation intellectuelle.

La pulsion est ditesublimée dans la mesure où elle est dérivée vers un nouveau but non sexuel et où elle vise des objetssocialement valorisés. · Dans notre perspective, grâce à cette sublimation (lorsque le sage s'est vaincre ses désirs par eux-mêmes, comme l'affirme Rousseau dans la Nouvelle Héloïse, lorsque le désir est canalisée et tempérée), le désir peut être détournée, comme énergie vitale, vers des buts idéaux, notammentesthétiques ou mystiques, car certaines pulsions ou sentiments « inférieurs » ont la capacité dechanger de buts sans perdre leur intensité.

Le désir amoureux peut ainsi s'émanciper complètement desa source charnelle et se transformer en sentiment.

Pour le croyant, le seul « désir » qui n'est pasmauvais est l'amour qui n'a plus rien d'accidentel. · Peut-on encore appeler délire cette force qui développe nos capacités et nous révèle à nous- mêmes ? N'est-elle pas plutôt, comme le souligne Rousseau, ce qui met en mouvement notre infinieperfectibilité (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes) ? La passion, etpeut-être particulièrement la passion amoureuse, pourrait bien être vu comme un moteur dedéveloppement de soi, voire d'accomplissement.

La passion amoureuse ne peut donc être définicomme nécessairement et toujours de l'ordre du délire et de l'aliénation : peut-être que cettecomposante n'est qu'une composante temporaire, amenée à disparaître et à se muer en véritablemoteur d'action et de réalisation.

L'affectivité est donc bien motrice, elle fait partie intégrante del'homme, autant que sa faculté rationnelle.

Et il serait presque délirant de le nier.

On ne parle pas icide forme d'amour excessif tel que l'érotomanie qui relève effectivement du désir.

Mais ce n'est pasparce que l'amour peut prendre des formes pathologiques, qu'il est pathologique dans son essencemême.

Dans son essence même, il faut plutôt le considérer, semble-t-il comme un moteur en vue del'accomplissement de soi. · Prenons ainsi appui sur l'analyse de l'Eros par Platon = il s'agit d'un manque essentiel, désir de réalités plus hautes que ses objets ici-bas ne comblent pas.

Or on peut donc dans cette perspectiveassimiler le désirer à l'aimer.. »

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