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La violence peut-elle avoir une valeur ?

Publié le 30/03/2009

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Dans le théâtre de Racine, les personnages parlent pour ne pas recourir à la violence. Lorsque les dernières possibilités de dialogue paraissent épuisées, la tragédie se dénoue dans le sang, le meurtre et la folie. C'est peut-être la meilleure définition que l'on puisse donner de la violence, notion floue et malaisée à cerner, que d'en faire un deçà de la parole, l'expression d'une force primitive que seul le recours au dialogue est en mesure de conjurer.  La tradition antique connaissait bien cette opposition : aussi lorsque Socrate débat avec Calliclès (dans le Gorgias) sur la justice et le droit, Calliclès ne connaît que le discours de la violence qu'il associe étroitement à la personne du tyran : quiconque peut, grâce à sa force, acquérir les biens d'autrui, et atteindre au maximum de puissance doit le faire. Il n'existe aucune limitation en ce domaine, si ce n'est celle de sa propre nature. A cela Socrate oppose la parole de la loi, de la tempérance et de la raison, qui seule peut permettre à l'individu d'atteindre à la satisfaction intérieure. De façon plus générale, les Grecs opposaient la tyrannie, qui est violence et contrainte muettes, et l'espace politique où se déploie la parole, art de la persuasion. Leur idéal récusait, du moins pour les hommes libres, la violence physique comme mode de gouvernement.

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