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La violence est-elle un mal absolu ?

Publié le 07/07/2010

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 Dès lors la violence bien qu’enracinée chez l’homme ne l’empêche de convertir son cœur vers la morale par l’action de son libre arbitre qui est aussi responsable de cette violence. Bien plus, cette violence peut se révéler dialectiquement positive dans la mesure où elle permet l’émulation. Il s’agit alors d’une violence symbolique qui prend métaphysiquement l’aspect d’un mal nécessaire.

« et un homme mauvais ne consiste pas dans la différence des mobiles qu'il accepte dans ses maximes (ou dans lamatière de ces maximes), mais dans la subordination de ces mobiles (dans la forme des maximes) : il s'agit de savoir quel est celui des deux mobiles dont l'homme fait la condition de l'autre.

Par conséquent, chez l'homme (même chez le meilleur), le mal ne vient que du renversement, dans la maxime, de l'ordre moral des mobiles ; nous adoptons dansnotre maxime et la loi morale et l'amour de soi, mais remarquant qu'ils ne sauraient subsister côte à côte et que l'undes deux au contraire doit être subordonné à l'autre comme à sa condition suprême, nous faisons du mobile del'amour de soi et des inclinations qui en découlent la condition de l'accomplissement de la loi morale, quand aucontraire celle-ci, en qualité de condition suprême de la satisfaction de nos inclinations sensibles, devrait être acceptée comme unique mobile dans la maxime universelle du libre arbitre ».

Transition : Ainsi la violence et le mal sont enracinés en l'homme, mais il n'en demeure pas moins que cette absoluité n'est querelative à l'usage du libre arbitre et il demeure vrai dans ce cas qu'une conversion morale est possible.

II – La dialectique de la violence a) La violence est le fruit de la volonté humaine comme le précise Kant dans ses Conjectures sur les débuts de l'histoire de l'humanité .

Dans l'hypothèse d'un Dieu, ce dernier a voulu la liberté de l'homme et c'est l'effet de la volonté humaine, de son usage qui explique l'émergence du mal et de la violence.

Plus exactement, si l'histoire del'humanité voulue par Dieu commence par le bien, le tâtonnement de la liberté de l'homme l'a conduit au mal.

Dèslors nous n'avons pas affaire à une théodicée mais à une anthropodicée ce n'est donc pas le fait d'une volontétranscendante si le mal existe mais bien de l'homme comme Kant le développe dans La Religion dans les simples limites de la raison .

L'essentiel est alors d'obtenir une « conversion des cœurs » par l'effet de la morale. b) La morale a pour effet de rendre l'homme plus sociable afin de lui permettre aussi une meilleure vie en société telque cela transparaît dans La Religion dans les simples limites de la raison de Kant .

Plus l'homme sera moral et plus il agira de manière rationnelle pour le bien de l'ensemble de l'humanité, il dépassera son simple stade d'individu,d'animal soumis à ses passions comme Kant le précise dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs .

Le but de la moralisation de l'homme s'obtiendra dans l'avènement de ce que Kant nomme le « règne des fins » à la fin del'histoire comme il le développe dans la Critique de la faculté de juger .

Cela signifiera la moralisation complète de l'espèce humaine donc la disparition de la violence entre les hommes et du mal.

Bien que ce « règne des fins » soitun espoir que nous devons chercher à atteindre de manière asymptotique, il n'en reste pas moins que cela disqualifieen somme toute nécessité intemporel au mal et à la violence.

L'homme n'est pas condamné à la violence, en usantde sa volonté il peut devenir moral.c) Et quand bien même cette moralité ne serait pas atteinte, cette conversion des cœurs est encore possible par laraison comme on peut le voir dans le cas des démons de Kant .

En effet, le problème est bien celui-ci que Kant met en exergue dans la sixième proposition de l' Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique : « la difficulté […] : l'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi d'autres individus de son espèce à besoin d'un maître.Car il abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard de ses semblables ; et même s'il souhaite en tant que créatureraisonnable, une loi qui mette des bornes à la liberté de tous, son inclination animale et égoïste le conduitcependant à s'en excepter lui-même lorsqu'il le peut.

Il a donc besoin d'un maître qui brise sa volonté particulière etle force à obéir à une volonté universellement valable, afin que chacun puisse être libre ».

Pourtant, comme Kant le note dans l'« Annexe 1 » du Projet de Paix perpétuelle : « Le problème de l'Etat, aussi difficile qu'il paraisse, n'est pas insoluble, même pour un peuple de démons (pourvu qu'ils aient un entendement) ».

Si l'homme n'est pas juste,les démons ne sont-il pas le paradigme de cette incapacité à être juste ? Ils en sont le contraire.

Cependant,comme Kant le note l'institution d'Etat administrant le droit donc d'une société juste est possible pour ses derniers.A fortiori alors pour les hommes.

La seule nécessité est l'exigence de faire usage de son entendement, c'est-à-dired'user de rationalité afin de voir ce qui est le mieux pour soi.

Dès lors, la violence ne sera plus un mal absolu.d) On pourra même concevoir un type de violence compris comme une émulation.

Kant , dans l'« Annexe 1 » du Projet de Paix perpétuelle , en fournit une explication : « le problème ne requiert pas l'amélioration morale des hommes, mais seulement de savoir comment on peut faire tourner au profit des hommes le mécanisme de la naturepour diriger au sein d'un peuple l'antagonisme de leurs intentions hostiles, d'une manière telle qu'ils se contraignentmutuellement eux-mêmes à se soumettre à des lois de contrainte, et produisent ainsi l'état de paix où les loisdisposent d'une force ».

La question est alors de comprendre ce mécanisme de la nature qui se sert desantagonismes des hommes pour en tirer un produit bénéfique.

Ce mécanisme est ce que Kant appelle dans la quatrième proposition de l' Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique « l'insociable sociabilité » : « Le moyen dont se sert la nature, pour mener à terme le développement de toutes les dispositionshumaines est leur antagonisme dans la société, jusqu'à ce que celui-ci finisse pourtant par devenir la cause d'unordre conforme à la loi.

[…] J'entends ici par antagonisme l' insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire le penchant des hommes à entrer en société, qui est pourtant lié à une résistance générale qui menace constammentde rompre cette société.

L'homme possède une tendance à s'associer, parce que dans un tel état il se sent plusqu'homme, c'est-à-dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles.

Mais il a aussi un grand penchantà se séparer (s'isoler) parce qu'il trouve en même temps en lui cet attribut qu'est l'insociabilité, [tendance] à vouloirseul tout organiser selon son humeur; et de là, il s'attend à [trouver] de la résistance partout, car il sait de lui-même qu'il est enclin de son côté à résister aux autres ».

Transition : Ainsi la violence qui est liée à l'homme ne peut l'empêcher de s'améliorer moralement ce qui signifie que cetteviolence n'est pas un mal absolu.

Toutefois, on peu s'interroger d'un point de vue métaphysique sur ce qui semble. »

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