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La verite scientifique est-elle une vérité relative ou absolue ?

Publié le 27/02/2008

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Parler de vérités relatives, dans la démarche scientifique, semble être de prime abord un non sens. Que dire en effet d'assertions qui ne vaudraient uniquement que dans un cas ou un contexte particulier, alors même que la science ne recherche que des vérités absolues. Toutefois cette question n'est pas, lorsqu'on l'approfondit, dénuée d' à propos. Celle-ci concentrera même la majeure partie des efforts des philosophes qui se soucient des énoncés, des outils et des méthodes scientifiques. Les épistémologues (du grec « epistémé », « science » et « logos », « discours ») cherchent en effet, entre autre, à savoir sous quelles conditions les énoncés scientifiques sont valables ; et si oui, s'ils le sont relativement ou absolument. Parler de vérité, dans notre tradition scientifique et culturelle, c'est admettre une adéquation entre l'objet étudié et le discours tenu sur cet objet. Mais les scientifiques eux-mêmes avouent n'avoir ni le temps, ni le recul nécessaire pour ainsi se prononcer sur la nature et la qualité de leurs assertions tant ils sont pris dans leurs recherches respectives. Il appartient donc en propre à la philosophie, et plus spécifiquement à l'épistémologie, de se pencher sur la question de la valeur des énoncés scientifiques. Mais une question fondamentale apparaît alors : puisque la science se divise toujours plus à mesure de la diversité des objets qu'elle étudie (sciences physique, biologique, fondamentale, expérimentale, sciences du vivant...), ne doit-on pas en conclure qu'il faut plutôt parler des sciences, et ainsi de relativiser les vérités dégagées par celles-ci en fonction de la pluralité de leurs objets ? En outre, reconnaissons que les vérités scientifiques ne semblent s'imposer que par rapport et au dépend de celles, précédentes, qu'elles invalides et surpassent ? N'avons-nous jamais à faire, lorsqu'il est question de vérité scientifique, qu'à des hypothèses propices à une réfutation ou un dépassement ultérieurs ?
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« Reconnaissons qu'aujourd'hui nous ne trouvons plus de scientifiques qui se targuent de conférer à leurs énoncés lecaractère d'absolue vérité.

Cela est dû aux nombreux bouleversements qu'a connu la démarche scientifique dans sonhistoire.

L'idée d'une progression continue, linéaire vers une vérité absolue n'est plus de mise.

Si Condorcet, enécrivant l' Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain (1795), voit en l'homme une capacité infinie à progresser vers le savoir, ce dernier ne refuse (déjà) toutefois pas l'idée que l'esprit humain soit un jourdépassé par le grand mystère universel.

Le progrès, passant par la découverte de vérités inconditionnelles, n'est pasune simple accumulation de connaissances mais bel et bien un progrès complet de l'esprit qui s'illustre, selonl'auteur, dans tous les domaines du savoir (moral, technique, pratique).

Voyant l'histoire en termes d'étapessuccessives vers la « libération » par le savoir, Condorcet imagine l'avènement d'une « culture scientifique » danslaquelle la vérité ne sera plus occultée ou dissimulée par les forces oppressives.Mais la notion de « Vérité », telle qu'elle fut pensée et véhiculée au siècle des Lumières par ceux qui avaient une foiinébranlable en la raison humaine, sera plus tard récusée, notamment par l'illustre conception de la science que fitKarl Popper.

L'objet de la science, selon lui, n'est pas d'émettre des « vérités absolues », mais des « erreurspremières » ! Comment concevoir, sinon, la possibilité d'une progression du savoir ? L'erreur première consiste, selonPopper, en la confusion entre « induction » (raisonnement fondé sur la simple observation.

Par exemple « tous lescygnes sont blancs ») et vérité.

Cette confusion est, en son sens, une « erreur logique » (il se peut fort bien qu'uncygne noir existe, cela infirmant le caractère absolu de l'énoncé « tous les cygnes sont blancs »).

Ce que Popperveut dire c'est que la science ne doit pas chercher des vérités absolues là ou elle ne peut pas en trouver.

Sonexercice doit tendre, paradoxalement, à produire des énoncés qui soient susceptibles d'être vérifiés, « réfutés ».

Cecritère de « réfutabilité » des énoncés scientifiques est cela même qui assure à un énoncé son statut scientifique.En effet, la psychanalyse ne peut prétendre être une science puisqu'elle est incapable d'émettre des propositionsvérifiables dans l'expérience ! Les énoncés scientifiques sont d'abord et avant tout relatifs selon Popper, jusqu'à ceque l'on démontre le contraire !Mais cela ne veut pas dire que la science ne puisse produire un jour des vérités absolues.

Lakatos, un philosopheépistémologue, affirme que celles-ci existent déjà ! La terre n'est-elle pas ronde ? La science ne l'a-t-elle pasprouvé ? Certes la science comme recherche expérimentale produit immanquablement des hypothèses incertaines etdes vérités encore non vérifiées (le « graviton » existe-t-il vraiment ?), mais c'est à ce prix qu'elle progresse detous temps et qu'elle est parvenue à produire des vérités absolues, indubitables.

Elle se constitue, progressivement,un noyau dur de plus en plus gros de vérités absolues.Que dire enfin de Thomas Kuhn, épistémologue et scientifique, qui voit dans l'histoire des sciences des périodes decrise qui s'avèrent, en fait, positives pour la découverte des vérités (cf La Structure des Révolutions Scientifiques ). En effet, ces crises que traverse la science sont dues aux résistances (que Bachelard analysera dans La Formation de l'esprit scientifique ) des scientifiques confrontés à des phénomènes que les théories traditionnelles ne parviennent pas à englober.

Ces traditions empêchent l'activité scientifique de parvenir à une vérité puisqu'ellesvont à l'encontre du progrès, qui est en fait toujours une révolution dans la manière d'appréhender l'objet étudié.Ces crises sont donc toujours l'occasion pour l'esprit d'innover, de quitter les sentiers battus et les « paradigmes »insuffisants.

La science progresse, selon Kuhn, non pas par « accumulation », mais par « crise ».

Toute véritéscientifique repose donc sur la faculté des scientifiques de dépasser les modèles traditionnels, les « vérités toutesfaites », absolutisées abusivement.

Conclusion Il n'est de vérité absolue que de science absolue (ainsi la métaphysique, chez Descartes, ou toutes nos véritésdépendent de la vérité absolue de l'existence de Dieu), mais peut-elle vraiment se démontrer ? Les sciencesproduisent des vérités certes relatives. Toutefois cela ne doit pas nous empêcher de constater les progrès des sciences, et donc les progrès de leursdiscours sur leurs objets.

Si de nos jours la Vérité absolue ne semble pas de mise, il n'en reste pas moins que lascience représente, en tant que telle, cet effort infini vers de telles vérités.. »

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