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La vérité n'est-elle qu'une métaphore ?

Publié le 28/02/2009

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La vérité n'est-elle qu'une métaphore ?

La métaphore comme le propose Ricoeur dans la Métaphore vive peut se comprendre comme une image opérant un glissement entre deux objets. Ainsi parle-t-on des « pieds d’une chaise «. Intrinsèquement, le bout de bois servant de pied à la chaise n’est pas un pied mais ressemble, à la forme : il partage la même fonction et le même but. Il y a donc unité de sens entre les deux. Encore faut-il distinguer entre les métaphores vives et mortes, les dernières étant celles qui sont tombés dans le langage courant : assimilé. La métaphore est essentiellement un ornement du langage, une figure poétique. Dès lors est-il possible de réduire à la vérité à une métaphore ? La vérité ne se distingue-t-elle pas radicalement de la métaphore en tant qu’elle n’est pas une image ni un jeu de langage mais le réel même, l’effectif, le rationnel ? La vérité peut se définir, de façon simple, comme ce qui est le critère qui vrai et du faux, c’est-à-dire plus spécifiquement la vérité-correspondance donc l’accord entre l’idée et la chose. On parle aussi la vérité-cohérence. Or la métaphore ne va-t-elle pas justement à l’encontre de ces deux valeurs de la vérité ? Bien plus, n’est-ce pas remettre en cause la fécondité cognitive et gnoséologique de la vérité que de la réduire à une métaphore ?

            Si la vérité semble s’opposer à la métaphore (1ère partie), il n’en reste pas moins que la vérité laisse part au jeu de langage (2nd partie), et pourquoi à la métaphore si tant est que l’on est un concept positif de cette dernière (3ème partie).

« II – Vérité et jeu de langage a) En effet, à en croire Wittgenstein , le platonicien serait obnubilé par le nom propre et constatant par exemple que le nom de « Vérité » ou « Beauté » ne correspond à rien de spécifique en vient à forger la fiction et l'hypostased'une Idée intelligibile au sein d'un monde cosmologique.

Dès lors comme il le signale, la philosophie prend naissancejustement au sein d'un jeu de langage, c'est-à-dire à travers les mots.

Et c'est bien l'étude de ces jeux de langagequi permettent bien souvent de résoudre les problèmes philosophiques comme il le développe dans le Tractatus logico-philosophicus .

N'est-ce pas le philosophe lui-même qui fournit la preuve, presque apagogique, de la révérence excessive à certaines expression où à certains mots, voire à la métaphore ?b) Bien plus, si l'on étudie l'allégorie de la caverne de Platon, il est nécessaire de remarquer que le soleil, symbole dubien et de la vérité, ne peut pas être vue directement.

On peut le saisir que dans un reflet.

La vérité n'est doncaccessible en elle-même directement.

La conversion du regard de la République ne peut pas plonger directementdans le monde intelligible, l'image est le vecteur du savoir.

C'est donc par le déplacement qu'opère l'image que lesavoir et la vérité sont possibles.

En ce sens, n'est-ce pas dire que la vérité se comprend comme une métaphore.

Lamétaphore est bien ce glissement à travers une image.

La question est alors de conserver le sens de la premièreoccurrence.

Dès lors faut-il comprendre la vérité comme une participation de l'Etre, du bien.

C'est pourquoi, il nefaut pas faire alors la critique du langage ou des mots mais bien plus reconnaître à travers notre seul possibilité dedonner corps à l'intelligible ; supposant alors un certain déplacement.c) Or dire que la vérité peut se comprendre comme une métaphore c'est évoquer surtout la possibilité que lelangage pour dire la vérité soit poétique.

En effet, la parole poétique place le poète face à l'être même.

Et c'est bience que l'on peut voir avec Mallarmé lorsqu'il parle de la poésie comme d'un chant qui convoque « la notion pure », « idée même et suave ».

Ce rôle de convocation est proprement révélateur et c'est là tout le pouvoir de la poésiecomme magie du langage.

En déployant la virtuosité du langage, la poésie convoque l'être même.

Et c'est peut-êtrealors que l'on peut comprendre comme le propose Heidegger dans Qu'est-ce que la métaphysique ? que « le langage est la maison de l'être », comme il reprendra dans une lettre à Jean Beaufret.

Transition : Ainsi n'est-ce pas refuser toute valeur à la vérité que de la définir comme une métaphore.

Bien plus c'est réhabiliterle langage dans sa valeur communicationnelle et pédagogique.

Le philosophe n'est pas alors un sophiste pourautant, mais il n'a que la métaphore en tant que glissement, ou illustration pour essayer de transmettre la vision del'intelligible.

Dès lors pourquoi refuser ou être réticent à parler de vérité métaphorique ? III – La vérité comme métaphore usée a) « Qu'est-ce donc que la vérité ? une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d'anthropomorphismes,bref, une somme de relations humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement haussées [et] semblent à unpeuple fermes […] les vérités sont des illusions dont a oublié qu'elles le sont, des métaphores usées.

» Or si cette idée est bien un besoin psychologique pour l'homme c'est bien parce que cette idée est métaphysique commeNietzsche le met en exergue dans Le livre du philosophe .

En effet, métaphysique signifie au-delà de la physique c'est-à-dire au-delà du monde tangible.

Autrement dit, l'idée d'une vérité et l'ajout par l'homme d'une unité designification pour rendre compte d'un monde qui finalement n'a pas de sens.

La métaphysique est justement cettetentative pour donner ou chercher du sens voire à en créer là où il n'y en a pas.

La vérité est donc une illusion maisune illusion consolatrice.

Un mal nécessaire en somme.b) En effet, « les vérités figées nous rassurent » ( Nietzsche , Le livre du philosophe ).

En tant qu'il est un moyen de conservation pour l'individu l'intellect développe ses forces principales dans la dissimulation afin de donner moyensau faibles de rester en vie.

C'est donc un idéal vain mais il n'en reste pas moins que cette idée de vérité est unbesoin.

Il est donc à la fois épistémologiquement inutile mais psychologiquement nécessaire : « abolir les grandesillusions déjà complètement assimilées détruirait l'humanité.

». Et c'est bien ce que l'on peut voir avec Nietzsche dans le Gai savoir .

En effet, comme il le dit, il serait plus que dangereux d'abolir les idées très ancrées dans les civilisations et dans l'esprit des hommes.

Si l'homme a crée l'idée de vérité c'est qu'elle est pour lui une idéerassurante : une fixité sur laquelle l'homme peut se reposer un instant face à ce monde qui pour lui n'est quechangement, où rien ne semble aller de soi, ou être immuable.

C'est donc face à un monde qu'il ne comprendrésolument pas que l'on en est venu à créer cette idée de vérité.

Cette vérité lui sert donc mais jusqu'à un certainpoint ; elle lui est nécessaire à ce moment de l'histoire.c) Dès lors faut-il comprendre cette volonté de vérité ? Et c'est bien la question que se pose Nietzsche dans le Gai savoir , paragraphe 344.

L'interrogation est la suivante : jusqu'où faut-il aimer la vérité ? Car comme le disait Pascal dans la Pensée 926 (classification Lafuma) : « on se fait une idole de la vérité même.

» Toute science repose sur une croyance.

Il n'y a absolument pas de sciences sans préjugés.

Il faut en effet déjà avoir répondu oui à laquestion de la vérité nécessaire.

Et ce oui prend souvent la forme d'un impératif catégorique : « il n'y a rien de plusnécessaire que la vérité.

» Et en effet, comme il le développe Comme le développe dans la Volonté de puissance , l'homme cherche la « vérité » : « un monde qui ne puisse se contredire, ni tromper, ni changer, un monde vrai – unmonde où l'on ne souffre pas ; or la contradiction, l'illusion, le changement sont cause de la souffrance ! ».

Dans cecas, on peut dire que la volonté de trouver le vrai, la vérité n'est qu'une aspiration à un monde du permanent c'estpourquoi nous avons une forte croyance pour la vérité (paragraphe 192).

En effet, l'essence de la vérité reposedans l'appréciation : « je crois que ceci ou cela est ainsi.

» Nous sommes donc bien loin des vérités axiomatiques oulogiques et de l'évidence.

Ce qui s'exprime dans un tel jugement ce sont les conditions nécessaires à notreconservation et à notre croissance.

La vérité est donc utile, socialement notamment : « Tout nos organes deconnaissance et nos sens ne se développent qu'au service de notre conservation et de notre croissance ».. »

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