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La vérité est-t-elle toujours ce qui correspond à la réalité? ?

Publié le 07/03/2009

Extrait du document

Dire d’un discours qu’il est vrai, c’est affirmer qu’il correspond fidèlement à la réalité, sans la déformer, ni en omettre aucun détail. La vérité serait alors une correspondance point par point avec le réel. Tout comme un dessin peut reproduire exactement le modèle que l’artiste a sous les yeux, en en respectant les mesures, les couleurs, les dimensions, un discours pourrait décrire parfaitement la réalité. Un tel discours serait alors « vrai «.Selon une telle définition, on ne pourrait parler de « vérité « que si l’on a établit entre notre discours et la réalité une telle correspondance point par point.

Mais une telle compréhension de la vérité soulève un premier problème : est-il seulement possible de restituer par un discours toute la complexité et toute la richesse de la réalité ? La réalité n’est-elle pas toujours plus complexe que ce que nous pouvons en dire ? Si on ne peut atteindre cette correspondance exacte à la réalité, alors OU la vérité est impossible, OU elle est autre chose que cette stricte conformité à la réalité. Mais alors comment définir la vérité, si elle n’est plus définie par sa conformité au réel ?

D’autre part, « la « vérité est un terme qui rassemble « des « vérités de genre différent. Toutes les vérités sont-elles construites d’après leur conformité à la réalité ? Ou ne faut-il pas reconnaître que, dans certains cas au moins, l’esprit soumet la vérité à ses propres lois, à ses propres critères, et non plus seulement à l’épreuve des faits ?

Ces deux remarques remettent en cause le modèle de la « vérité – correspondance «, du point de vue de sa possibilité d’une part (une telle correspondance, supposée exacte, est-elle seulement possible, étant donnée la variété et la complexité du réel ?), et du point de vue de sa méthode d’autre part (chercher la vérité, est-ce toujours chercher à faire correspondre notre discours, nos lois, aux faits ?). Le problème est donc le suivant : dans quelle mesure, dans quelles limites la réalité nous permet-elle de nous frayer un chemin vers la vérité ? Ne faut-il pas parfois s’abstraire de la réalité pour établir la vérité ?

La vérité-correspondance : Elle pose que la vérité consiste en une certaine forme de correspondance entre une croyance de l'esprit et la réalité : lorsqu'une croyance est vraie, ce qui est cru est un fait, lorsqu'une croyance est fausse, ce qui est cru n'est pas un fait, n'existe pas.  C'est là la conception la plus commune de la vérité, qu'exprime la formule classique : «la vérité est l'accord de l'esprit et de la chose«.

  •  I . De l’erreur à la vérité : la mise en place d’une correspondance entre discours et réalité.
  • II . La vérité est toujours générale, la réalité est toujours particulière : l’impossibilité d’une correspondance parfaite ; la vérité comme probabilité.

  • III . Vérités de raison et vérités de fait : le modèle de la « vérité – correspondance « n’est pas l’unique modèle de la vérité.

 

« « La France est hexagonale ».

A la question : « cette phrase est-elle vraie ou fausse ? », on pourrait, aprèsavoir confronté l'énoncé avec les faits, répondre « oui ».

Mais la question (« est-ce vrai ou non ») et laréponse (oui ou non) sont toutes les deux simplistes, explique Austin.

Pour ceux qui ne recherchent qu'uneconnaissance simpliste et générale de la géographie de la France, cette question et cette réponse peuventconvenir, mais elles ne conviennent absolument plus dès le moment où l'on recherche une connaissance plusprécise, comme le font les géographes.

Un tel discours, « vrai », n'est donc qu'une « assertion-ébauche »,écrit Austin, cad une affirmation qui n'est qu'une esquisse de la réalité.

La vérité est donc le plus souventune esquisse « à gros traits » de la réalité, et non pas ce dessin parfait, fidèle aux moindres détails de laréalité, évoqué plus haut.

La vérité est toujours trop générale par rapport à toutes les particularités dontregorge la réalité : les contours de la France sont faits d'une infinité de particularités.

On pourrait montrer lamême chose avec l'exemple de la bataille de Marignan : dire qu'elle « a eu lieu en 1515 » n'est certes pasfaux, mais laisse de côté non seulement le déroulement et les acteurs de cette bataille, mais aussi une foulede détails que ne pourraient contenir même un discours très long.

Le langage ne peut épuiser la réalité : lavérité est toujours « trop simple » par rapport à la réalité. 2.

Pourtant, il existe un type de vérité qui justement, par sa généralité, prétend circonscrire l'ensemble des cas possibles, cad prétend « épuiser » toutes les possibilités de la réalité : c'est la « loi scientifique ».Lorsqu'on dit que « la photosynthèse consiste dans la transformation de l'énergie lumineuse en dioxygène »,on affirme en même temps que ceci est vrai dans tous les cas , quelle que soit la plante qui utilise ce procédé (à noter qu'on a découvert qu'un certain type de lézards pouvait aussi utiliser la photosynthèse !).

Mais est-ce qu'une loi scientifique est « toujours vraie » et « dans tous les cas » ? Peut-on dire d'une véritéscientifique qu'elle correspond toujours à la réalité ? Justement, non, comme le montre Bachelard.

Unethéorie scientifique est vraie tant qu 'elle n'est pas réfutée par une expérience (scientifique).

Autrement dit, cette vérité d'une théorie n'est que « provisoire », en attendant qu'une autre théorie encore plus proche dela réalité soit élaborée.

La vérité est toujours un « progrès vers la vérité ».

C'est pourquoi Bachelard décritl'activité scientifique de la manière suivante : « La science simplifie le réel et complique la raison » ( La formation de l'esprit scientifique ).

Nos théories doivent toujours se compliquer pour cerner d'un peu plus près la réalité, mais ce progrès est infini : il faut sans cesse rectifier, compliquer nos théories.

Finalement, mêmela vérité scientifique est toujours une « simplification », toujours générale par rapport à la réalité.

En cesens, on pourrait dire que la vérité n'est pas ce qui correspond « toujours » et « en tout point » à la réalité,mais ce qui « tend vers » la réalité.

Une vérité est toujours ce qui est le plus probable, mais jamais ce qui estcertain absolument et définitivement. III .

Vérités de raison et vérités de fait : le modèle de la « vérité – correspondance » n'est pas l'uniquemodèle de la vérité. Jusqu'à présent, il est apparu que la vérité était une approximation, une approche continue de la réalité, ou encoreune tentative de lui correspondre sans pouvoir y arriver parfaitement.

Cela a pour conséquence que la vérité, parrapport à la réalité, n'est jamais certaine : il n'est jamais certain que ce que nous disons être la véritécorrespondent exactement aux faits. Pourtant, il y a bien des vérités dont on peut affirmer qu'elles sont parfaitement certaines ! Lorsque nous disons que« le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés », c'est là une vérité certaine (dumoins dans un espace euclidien).

Pourquoi, donc, y a-t-il des vérités certaines, et ce indépendamment de ce quipeut exister ; tandis que les autres vérités dépendent de ce qui existe et s'y rapportent constamment, tout enétant jamais d'une certitude absolue ? C'est parce que ces vérités ou discours « vrais » n'ont pas les mêmes objets.C'est ce qu'explique Hume dans L'enquête sur l'entendement humain , IVème section, I ère partie.

« Tous les objets sur lesquels s'exerce la raison humaine ou qui sollicitent nos recherches se répartissent naturellement en deuxgenres : les relations d'idées et les choses de fait ».

Le deuxième genre, les « choses de fait », concernent tout cequi existe, tout ce qui est réel ; par conséquent, les « vérités de fait » sont des discours qu'on produit sur ceschoses existantes, réelles, dans le but d'en découvrir la vérité.

Dans ce domaine, la vérité, comme nous avons tentéde le montrer, peut rarement être exacte et parfaitement certaine : car on ne peut bien souvent avoir qu'uneapproximation de la réalité, trop complexe pour être épuisée par le discours et notre raison.

Mais dans le premierdomaine ou premier « genre », comme l'écrit Hume, celui des « relations d'idées », il en va tout autrement.

Carlorsqu'on exprime une relation entre des « êtres de raison », comme par exemple entre l'hypoténuse et les autrescôtés d'un triangle (ou plus précisément entre leurs carrés), on ne cherche pas à dire quelque chose de la réalité,mais à construire des propositions en accord avec les lois ou règles de notre esprit et les axiomes de la géométrie.Ce qui est important ici, ce n'est pas l'accord des propositions avec la réalité (qui a déjà vu une hypoténuse dans laréalité ? Ou même un triangle géométrique ? Ce sont des « abstractions » construites par l'esprit), mais l'accord despropositions avec les autres constructions de notre esprit (accord par rapport aux axiomes, cohérence par rapportaux autres axiomes etc.).

Est une « vérité de raison » ce qui est en accord avec notre raison, cad ce qui estintuitivement ou démonstrativement certain.

La relation entre l'hypoténuse et les autres côtés ne dépend pas de laréalité, mais des règles de notre raison (est-ce intuitif ? Ou est-ce démontrable ? Si oui, alors cela est vrai).

C'estnotre raison qui établit ces relations entre idées (et non choses), et elle seule : elle ne tire pas ces relations de laréalité.

« On peut découvrir les propositions de ce genre par la simple activité de la pensée et sans tenir compte dece qui peut exister dans l'univers », écrit encore Hume.

« N'y eût-il jamais eu dans la nature de cercle ou detriangle, les propositions démontrées par Euclide n'en garderaient pas moins pour toujours leur certitude et leurévidence ».. »

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