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La vérité est-elle historique ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet :   Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui » ou « non » en conclusion avec les nuances qui s'imposent, au terme d'une argumentation documentée. La vérité s'oppose premièrement à la fausseté. Elle est universelle et ne se limite donc pas à une opinion. Elle est avant tout une caractéristique du discours. Elle se distingue donc du fait qui n'est par lui-même ni vrai, ni faux. Une proposition, par exemple : « il pleut » peut être dite vraie ou fausse, selon que dans les faits, il pleuve ou non. La proposition n'est cependant pas vraie par elle-même : c'est son adéquation avec le fait dont elle rend compte qui constitue le critère de sa vérité. Elle pourra très bien être fausse demain, si pour reprendre notre exemple, il ne pleut pas demain. On pourrait se demander si la proposition « 2 + 2 = 4 » n'est pas vraie par elle-même, contrairement à ce qu'on vient de dire. Elle n'est en fait vraie que sous certaines conditions : en base 3 par exemple, 2 + 2 = 1 donc la proposition « 2 + 2 = 4 » est fausse.

« Une première interprétation du sujet inviterait à ce demander s'il y a une Histoire, au sens d'une historiographie, dela vérité.

Cela signifierait que l'histoire comme cours des événements dévoilerait peu à peu la vérité dont on pourraitalors faire l'Histoire.

Plus exactement, l'Histoire de la vérité serait celle de sa découverte, de sa mise au jourprogressive.

La première question est donc : I – y a-t-il un progrès de l'histoire vers la vérité ? La seconde interprétation possible de l'historicité de la vérité remet immédiatement en question la première : il s'agitcette fois d'entendre l'historicité au sens strict d'une temporalité, d'une évolution dans le temps.

Si justement lavérité n'est pas égale à elle-même, si son essence même est historique, alors toute idée de dévoilement d'uneunique vérité perd son sens. II – La vérité est-elle temporelle ? Proposition de plan : I – y a-t-il un progrès de l'histoire vers la vérité ? Référence : Hegel, La Raison dans l'histoire « Le trésor de raison consciente d'elle-même qui nous appartient, qui appartient à l'époque contemporaine, ne s'estpas produit de manière immédiate, n'est pas sorti du sol du temps présent, mais pour lui c'est essentiellement unhéritage, plus précisément le résultat du travail, et à vrai dire, du travail de toutes les générations antérieures dugenre humain.

De même que les arts de la vie extérieure, la quantité de moyens et procédés habiles, les dispositionset les habitudes de la vie sociales et politiques sont un résultats de la réflexion, de l'invention, des besoins, de lanécessité et du malheur, de la volonté et de la réalisation de l'histoire qui précède notre époque, de même ce quenous sommes en fait de sciences et plus particulièrement de philosophie nous le devons à la tradition qui enlace toutce qui est passager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée, ...

et qui nous a conservé et transmistout ce qu'a créé le temps passé.

Or, cette tradition n'est pas seulement une vieille ménagère qui se contente degarder fidèlement ce qu'elle a reçu et le transmet sans changement aux successeurs, elle n'est pas une immobilestatue de pierre, mais elle est vivante et grossit comme un fleuve puissant qui s'amplifie à mesure qu'il s'éloigne desa source.

» Selon Hegel, l'histoire est « auto déploiement dialectique de l'absolu ».

Cela signifie premièrement que l'histoire sedéploie d'elle-même, que les hommes ne produisent pas l'histoire mais aident ou travaillent à un déploiement qui estimmanent à l'histoire lorsque leurs actions, et en particulier celles des grands hommes, coïncident avec lemouvement immanent de l'histoire.

Deuxièmement, ce qui plus précisément se déploie est l'absolu, synonyme deraison ou d'esprit.

Autrement dit, l'histoire qui se déploie vise un but (un telos) : elle est téléologique et doncprogresse, elle progresse vers une totalité, un absolu.

C'est la raison pour laquelle Hegel peut affirmer que latradition s'accumule, s'amplifie comme un fleuve.

Troisièmement, le déploiement est dialectique, ce qui signifie qu'ils'opère selon différents moments. Où se trouve la vérité dans cette perspective ? La vérité désigne la réconciliation des deux premiers moments dansle dernier.

L'esprit absolu, arrivé au terme de son déploiement, est pleinement réalisé, réconcilié, ou pour le direautrement, il est parvenu à sa vérité qui est la plus pleine. Il y a donc bien une histoire de la vérité au sens de la succession des moments du déploiement de la raison quicherche à se réaliser, à devenir véridique. II – La vérité est-elle temporelle ? Référence : Nietzsche « A force de devoir désigner une chose comme "rouge", une autre comme " froide", une troisième comme "muette",s'éveille une proportion morale à la vérité : de l'opposition au menteur, à qui personne ne fait confiance, que tousexcluent, l'homme tire pour lui-même la démonstration du caractère respectable, rassurant et utile de la vérité.

Ilplace maintenant son action en tant qu'être "raisonnable" sous la domination des abstractions ; il ne souffre plus dese laisser emporter par les impressions soudaines, par les intuitions ; il invente de généraliser toutes ces impressionsen des concepts plus pâles et plus froids, afin d'y accrocher le wagon de la vie et de son action.

Tout ce quidistingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité à subtiliser en un schéma les métaphores intuitives, donc àdissoudre une image dans un concept.

Dans le domaine des ces schémas quelque chose en effet est possible qui nepourrait jamais réussir au milieu des premières impressions intuitives : édifier un ordre pyramidal selon des castes etdes grades, créer un monde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, qui fait facedésormais à l'autre monde, intuitif, des premières impressions comme étant ce qu'il y a de plus stable, de plusgénéral, de mieux connu, de plus humain, et donc en tant qu'instance régulatrice et impérative.

» Le geste de Nietzsche consiste à montrer que la vérité que l'on a coutume d'opposer à la fausseté s'oppose enréalité toujours au mensonge.

La vérité est donc une valeur morale et jamais un absolu que l'on pourrait atteindre. »

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