LA THÉORIE PHYSIQUE ?

A) L'utilisation de l'hypothèse dans les sciences physiques a) On présente souvent la méthode expérimentale de la façon suivante : il faut établir les faits, par l'observation et l'expérimentation, puis induire les lois auxquelles ils obéissent, et enfin expliquer ces lois à l'aide d'une hypothèse. Ce schéma général a deux défauts : il dissimule le caractère hypothétique de la loi, et il laisse subsister une confusion sur le mot « hypothèse « ; b) Toute hypothèse utilisée par le physicien n'est pas théorie. On distingue en effet deux modes d'emploi : 1. Il y a d'abord, comme nous l'avons vu, l'idée-hypothèse : il faut d'abord faire l'hypothèse de la loi avant de la vérifier comme loi, par la discussion expérimentale ; 2. Les grandes hypothèses seules méritent le nom de théories. C'est leur fonction dans la science que nous allons examiner,

B) Examen d'un exemple : le mécanisme a) L'origine de cette grande hypothèse que l'on appelle théorie mécaniste remonte à Démocrite, Epicure et Lucrèce. Démocrite disait : « C'est par convention que le doux est doux, par convention que l'amer est amer, par convention que le chaud est chaud, que la couleur est la couleur. Mais en réalité, il n'y a que des atomes du vide. C'est-à-dire : les objets des sens sont supposés être réels, mais ils ne le sont pas. Ce sont les atomes et le vide qui sont réels « ; b) Mais cette théorie n'était chez les Anciens qu'une fiction de l'imagination. Ce sont les modernes, depuis Galilée, qui l'ont appuyée sur l'expérience. Par analyse des phénomènes du mouvement, ils sont arrivés à concevoir la matière comme un ensemble de particules en mouvement dans le vide, la cause de leurs mouvements résidant dans les forces d'attraction et de répulsion exercées par les particules les unes par rapport aux autres, l'intensité de la force dépendant uniquement de la distance entre les particules ; c) Helmholtz a pu écrire, vers le milieu du XIXe siècle : « Nous arrivons finalement à découvrir que le problème de la science physique consiste à ramener les phénomènes naturels à des forces invariables d'attraction et de répulsion, dont l'intensité dépend entièrement de la distance. La solution de ce problème est la condition d'une intelligence complète de la nature. Et la mission de la science sera achevée au moment où la réduction des phénomènes des forces simples sera complète et la preuve fournie que cette réduction est la seule dont les phénomènes soient capables « ;