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La télévision peut-elle améliorer le niveau de culture des téléspectateurs ?

Publié le 31/03/2009

Extrait du document

culture

Depuis son avènement, la télévision suscite un débat passionné. Moyen exceptionnel de vulgarisation pour les uns, elle endort pour d'autres le sens critique. Certains y voient même l'essentiel de la civilisation actuelle. Des affrontements accompagnent ses changements : récemment encore la privatisation a fait crier à l'assassinat de la culture. En 1980, dans Le Fait culturel, G. Montassier renvoie les adversaires dos à dos, car selon lui « la télévision par elle-même ne changera jamais dans des proportions importantes le niveau de culture des téléspectateurs «, qui dépend d'autres facteurs.  Quels sont donc les atouts et les limites de la télévision pour l'acquisition de la culture? En quoi n'est-elle qu'un instrument parmi d'autres ?  Les possibilités du petit écran sont nombreuses et variées. Si l'on adopte, en effet, la définition de la culture donnée par G. Montassier lui-même, « l'effort de l'homme pour comprendre le monde et s'adapter à lui «, comment ne pas voir ses avantages?

HTM

  • I. Les atouts de la télévision

 — Une ouverture sur le monde  — La diffusion des arts et de la science  — Des créations propres

  • II. Ses limites

 — La nécessité d'une culture préalable  — la nécessité d'un apprentissage des procédés de l'image  — Les impératifs économiques

culture

« téléspectateur universitaire ou cinéphile acharné.

Mais la plupart des documentaires ou débats ne toucheront aussique la frange de la population qui, par sa pratique des autres moyens culturels, livres, journaux, spectacles, études,pourra préparer, jauger, prolonger son expérience télévisuelle.

Même vue par beaucoup, une pièce de Molière neplaira et n'enrichira que si, acceptant l'obstacle de la langue du xviie siècle, on se penche en outre sur lesconditions historiques de sa naissance.

D'ailleurs combien de jeunes la regarderaient sans la pression du professeur,des parents, ou sans le programme du baccalauréat?Les émissions de qualité connaissant le succès n'échappent pas à cette règle, selon laquelle le spectateur ne reçoitpresque que ce qu'il porte déjà en lui.

Apostrophes a parfois provoqué, sur la prestation brillante d'un auteur, l'achatde livres qui bientôt tombèrent des mains : combien se jetèrent sur les œuvres philosophiques du charmant Bernard-Henri Lévy, pour n'y rien comprendre ? Et que sert d'entendre sur un plateau des opinions contradictoires émisesavec plus ou moins de faconde, si réflexion ou informations complémentaires ne permettent pas de les juger ? Plus grave encore, l'image est un langage, avec sa grammaire, ses citations, l'existence du mensonge.

Un film parexemple sera peut-être aimé pour son émotion, l'habileté du scénario ou la beauté des images.

Mais la subtilité descadrages, du montage, les références parfois ironiques à des films antérieurs échapperont à la plupart.

De plus lechoix de l'angle de vue ou de la lumière pourra induire le public en erreur sur un fait ou une personnalité, ce qui estinquiétant.

On sait que lors d'une manifestation, montrer un coin de rue quasi vide ou le peloton de tête, une foulecalme ou quelques excités influencera volontairement ou non la perception de l'événement.

B.

Pivot est si conscientde son pouvoir, qu'il évite les gros plans sur les mains nerveuses des auteurs, leurs grimaces d'ennui ou dedésapprobation durant l'interview d'un autre, pour ne pas les rendre antipathiques.

Effets que s'accordaitvolontairement au contraire Droit de réponse, pour accentuer le caractère orageux si discuté de cette émission.

Lesarts de l'image, grand et petit écran, nécessitent un apprentissage propre.On pourrait imaginer que les autorités politiques ou les responsables des chaînes décident, par philanthropie,d'éduquer le public, de ne lui proposer que des programmes de haute teneur intellectuelle, avec leur mode d'emploi.Mais il n'en est pas question, car la télévision, surtout privée, a besoin d'argent pour vivre.

D'où une attention trèsvive portée aux sondages qui permettent de voir quelles émissions plaisent au plus grand nombre.

Or il s'agitsouvent de divertissements sans grande valeur, que l'on place alors aux heures d'écoute les plus favorables,reléguant les autres émissions en fin de soirée, ce qui, à l'effort intellectuel demandé pour les comprendre, ajouteune dépense physique non négligeable, ou celle d'un magnétoscope ! Outre la pauvreté du contenu, la passivité bienconnue, encouragée par le bercement des images contribue à détourner (tel est le sens latin de « divertir ») de laculture ceux qui ne pensaient même pas à elle.

Les impératifs économiques diminuent donc les possibilités du media,qui devient le reflet d'un état de fait, celui du niveau culturel de son public.La télévision est d'ailleurs victime de son succès : on oppose souvent à sa médiocrité actuelle le prétendu âge d'orde son premier développement dans les années 60, en oubliant qu'alors, objet cher donc de luxe, elle avait pourpublic ceux qui étaient armés pour affronter l'ambition de la première émission diffusée : une pièce de Pirandello ! Labaisse des prix a maintenant placé le poste dans tous les foyers, donc changé le niveau culturel moyen desacquéreurs, qui souvent n'ont pas d'autre moyen de se cultive iLa phrase proposée se révèle donc juste et son analyse explique l'ambiguïté de la télévision, simple moyen, riche depotentialités, mais dont le pouvoir de diffusion et de création dépend de facteurs extérieurs. Il ne faudrait pas cependant se montrer trop pessimiste : si elle ne change pas notablement le niveau, elle change lecontenu de notre culture, de plus en plus audio-visuelle.

Or l'école semble avoir compris ce phénomène.

L'étude del'image est entrée dans les programmes, les salles de vidéo se multiplient.

Par ailleurs, certaines émissions prennentmaintenant en compte les caractéristiques de l'instrument : exposé illustré des procédés publicitaires, ou, en 1988,une rétrospective des différentes formes de débats politiques, commentée par S.

July.Les polémiques autour de la télévision doivent donc jouer un rôle : rappeler son pouvoir, appeler les énergies pourl'enrichir.

Entre l'instrument du totalitarisme dans les romans de science-fiction, 1984 d'Orwell, par exemple, etl'utopie élitiste, il reste une marge importante.. »

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