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LA TECHNIQUE NOUS LIBERE-T -ELLE DU TRAVAIL ?

Publié le 22/02/2012

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technique
On a généralement coutume de dire que les progrès techniques apportés par la science ont toujours permis à l'homme de s'affranchir des obligations et des exigences, parfois contraignantes, du travail pour mieux s'adonner à ses loisirs ou a des activités intellectuelles. Si l'ont suit la mentalité des grecs de l'antiquité, le travail était méprisé dans la mesure où il soumettait (à cette époque) l'homme à l'ordre de la nécessité et des besoins vitaux et par cette logique, au commandement d'autrui. De nos jours, la technique et la science permettent à l'homme d'affermir son pouvoir sur son environnement et d'augmenter son contrôle sur la nature afin d'en (ab)user. Comme l'a dit Kant, l'homme n'ayant que des devoirs envers les autres hommes, il peut devenir propriétaire de la nature. Dans cette perspective-ci, il est tentant de rapprocher technique et liberté. Cependant si l'on regarde l'ère moderne qui a précédé notre époque, la technique prend une place tellement croissante dans nos existences que l'on en devient dépendant… Or « dépendant » est différent de « libre ». En effet, il suffit de constater la soumission de l'ouvrier qui travaille à la chaîne dans les idéologies du fordisme, du taylorisme ou encore plus récemment du toyotisme. Le bourgeois qui possède les moyens de production extorque le travail de l'ouvrier, sa force productive. Le travail est aliénation… Ainsi l'accroissement des progrès techniques, des moyens de productions et des procédés qui en résultent permettent-ils à l'homme d'agir de façon indépendante ? N'aboutit-il pas plutôt au développement de certaines contraintes qui guettent les travailleurs et à une certaine forme d'aliénation dans son travail, et au sens plus large, à la liberté humaine ? De plus ne faut-il pas penser la liberté autrement que comme un pouvoir irrationnel sur la nature ?
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« bien que la technique aie facilité la vie de nombreux travailleurs… Ce sont ces nouvelles formes d'asservissementengendrées par la technique que nous allons tenter de développer dans notre deuxième partie. II] - Tout d'abord nous allons tenter de définir ce qu'est la liberté dans le travail.

Nous soutiendrons que celle-ci nepeut se définir par la seule augmentation de la puissance, permise, comme dit plus haut, par le progrès technique.Ainsi la technique devient une condition nécessaire mais non suffisante de la liberté : être libre ne signifie pas avoirune infinité de moyens pour atteindre un but indéfini, c'est au contraire se fixer une fin juste et bonne.

La techniquea un caractère strictement instrumental dans le cadre du travail : elle nous guide pour atteindre nos objectifs, maisne nous dit pas quel objectif est bon, lequel est mauvais.

La technique nous donne des moyens d'affranchissementcertes, mais nous dit-elle pour autant si cet affranchissement est souhaitable ou non ? L'affranchissement par latechnique est-il souhaitable ? Ce n'est pas clair ? Exemple : est-il souhaitable de vaincre la mort ? La techniquepourra certainement un jour de réaliser cet exploit, mais est-ce vraiment nécessaire, souhaitable ? Autre exemple :le clonage des êtres humains est-il souhaitable ? La question de liberté peut donc se reformuler dans cet écartentre le souhaitable et le possible.

Ou alors en d'autres termes, la liberté serait, comme le pensent Epicure, Kant ouDescartes le fondement de l'action et de la morale humaine.

Etre libre, ce n'est pas sélectionner un possible parmid'autres avec comme critère notre désir.

Obéir à ses pulsions et ses désirs reviendrait à être esclave de ses désirs…Ainsi l'a dit Epictète : « Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté, mais par la destruction dudésir.

».

Ainsi être réellement libre, ce serait non pas de s'affranchir de toute règle comme on peut le supposer, maisce fixer les règles soi-même, des règles juste, dans le sens du bonheur commun, et auxquelles on obéirait.

C'est laliberté comme autonomie… Néanmoins à supposer que la technique nous libère de certaines formes d'esclavage etrende service à l'ouvrier dans son labeur, n'est elle pas aussi mère de formes nouvelles d'asservissement ? - Lespenseurs qui ont tenté de détruire les machines au moment des révolutions industrielles l'avaient bien vu : cesmachines sensées libérer le travailleur, et au sens plus large l'humanité, provoquerait une nouvelle espèced'asservissement.

En effet, la division du travail né avec l'apparition des ateliers, des chaînes de montage et duTaylorisme engendre une aliénation de l'homme.

On peut définir celle-ci, comme l'a fait Marx, de deux façons : 1)D'une part l'homme est aliéné à sont travail quand son salaire est inférieur à ce qu'il produit.

Marx nomme cettedifférence la plus-value : sous l'apparence d'un contrat équitable, où l'on échange sa force de travail contre lel'argent, le travail salarié permet en réalité d'extorquer mécaniquement une plus-value.

On insiste donc ici sur lacontinuité entre esclavage et salariat… Ici la technique permet d'augmenter les rendements et donc les bénéficessans pour autant augmenter les salaires.

2) D'autre part l'homme est aliéné quand il accomplit une tâche uniforme etrépétitive.

Cette « abrutissement » dans la tâche dépouille le travail de tout intérêt et atrophie les possibilitéshumaines.

Fordisme et Taylorisme ont bien sur exploré ce type de travail dans ces retranchements les plusastreignants, en décomposant à l'extrême les gestes sur une chaîne de production.

Charlie Chaplin dans les Tempsmodernes met en scène cette déshumanisation progressive des ouvriers.

Comme le dit très bien Marx, « subdiviserun homme, c'est l'exécuter, s'il a mérité une sentence de mort ; c'est l'assassiner s'il ne la mérite pas.

La subdivisiondu travail est l'assassinat d'un peuple ».

Le travail ne donne plus qu'une conscience de soi que mutilée.

Là où Hegelassignait comme fin au travail une prise de conscience de soi au niveau pratique, Marx constate que le travail estravalé à un simple moyen de subsistance et atrophie l'humanité. Retenons que cette analyse de Marx est, malheureusement plus que jamais valable dans notre économie… Dans unsystème mondialisé (là aussi la mondialisation est permise par la technique : Internet) ou les processus dedélocalisations crées du chômage dans nos pays, et des emplois aliénant, asservissants, sur des continentsmanquant cruellement de technique (et de ses effets positifs) comme l'Afrique.

(L'exemple très récents desintoxications au silicate des ouvriers de Turquie, qui délavent des jeans de marque Levi's et meurent d'une maladieincurable : la silicose.

Ici la technique est loin de libérer l'homme…).

En tout cas, qu'on envisage un futur noir ou unfutur glorieux, la technique est actuellement liée à une aliénation sociale, car c'est un moyen en lui-même neutrepossédé par les classes dominantes, et que la fin fixée par celle-ci, consciemment ou pas, est l'exploitation dans lecadre du capitalisme mondialisé. Ainsi nous dirons que la technique par elle-même ne libère pas l'homme.

Même si celle-ci permet une augmentationpermanente de la puissance de l'homme sur la nature, et d'affermir son emprise pour répondre à ses désirs, nousavons vu que liberté ne rimait pas avec puissance.

A contrario, la liberté doit agir dans un but commun à tous leshommes et l'homme, pour se libérer, ne doit pas s'affranchir de toutes règles, mais se fixer ses propres règles allantdans ce sens.

La technique permet dans ce cas une force accrue des moyens d'actions et de production dans letravail (par les outils, les instruments et les machines), mais elle ne peut déterminer quelle fin il faut chercher.

Enfinbien qu'elle ne soit pas incompatible avec une libération dans certains domaine du travail comme nous l'avons vu enpremière partie, Marx dénonce que la technique engendre une aliénation nouvelle du travail.

Comme l'a dit Einsteinaprès ses nombreux travaux, « Le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mis dans les mains d'unpsychopathe.

».Par conséquent, il faut se méfier des pulsions du porteur de la hache.. »

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