LA SCOLASTIQUE APRÈS SAINT THOMAS

En 1277, Etienne Templier, évêque de Paris, promulgue solennellement la condamnation de 219 propositions : il s'agit de doctrines que les partisans d'Averroès, c'est-à-dire Siger de Brabant et ses disciples, ont cru pouvoir tirer d'Aristote. Toutefois, ce n'est pas un hasard si la condamnation est lancée précisément le 7 Mars, c'est-à-dire le jour anniversaire de la mort de Thomas, au moment où les frères prêcheurs faisaient dans leurs écoles le panégyrique du maître. La condamnation de l'évêque de Paris vise en fait expressément plusieurs thèses thomistes : l'individuation par la matière, la possibilité rationnelle de l'éternité du monde, la théorie de la volonté jugée déterministe. Saint Thomas canonisé en 1319 par Jean XXII passe aujourd'hui pour le rempart de la tradition. A la fin du XIIIe siècle les traditionalistes le jugent dangereux.  Les grands adversaires des thomistes à la fin du XIIIe et au XIVe siècle sont les théologiens franciscains. Ils prétendent que les thomistes sacrifient le christianisme à la philosophie d'Aristote. Ne nous étonnons pas, par exemple, qu'en 1284 le franciscain Jean Peckham, archevêque de Cantorbery, dénonce violemment les dominicains à la curie romaine : « Que la Sainte Église daigne considérer que la doctrine des deux ordres (franciscain et dominicain) est actuellement en opposition presque complète sur toutes les questions dont il est permis de discuter, la doctrine de l'un de ces deux ordres délaissant et jusqu'à un certain point méprisant les enseignements des pères en se fondant presque exclusivement sur les enseignements des philosophes «.