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LA SAGESSE MORALE selon ÉPICTÈTE ?

Publié le 24/07/2009

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morale

 

« Dans tout ce qui ne relève pas de ton libre arbitre, sois plein d'assurance ; mais dans tout ce qui en relève, tiens-toi sur tes gardes. Car si le mal est dans un jugement ou dans une volonté coupables, c'est contre ce jugement et contre cette volonté seuls qu'il faut se tenir en garde ; et si toutes les choses qui ne relèvent pas de notre libre arbitre, et qui ne dépendent pas de nous ne sont rien par rapport à nous, il faut user d'assurance vis-à-vis d'elles. C'est ainsi que nous réunirons les précautions et l'assurance et, par Jupiter ! c'est à nos précautions que nous devons notre assurance. « Les choses en elles-mêmes sont indifférentes, mais l'usage que nous en faisons n'est pas indifférent. Comment donc tout à la fois maintenir son âme dans la tranquillité et dans le calme, et faire avec soin ce que l'on fait, sans précipitation comme sans lenteur ? On n'a qu'à imiter ceux qui jouent aux dés. Indifférents sont les points, indifférents sont les dés. Comment savoir, en effet, le dé qui va venir ? Mais jouer avec attention et avec habileté le dé qui est venu, voilà ce qui est mon affaire. De même, dans la vie ce qu'il y a d'essentiel, c'est de distinguer, c'est de diviser, c'est de se dire : « Les choses extérieures ne sont pas à moi, mais ma faculté de juger et de vouloir est à moi. Où donc chercherai-je le bien et le mal ? Au dedans de moi, dans ce qui est à moi. « Ne dis jamais des choses extérieures qu'elles sont bonnes ou mauvaises, utiles ou nuisibles, ni quoi que ce soit en ce genre. « (ÉPICTÈTE - Entretiens) Introduction La plupart des hommes se heurtent aux difficultés de l'existence, en sont troublés, et souvent abattus. Ils sont remplis de soucis, d'inquiétudes, de craintes vis-à-vis de leur avenir. ÉPICTÈTE avec les stoïciens dans un temps où il en était déjà ainsi prêchait une sagesse destinée à porter remède à cette attitude humaine. Il disait :

« Dans tout... assurance « « Les choses en elles-mêmes... en ce genre. « Comment faut-il comprendre cette sagesse ? Comment se rattache-t-elle à la doctrine générale de son auteur ? Et peut-on y voir vraiment le dernier mot de la sagesse morale ? I. Analyse du texte Tout d'abord que veut-il dire ? 'idée principale de ce texte est le résumé même de la morale stoïcienne : savoir supporter sans trouble ce qui ne dépend pas de nous - et assumer sagement ce qui dépend de nous. Articulation de cette pensée : Le premier des deux paragraphes présente le principe même qui vient d'être énoncé. Mais il insiste sur l'assurance dans la vie que donne l'attitude stoïcienne. Le second montre de façon plus précise l'activité que l'homme doit déployer pour avoir cette attitude stoïcienne : indifférence vis-à-vis de ce qui arrive, et en même temps calme et tranquillité : tranquillité du support, ainsi que de l'action entreprise. Et cela permet de juger de façon équitable : il n'y a de bon ou de mauvais que ce qui vient de notre volonté !

 

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« sont défavorables.

Puisque celles-ci ne dépendent pas de lui, il se gardera de les dire « bonnes ou mauvaises ».2) Il ressort de cette doctrine une idée de l'homme.

Tout d'abord celui-ci apparaît comme doué d'une véritablegrandeur : il a en lui-même, grâce à sa liberté, une puissance que rien ne peut lui ravir et qui lui permet d'êtremaître de lui-même comme des événements qui ne peuvent le troubler.

Son « assurance » et sa « tranquillité » sontles preuves de cette maîtrise et de cette grandeur.

De plus, c'est le volonté libre qui se présente comme la marquecaractéristique de l'humanité.

Et puisque le propre de la liberté, c'est de choisir ce qui est bien ou ce qui est mal,l'homme se montre ainsi comme étant essentiellement un être moral.

Tout son souci doit être de « bien vivre ».

Lebut de cette vie, à la différence de celui que proposent les hédonistes ou les épicuriens, n'est pas la recherche dubonheur ; mais bien plutôt la recherche de la sagesse morale.

L'essentiel c'est donc le « savoir », la connaissanceexacte de ce qui est le bien et de ce qui est le mal, là où ils se trouvent.

Nous lisons dans ce texte «Où chercherai-je le bien et le mal ? Au dedans de moi, dans ce qui est en moi.Ainsi, ce qui compte avant tout chez l'homme c'est sa vie intérieure, cette connaissance et cette volonté libre quil'oriente à l'intérieur de lui-même vers la sagesse, dans l'indifférence de ce qui se passe à l'extérieur : « les chosesextérieures ne sont pas à moi ».

Elles ne sauraient donc m'intéresser ni me troubler.

C'est l'ataraxie que prônait déjàÉPICURE, mais dans un autre sens. II.

Critique de ce texte Ce qui apparaît juste en ce texte, c'est d'abord la valeur morale de ces principes.

C'est une morale séduisante par laplace qu'elle fait à la liberté humaine et par là à la personnalité.

Elle met bien en évidence la vraie source de laresponsabilité humaine qui se situe en la volonté libre.L'homme y apparaît bien comme celui qui assume sa vie et le monde pour diriger son action selon un idéal qu'il aconçu d'abord et auquel il s'efforce d'être fidèle.

Or, il semble bien que ce soit cette liberté ainsi magnifiée parÉPICTÈTE qui fasse en effet la vraie grandeur de la personne humaine.De plus, il y a aussi beaucoup de grandeur et de sagesse dans cette doctrine qui prône le courage devant lesdifficultés de l'existence et `l'indifférence, l'absence de trouble devant ce qui ne dépend pas de nous.

Le bon senspopulaire n'appelle-t-il pas « philosophe » celui-là qui ne se trouble pas en face de ce qu'il ne peut pas changer ?Remarquons d'ailleurs qu'ÉPICTÈTE est le stoïcien qui a mis le plus l'accent sur la liberté de l'homme et sasauvegarde, de préférence au « Il faut suivre la nature » qui était le principe de base de la doctrine de ZÉNON,fondateur du stoïcisme, et sur lequel SÉNÈQUE a lui aussi insisté davantage.

Disons donc qu'ÉPICTÈTE marque ici unpoint par rapport aux autres stoïciens.Ajoutons que cette doctrine qui aboutit au primat de la personne humaine rejoint sur ce point le christianisme etannonce avec celui-ci ce qu'il y a de plus riche dans la conception occidentale de l'humanisme.RéservesEt pourtant il semble nécessaire d'émettre quelques réserves sur le stoïcisme tel qu'il apparaît dans ce texte.Tout d'abord, ce consentement à la nature, fruit d'un acte libre de l'homme, semble bien froid.

Le raidissementorgueilleux devant la nécessité des choses et particulièrement devant l'inéluctable sort qu'est la mort n'est pas apteà provoquer l'enthousiasme.

Ces préceptes qui sont donnés ici, cette oeuvre personnelle de jugement grâce au librearbitre, où conduisent-ils ? MARC AURÈLE, pourtant stoïcien lui aussi avait senti l'insuffisance de ce retour au « tout» de l'univers, pour justifier l'attitude stoïcienne et son « assurance » : « Comment se fait-il que les dieux, qui ontordonné si bien toutes choses...

aient négligé un seul point, à savoir que les gens de bien, d'une vertu véritable, quise sont fait aimer par la divinité grâce à leur piété, ne revivent pas après leur mort et soient éteints pour jamais ? «Ne chercher le « bien » qu'au dedans de moi, dans ce qui est à moi » comme dit notre texte, ne peut répondre auxaspirations profondes de l'être humain.Par ailleurs, réduire l'homme et son idéal de vie, à un programme de morale, est-ce bien lui donner toute sadimension ? Sans doute le stoïcien veut acquérir le plus possible la science et l'art de la dialectique qui l'assured'être dans le vrai.

Mais si c'est uniquement pour « jouer avec attention et avec habileté le jeu du dé » de la vie, enen subissant les contraintes, la nature humaine ne peut que rester sur son attente insatisfaite.

Et l'affirmationd'ÉPICTÈTE : « que le sage qui pourrait embrasser l'avenir « travaillerait lui-même à sa maladie, à sa mort et à samutilation sachant que l'ordre du Tout le veut ainsi », risque bien de laisser l'ensemble des hommes réticents.Faut-il, du reste, penser que la résignation, pièce maîtresse de cette morale, soit vraiment un idéal pour l'homme,même si elle prend le nom « d'indifférence » et « d'assurance » ?L'homme dans cette attitude reconnaît son impuissance et démissionne.

N'a-t-il pas au contraire des ressourcesd'intelligence et d'énergie qui lui permettent de faire face à l'obstacle et dans bien des cas de le vaincre ?Toute l'histoire humaine ne montre-t-elle pas, au contraire, que la grandeur de l'homme et ses progrès ont consistéà ne pas se résigner devant les forces de la nature qui l'écrasent, à s'efforcer de les connaître pour les vaincre oumieux pour s'en rendre maître ? Quant à la destinée humaine elle-même, suffit-il d'y consentir pour la réaliser ? Nevaut-il pas la peine d'en chercher le vrai sens pour décider de l'orientation de sa vie en fonction de celui-ci.

Alorsgrâce à ce critère d'une « fin dernière » raison de l'existence et spécialement dans la perspective d'une véritableimmortalité qui assure pleinement le bonheur de l'homme, le monde comme autrui prennent une valeur et ne sont pastraités par « indifférence ».

Et contrairement à la dernière affirmation d'ÉPICTÈTE en ce texte, il y a alors deschoses qui peuvent être jugées comme bonnes ou mauvaises, utiles ou nuisibles. Conclusion La morale stoïcienne que nous présente ce texte a séduit un bon nombre de penseurs des premiers siècles de notreère depuis les esclaves instruits comme ÉPICTÈTE jusqu'à des empereurs comme MARC AURÈLE en passant par deshommes politiques comme CICÉRON.

Et il faut avouer que l'idéal qu'elle nous présente n'est pas sans grandeur.

Cettesagesse et cette force d'âme qu'elle prêche, comme le fait ÉPICTÈTE en ce passage, donne à l'homme une véritable. »

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