LA SAGESSE MORALE selon EPICTÈTE
Publié le 09/05/2005
Extrait du document
La plupart des hommes se heurtent aux difficultés de l'existence, en sont troublés, et souvent abattus. Ils sont remplis de soucis, d'inquiétudes, de craintes vis-à-vis de leur avenir. ÉPICTÈTE avec les stoïciens dans un temps où il en était déjà ainsi prêchait une sagesse destinée à porter remède à cette attitude humaine. L'idée principale de ce texte est le résumé même de la morale stoïcienne : savoir supporter sans trouble ce qui ne dépend pas de nous - et assumer sagement ce qui dépend de nous.
«
« d'assurance » et de « calme ».
Mais il est aussi animé de prudence.
Il sait « se tenir en garde » contre ce quilui échappe.
Il sait même « supporter » et « s'abstenir » lorsque les circonstances sont défavorables.
Puisquecelles-ci ne dépendent pas de lui, il se gardera de les dire « bonnes ou mauvaises ».
2) Il ressort de cette doctrine une idée de l'homme.
Tout d'abord celui-ci apparaît comme doué d'une véritablegrandeur : il a en lui-même, grâce à sa liberté, une puissance que rien ne peut lui ravir et qui lui permet d'êtremaître de lui-même comme des événements qui ne peuvent le troubler.
Son « assurance» et sa « tranquillité»sont les preuves de cette maîtrise et de cette grandeur.
De plus, c'est la.
volonté libre qui se présente commela marque caractéristique de l'humanité.
Et puisque le propre de la liberté, c'est de choisir ce qui est bien ou cequi est mal, l'homme se montre ainsi comme étant essentiellement un être moral Tout son souci doit être de «bien vivre ».
Le but de cette vie, à la différence de celui que proposent les hédonistes ou les épicuriens, n'estpas la recherche du bonheur ; mais bien plutôt la recherche de la sagesse morale.
L'essentiel c'est donc le «savoir », la connaissance exacte de ce qui est le bien et de ce qui est le mal, là où ils se trouvent.
Nous lisonsdans ce texte « Où chercherai-je le bien et le mal ? Au dedans de moi, dans ce qui est en moi.
» Ainsi, ce quicompte avant tout chez l'homme c'est sa vie intérieure, cette connaissance et cette volonté libre qui l'orienteà l'intérieur de lui-même vers la sagesse, dans l'indifférence de ce qui se passe à l'extérieur : « les chosesextérieures ne sont pas à moi ».
Elles ne sauraient, donc m'intéresser ni me troubler.
C'est l'ataraxie queprônait déjà ÉPICURE, mais dans un autre sens.
II.
Critique de ce texte
Ce qui apparaît juste en ce texte, c'est d'abord la valeur morale de ces principes.
C'est une morale séduisantepar la place qu'elle fait à la liberté humaine et par là à la personnalité.
Elle met bien en évidence la vraie sourcede la responsabilité humaine qui se situe en la volonté libre.L'homme y apparaît bien comme celui qui assume sa vie et le monde pour diriger son action selon un idéal qu'ila conçu d'abord et auquel il s'efforce d'être fidèle.
Or, il semble bien que ce soit cette liberté ainsi magnifiéepar ÉPICTÈTE qui fasse en effet la vraie grandeur de la personne humaine.De plus, il y a aussi beaucoup de grandeur et de sagesse dans cette doctrine qui prône le courage devant lesdifficultés de l'existence et 'l'indifférence, l'absence de trouble devant ce qui ne dépend pas de nous.
Le bonsens populaire n'appelle-t-il pas « philosophe » celui-là qui ne se trouble pas en face de ce qu'il ne peut paschanger?Remarquons d'ailleurs qu'ÉPICTÈTE est le stoïcienne qui a mis le plus l'accent sur la liberté de l'homme et sasauvegarde, de préférence au « Il faut suivre la nature » qui était le principe de base de la doctrine de ZÉNON,fondateur du stoïcisme, et sur lequel SÉNÈQUE a lui aussi insisté davantage.
Disons donc qu'ÉPICTÈTE marqueici un point par rapport aux autres stoïciens.Ajoutons que cette doctrine qui aboutit au primat de la personne humaine rejoint sur ce point le christianismeet annonce avec celui-ci ce qu'il y a de plus riche dans la conception occidentale de l'humanisme.
Réserves
Et pourtant il semble nécessaire d'émettre quelques réserves sur le stoïcisme tel qu'il apparaît dans ce texte.Tout d'abord, ce consentement à la nature, fruit d'un acte libre de l'homme, semble bien froid.
Le raidissementorgueilleux devant la nécessité des choses et particulièrement devant l'inéluctable sort qu'est la mort n'est pasapte à provoquer l'enthousiasme.
Ces préceptes qui sont donnés ici, cette oeuvre personnelle de jugementgrâce au libre arbitre, où conduisent-ils ? MARC AURÈLE, pourtant stoïcien lui aussi avait senti l'insuffisance dece retour au « tout » de l'univers, pour justifier l'attitude stoïcienne et son « assurance » : « Comment se fait-il que les dieux, qui ont ordonné si bien toutes choses...
aient négligé un seul point, à savoir que les gens debien, d'une vertu véritable, qui se sont fait aimer par la divinité grâce à leur piété, ne revivent pas après leurmort et soient éteints pour jamais ? « Ne chercher le « bien » qu'au dedans de moi, dans ce qui est à moi »comme dit notre texte, ne peut répondre aux aspirations profondes de l'êtrehumain.Par ailleurs, réduire l'homme et son idéal de vie, à un programme de morale, est-ce bien lui donner toute sadimension ? Sans doute le stoïcien veut acquérir le plus possible la science et l'art de la dialectique qui .l'assured'être dans le vrai.
Mais si c'est uniquement pour « jouer avec attention et avec habileté le jeu du dé » de lavie, en en subissant les contraintes, la nature humaine ne peut que rester sur son attente insatisfaite.
Etl'affirmation d'ÉPICTÈTE : « que le sage qui pourrait embrasser l'avenir « travaillerait lui-même à sa maladie, àsa mort et à sa mutilation sachant que l'ordre du Tout le' veut ainsi », risque bien de laisser l'ensemble deshommes réticents.Faut-il, du reste, penser que la résignation, pièce maîtresse de cette morale, soit vraiment un idéal pourl'homme, même si elle prend le nom « d'indifférence » et « d'assurance » ?L'homme dans cette attitude reconnaît son impuissance et démissionne.
N'a-t-il pas au contraire desressources d'Intelligence et d'énergie qui lui permettent de faire face à l'obstacle et dans bien des cas de levaincre ?Toute l'histoire humaine ne montre-t-elle pas, au contraire, que la grandeur de l'homme et ses progrès ontconsisté à ne pas se résigner devant les forces de la nature qui l'écrasent, à s'efforcer de les connaître pourles vaincre ou mieux pour s'en rendre maître ? Quant à la destinée humaine elle-même, suffit-il d'y consentirpour la réaliser ? Ne vaut-il pas la peine d'en chercher le vrai sens pour décider de l'orientation de sa vie en.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- CHARMIDE ou De la sagesse morale (résumé & analyse)
- La morale exige-t-elle une sagesse pratique ?
- LA SAGESSE MORALE selon ÉPICTÈTE ?
- Sagesse et action morale ?
- EPICTETE: Morale et Sagesse