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La religion transforme-t-elle notre conscience du réel ?

Publié le 27/02/2008

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religion

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Parler de la religion ne va pas de soi, puisqu’il existe une grande hétérogénéité au sein de ce que nous nommons comme tel : depuis les trois grandes religions monothéistes – la religion juive, chrétienne et musulmane – jusqu’au bouddhisme, à l’animisme et aux religions polythéistes, ce que nous appelons religion est loin de former un tout unique et cohérent. Même l’étymologie du mot reste incertaine : Les auteurs chrétiens se plaisent à expliquer le latin religio par les verbes ligare, religare, lier, relier. La religion serait alors un lien de piété, et aurait pour objet les relations qu'on entretient avec la divinité, elle signifierait dans ce cas attache ou dépendance. Une autre origine est plus probable, signalée par Cicéron. Religio se tire de legere, cueillir, ramasser, ou de religere, recueillir. Pourtant, nous pourrions dire que la vision religieuse des choses se distingue des visions philosophiques et scientifiques par son caractère foncièrement affectif. L'expérience du sacré est de nature essentiellement intime, même si elle peut faire l'objet de rationalisations. Pourtant, on voit mal comment le même sujet peut faire cohabiter une vision religieuse de la vie avec une vision scientifique ou une vision philosophique, en effet, le sentiment religieux n'est-il pas un sentiment total, qui change notre conscience du réel toute entière ? Peut-on n’être religieux que lorsqu’on rentre dans un lieu de culte ou lorsqu’on se livre aux rituels de sa religion ? Cela semble d’autant plus improbable que la plupart des religions sont de véritables règles de vie, et comportent des rites qui accompagnent tout au long de l’existence : le baptême, la circoncision, les premières et deuxièmes communions, les bar-mitzvas, le mariage, l’extrême onction  marquent par exemple les étapes phares de la vie humaine. La religion n'est-elle pas une façon de vivre et de comprendre le réel bien plus qu’un ensemble d’attitudes et de comportements liés au sacré ?

 

I.                   La religion comme socle de notre conscience du réel.

II.                La religion cimente notre conscience du réel.

 

III.             Les deux religions.

 

 

religion

« B.

Freud fait partie du trio de philosophes appelés par Ricœur « les philosophes du soupçon » avec Nietzscheet Marx.

En effet, pour Marx, la religion n'est pas un socle de notre conscience du réel, mais bien plutôt cequi en résulte et en assure la pérennité.

Dans la préface à la Contribution à la critique de l'économie politique , il distingue ce qu'il appelle une infrastructure de la superstructure.

L'infrastructure, c'est-à-dire le squelette de la société, ce sont les rapports déterminés dans lesquels entrent les hommes, et qui sont desrapports de production, c'est-à-dire des rapports issus des conditions de production dans un certain lieu àune certaine époque.

Par exemple, les sociétés esclavagistes grecques sont organisée selon le rapport deproduction du maître et de l'esclave : ce sont les esclaves qui produisent, et les maitres qui sontpropriétaires non seulement des terrains, mais aussi du fruit des esclaves et des esclaves eux-mêmes.

Laféodalité serait également une infrastructure, tout comme le système capitaliste avec les ouvriers.

Or, selonMarx, lorsque les hommes naissent, ils prennent place parmi des rapports qui existaient déjà avant eux et quidéterminent leur condition, leur vie.

Cela, c'est l'infrastructure de la société : qui possède quoi, qui travaillercomment et pourquoi et dans quelle condition.

La superstructure, c'est ce qui vient par-dessusl'infrastructure, comme le toit vient après les fondations de la maison, mais contribue à assurer la stabilité del'édifice.

Or, pour Marx, la religion (au même titre que la politique, la philosophie ou l'histoire) sont dessuperstructures.

Autrement dit, pour lui, ce ne sont pas les idées qui conduisent le monde : ce n'est pasparce qu'on croit que l'esclavage est bon que l'on décide d'instaurer l'esclavage comme moyen de production,mais parce que l'esclavage est le système le mieux adapté à notre production qu'on va ensuite le justifier pardes écrits (de médecine, d'histoire, de philosophie, de religion).

La théorie, l'idéologie vient toujours après lesfaits et ne vient que pour justifier les faits.

C.

Mais quel est au juste la spécifié de la religion par rapport aux autres superstructures ? elle est « l'opium du peuple », c'est-à-dire la drogue qui l'endort et lui rend la vie supportable Celle-ci a une fonction de "consolation " et de " justification ".

Dans un monde trop dur, elle joue donc un rôle pratique en introduisant une apparente logique dans un monde sans logique (un monde à l'envers) et en prodiguant des promessesque le monde est incapable de satisfaire.

Dans une telle vision de la religion comme superstructure, on voitque la religion ne change pas tant notre conscience du réel qu'elle ne rend le réel vivable, mais par celamême, elle en assure la pérennité.

Elle est un opium du peuple, que le peuple s'administre lui-même poursupporter sa misère et son exploitation.

Mais, aux yeux de Marx, ce type de protestation est inefficace,puisqu'au lieu de devenir lutte contre un monde injuste, elle organise l'évasion vers un monde imaginaire.

Elleest un frein à la transformation de notre conscience du réel, puisque l'ordre établi devient justifié ou négligéau profit d'un ailleurs meilleur mais illusoire. III. Les deux religions. A.

Pourtant, on pourrait dire que cette critique de la religion, bien qu'elle soit pertinente, ne comprend la religion que comme une religion établie, officielle, vécue collectivement, bref, comme une véritableinstitution.

N'existe-t-il pas un sens plus intime de la religion ? Bergson, dans les deux Sources de la Morale et de la religion distingue ce qu'il appelle la religion close et la religion ouverte.

Ce disant Bergson distingue " deux sources " à la religion : une source sociale et une source spirituelle, de nature essentiellementdifférentes.

Il définit l'une, sociale, comme étant close et l'autre, spirituelle, comme étant dynamique etouverte.

Est clos tout système enfermé dans des règles rigides (la pure observance des rituels religieux), habitudes produites par la société.

Il nous semble que c'est de cette religion là que parle Marx, religion quiaide à maintenir la cohésion de la société parce, pour Bergson, c'est sa fonction première.

Est ouvert ce qui exprime un élan spirituel : la religion dynamique qui transporte l'âme au-delà d'elle-même et offre une saisieimmédiate du divin et de Dieu.

B.

Cette religion, Bergson l'appelle le mysticisme, terme qui sans doute a fait peur, mais qui désigne le lien quiréunit entre eux les « initiateurs » en morale, les saints et les héros, tous ceux qui ont poussé l'humanitédans la bonne direction.

Cette religion ouverte ou dynamique est un passage à la limite, une essence pure,qui est susceptible de se mêler à des éléments de l'autre forme de religion dans les situations concrètes.

Lareligion close est donc une religion de la pérennité, qui est incapable de changements, qui ne transforme pasnotre conscience du réel mais au contraire la fossilise, par contre, la religion ouverte, c'est-à-dire la religiondes grands mystiques, religion qui s'écarte des dogmes, est une religion qui progresse, qui transforme aussibien le mystique lui-même que la société dans son ensemble, elle est donc un facteur de progrès, au seind'une société qui a avant tout besoin d'être consolidée. Conclusion En conclusion, on pourrait dire que la religion au sens de religion close, c'est-à-dire stable, immuable etinstitutionnelle ne transforme pas notre conscience du réel, ou du moins qu'elle ne la transforme que lors de laconversion : celui qui passe de l'athéisme à la foi change nécessairement sa façon de voire la vie, puisqu'il ne voitplus le monde comme un ensemble de faits, de choses et de situations qui ne sont que ce qu'elles sont, mais commel'avant d'un après, comme l'ici d'un ailleurs, comme le résultat d'une volonté divine.

Par contre, la religion ouverte,celle des mystiques, qui n'est encadrée et codifiée par aucun dogme ni aucune institution change la conscience quele croyant peut avoir du réel, parce qu'elle est par définition créatrice et tournée vers le progrès.. »

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