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La raison rejoint-elle la croyance religieuse ?

Publié le 17/09/2009

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• Les tentatives pour allier rationalité et religion n'ont cependant pas manqué. Le philosophe musulman Averroès en est un représentant. Et il relève, à l'appui de ses dires, les nombreux passages du Coran qui incitent à la connaissance. Ainsi, pour lui, la connaissance scientifique du monde ne peut pas être contraire à ce que dit le Livre de Dieu, car «la vérité ne peut contredire la vérité«. S'il y a des différences apparentes, elles tiennent au fait que le texte religieux est fait pour être accessible à tous; tandis que la science, qui montre les vérités sans voile ni métaphore, nécessite une éducation approfondie.  • Parmi les philosophes médiévaux qui se sont attachés à mettre la raison au service de la foi, il faut citer aussi saint Anselme, qui a proposé la  «preuve ontologique« de l'existence de Dieu (qui sera reprise par Descartes): celle-ci consiste à dire que, Dieu étant défini comme l'«être maximum«, celui qui a toutes les qualités poussées  à leur plus haut degré de perfection, son existence fait nécessairement partie de sa définition. Car l'existence est une plus grande perfection que la non-existence. La raison démontre donc que Dieu existe.

« FREUD. D'origine juive, mais formé à l'école de la philosophie des Lumières, du darwinisme et de l'hellénisme, Freud s'est trèsvite démarqué de la religiosité de sa famille.

C'est, de son propre aveu, ses réflexions sur l'origine de la culture quil'ont amené à rencontrer le phénomène religieux .

« Totem & Tabou » (1913), « Malaise dans la civilisation » (1930),« Moise & le Monothéisme » (1934), « L'avenir d'une illusion » (1927)., autant d'oeuvres qui témoignent de l'intérêtde Freud pour la religion.Dans cet ouvrage, Freud affirme que ce serait l'angoisse de l'homme devant la nature toute-puissante, angoisseanalogue à celle de l'enfant, qui aurait engendré, en quelque sorte, le comportement religieux.

En personnifiant lesforces naturelles sous formes d'êtres supérieurs, parfois terrifiants, mais pourvus d'une volonté semblable à celle deshommes, en attribuant aux dieux les caractères que l'enfant attribue au père, les hommes auraient cherché àexorciser l'angoisse due à la cruauté de la nature.La première fonction de la religion serait donc d'humaniser la nature, de protéger l'homme contre celle-ci.

Mais,humaniser la nature, c'est aussi la tâche de la civilisation.

Or, si celle-ci rend la nature plus supportable, elle imposenéanmoins à l'homme des privations et des souffrances qui, à leur tour, suscitent l'anxiété et le besoin d'undédommagement ou d'une consolation.

La religion aurait donc aussi pour objectif de protéger l'homme contre « lesdommages causés par la société humaine ».

Ainsi la religion serait une satisfaction de notre désir archaïque d'êtreprotégé et aimé.Mais la religion apporte-t-elle vraiment une réponse à l'angoisse de l'humanité ? D'où les idées religieuses, qui nereposent ni sur l'expérience ni sur la raison, tirent-elles leur force, sinon de nos désirs d'un univers ordonné danslequel l'angoisse peut être rendue supportable ? La religion n'est-elle donc pas une croyance conforme à nos désirs,cad une illusion ? Ne nous enferme-t-elle pas dans l'infantilisme ? Ne serait-il pas préférable que les hommesaffrontent la réalité sans le secours de la religion ? Ne faut-il pas, en particulier, désacraliser les interdits sociaux demanière à ce que les hommes, comprenant les nécessités de la vie sociale, supportent mieux « la pression qu'exercesur eux la civilisation » ? L'essai d'une éducation non religieuse ne vaut-il pas la peine d'être tenté ?Telles sont les questions que Freud examine à partir du chapitre IV de « L'avenir d'une illusion », au cours d'undialogue entre lui et un contradicteur imaginaire.

Le texte étudié est un plaidoyer pour une éducation sans religion. Commentaire du texte. I.

Ce que Freud met en cause est la thèse exprimée par un contradicteur (supposé) : l'homme ne saurait se passerde la consolation qu'apporte l'illusion religieuse.II.

Mais la réponse apportée doit varier, en oui ou en non, selon le type d'éducation donnée à l'enfant.III.

Jusqu'à présent la réponse est oui, mais on peut d'ores et déjà envisager la nouvelle situation qui résultera pourl'homme, d'une « éducation en vue de la réalité ».IV.

Car dépasser le stade de l'infantilisme est un progrès possible que Freud appelle de ses voeux. I.

La discussion déjà engagée antérieurement (« lorsque poursuivant vos déduction ») se relance avec le « ainsi »qui ouvre le texte où chacun est le contradicteur de l'autre.La thèse adverse est rapportée clairement : « L'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation quelui apporte l'illusion religieuse ».

Mais Freud est en désaccord avec une telle position et la suite du texte vapermettre à Freud de retourner cette thèse : l'homme pourrait vivre sans « l'illusion religieuse » non pas en partantde la réalité d'aujourd'hui mais en l'inscrivant comme programme éducatif d'une société adulte à venir. II.

Cependant, c'est Freud, par le procédé littéraire du pseudo-dialogue, qui est bien sûr amené à rédiger la thèse deson contradicteur.

Aussi dans la formulation on retrouve le vocabulaire Freudien.

Plus particulièrement le termed'illusion.Une telle notion n'est pas remise en cause : l'illusion religieuse est bien une croyance dans laquelle domine laréalisation d'un désir.

L'illusion religieuse est bien le moyen pour l'homme civilisé de supporter « le poids de la vie »,de compenser « la réalité cruelle ».

Ceci est la thèse même de Freud, acceptée par son contradicteur supposé.

Cequi, de la thèse, fait l'objet du débat, c'est le caractère nécessaire, oui ou non, d'une telle illusion. III.

La première réponse est oui.

Oui absolu, de la part du contradicteur : « l'homme ne saurait absolument pas sepasser de la consolation...

».

Oui, aussi, de la part de Freud, mais un oui relatif : oui actuellement, oui pour l'hommequi a reçu un certain type d'éducation : « Oui [pour celui] à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux poison ».

Lestermes de Freud dénoncent le crime : un empoisonnement, son caractère prémédité et lent (« instillé »), la faiblesseparticulière de la victime (« dès l'enfance ») ce qui rend le crime plus odieux encore.Mais la réponse de Freud est un non, implicite.

Car, pense-t-il, une autre éducation est possible, bien qu'elle n'aitjamais encore été tentée, sans drogue (une éducation dans « la sobriété »), sans « l'ivresse » de cette drogue, dece poison qui fait oublier (« qui étourdit ») la souffrance.La réponse de Freud est aussi un non explicite.

Car, pense-t-il, une autre éducation est possible, mais on n'a pointde témoin de cela car elle n'a jamais encore été tentée (« Qui a été élevé ? »).

Une éducation qu'on peut imaginer(« peut-être ») ne produisant aucune névrose.

Donc une éducation ne fabriquant pas de malades (de névrosés) , etpar conséquent, ne nécessitant le recours à aucune drogue (une éducation dans la « sobriété »), à aucun poison(aucune potion) qui fournit « l'ivresse » pour « étourdir » (et faire oublier).. »

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