La raison peut-elle inspirer une passion ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Or, d'après ce
dernier exemple, quelqu'un de rationnel du point de vue des moyens peut être
irrationnel quant à sa fin. Mais en réalité il n'y a pas à proprement parler de
contradiction, puisque le passionné d'argent est dit irrationnel car il a fait
un mauvais calcul, en admettant qu'il cherche le bonheur. Le bonheur est
toujours considéré comme la fin légitime, ce qui est toujours visé en dernière
instance. Il faut, pour envisager la possibilité d'une action de la raison sur
les passions, distinguer la délibération sur les moyens de fins particulières,
qui sont autant de séquences dans lesquelles la raison est au service d'une fin,
de l'intervention rationnelle qui permet de corriger la prétention d'un moyen
(l'argent) pour aboutir à la fin recherchée par tous (le bonheur) et qu'il faut
définir. Dans ce deuxième usage la raison peut apparaître comme ce qui ordonne
des passions particulières de telle manière qu'elles servent ce qui est à
lui-même sa propre fin c'est-à-dire le bonheur. Pourtant dans ce second cas ce
n'est pas la raison qui inspire la passion mais la raison au service d'une
passion plus haute qui ordonne et hiérarchise les autres passions.
b) Dans un autre sens encore, l'usage de la
raison peut nous faire découvrir des principes éthiques qui s'opposent à nos
passions. Les lois morales kantiennes ne sont pas soutenues par une passion,
mais par la volonté intervenant dans le cadre d'un devoir. Il est cependant
difficilement compréhensible d'envisager une telle possibilité sans une certaine
passion du devoir, voire une passion de l'ordre. Ainsi, il existe très
certainement une passion de la raison, une passion de tout ce qui est rationnel
si vive, si puissante, qu'elle prétend pouvoir investir le monde entier et tout
expliquer.
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