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La politique nous concerne-t-elle tous ?

Publié le 22/02/2012

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Combien de fois dans la vie de tous les jours n'entendons nous pas la réplique : « Je ne m'occupe pas de politique ». Cette forme de dédain ou du moins cette mise à distance de la politique s'explique par le fait qu'on l'associe immédiatement à l'idée d'exercice du pouvoir. Or, cet exercice apparaît bien souvent comme une activité spécialisée dont seuls les initiés pourraient se préoccuper. Par cette considération, le sens premier, étymologique du mot nous échappe. En effet, la politique, c'est d'abord et avant tout ce qui permet à l'homme de vivre en communauté, au sein d'une cité (polis). Ce terme prend alors une signification bien plus large dans la mesure où il pourrait se définir comme tout ce qui concerne la vie collective. A partir de là, on peut reprendre l'idée de Jules Renard pour qui se dire désintéressé de la politique, c'est comme dire « je ne m'occupe pas de la vie ! ». Cette affirmation n'a aucun sens : si l'on ne s'intéresse pas à la politique, celle-ci s'intéresse à chacun d'entre nous, en déterminant notre condition. Avec l'emploi de l'expression « être l'affaire de », le sujet invite à prendre en compte la polysémie du mot et peut donc se diviser en deux interrogations : « la politique concerne-t-elle tout le monde ? » et « tout le monde doit-il participer aux affaires politiques ? ».

« bâtir un État stable et puissant.

C'est pourquoi le Prince doit prendre seul les décisions et maintenir la stabilité del'État en rusant avec le peuple.L'homme est donc toujours concerné par la politique puisque c'est elle qui le conditionne au sein de la société.

Maiscela ne veut pas forcément dire que chaque individu doive participer à l'action politique.

Ainsi, pour Machiavel, lebien de la société impose que les décisions ne soient prises que par le Prince, aidé de ses conseillers dans la mesureoù, les hommes étant naturellement méchant, ils ne sauraient choisir ensemble un gouvernement stable, la rivalitédes uns avec les autres empêchant toute entente. Peut-on considérer la vie commune non plus comme une contrainte mais comme un moyen d'épanouissement del'homme ? En quoi cela implique-t-il une participation active de chacun à la vie politique ?Ce point de vue, c'est celui d'Aristote tel qu'il le définit dans son ouvrage La Politique.

Selon lui, l'homme ne peut sedéfinir en dehors de ses conditions d'existence dans la société.

On ne peut définir l'homme adéquatement si on leconsidère dans son état isolé, en tant qu'être solitaire.

Selon l'analyse aristotélicienne, l'homme est un « animalpolitique ».

Autrement dit, sa nature ne s'accomplit que dans la cité.

Pour Aristote, la nature d'un être, ce n'est pasce qui se dégage originellement en lui mais c'est ce à quoi il tend.

Elle se constitue de possibilités qui attendent leurréalisation.

Par conséquent, un homme qui ne vit pas dans une communauté politique ne réalise pas sa natured'homme : il reste un être inachevé.

Les formes inachevées de réunion des hommes en foyer, puis en villagesoulignent cette tendance de l'homme à la vie en société.

Il ne peut pourvoir seul à tous ses besoins, certainsd'entre eux ne pouvant être comblés que par la réunion des individus en famille, des familles en villages, des villagesen citées, elle seule permettant à l'homme l'autarcie, c'est-à-dire la satisfaction de tous ses besoins.

Cesconsidérations définissent la vie en communauté elle-même comme le moyen nécessaire à l'individu pour parvenir àse réaliser pleinement.

La politique doit donc être l'affaire de tous ou plutôt, chaque individu doit faire de la politiqueson affaire dans la mesure où ce n'est que dans son action politique que l'homme ne peut se réaliser.D'autre part, la participation à la vie politique est pour l'homme condition sine qua non de sa liberté.

En effet, pourêtre libre parmi les autres, l'homme doit agir par obligation volontaire envers eux, c'est-à-dire par devoir.

C'est ceque Rousseau développe aux chapitres 6 et 7 du livre 1 du Contrat Social.

Cette obéissance volontaire aux lois n'estpossible que si l'individu en question participe à leur élaboration.

C'est pourquoi l'homme a un double rapport à l'État: il est d'une part citoyen en tant qu'il participe à la vie politique et d'autre part sujet en tant qu'il obéit aux lois.Ainsi, la participation à la politique doit concerner chaque individu dans la mesure où elle est la condition sine quanon de leur liberté.

En effet, l'homme est d'autant plus libre politiquement qu'il obéit aux lois par devoir, parce qu'ilpense que c'est une bonne chose qu'il y ait des lois.

C'est pourquoi être libre volontairement, c'est être actifpolitiquement, c'est avoir le sens du droit commun.

Par le Contrat Social, « chacun de nous met en commun sapersonne et toute sa connaissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevons en corpschaque membre comme partie indivisible du tout.

».

Par cette action, ma volonté individuelle va s'exprimer à traversla volonté générale.

A partir de là, l'individu va pouvoir se définir comme libre politiquement.

Dans la mesure où cetteliberté politique ne peut s'acquérir que par « l'aliénation de chaque associé avec tous ses droits à toute lacommunauté », c'est à dire par un renoncement total de chacun à sa liberté naturelle, elle permet de fonder l'égalitéentre les hommes.

Ce renoncement à ma liberté naturelle qui me fait agir pour moi-même, par moi-même et avecmoi-même va ainsi permettre l'union la plus parfaite possible entre les hommes puisque tous sont égaux devant laloi.

Cette union, c'est ce qui va me permettre d'envisager les autres non plus comme contrainte mais comme uneextension de ma liberté.

Par conséquent, non seulement l'homme est par définition concerné par la question politiquemais il doit en plus prendre part activement à cette vie politique pour être libre.Or, cette liberté est présentée dans la Constitution des droits de l'homme et du citoyen comme un droit naturel del'homme.

Cette idée de droit naturel ne renvoie pas à l'idée d'état de nature dans la mesure où elle définit l'hommeen tant qu'animal politique mais elle inscrit l'homme dans la société en deçà de toutes les différences culturelles.Cela fait de la liberté un droit imprescriptible, inaliénable de l'homme.

C'est ce qu'explique Rousseau dans le chapitreintitulé « De l'esclavage » dans le livre 1 du Contrat Social.

En effet, on ne peut aliéner que ce que l'on possède.

Or,nous ne possédons pas ni notre liberté ou ni notre vie, car ce sont des qualités qui ne relèvent pas de l'avoir.

Parconséquent, nous n'avons pas notre vie et notre liberté, nous sommes vivants et libres, nous sommes notre vie etnotre liberté.

Elles nous qualifient comme hommes.

C'est pourquoi, « renoncer à sa liberté c'est renoncer à sa qualitéd'homme ».

A partir de là, le système politique où évolue l'individu ne peut être considéré comme légitime que s'ilpermet à tous de participer à la vie politique.

La forme de l'État doit donc faire en sorte que tous interviennent dansles choix qui regardent l'organisation de la cité, la conduite des affaires, à un moment donné, ne serait-ce que par levote.

Cette condition, c'est ce qui permet de caractériser l'État démocratique.

Ainsi, l'homme doit avoir la possibilitéd'agir politiquement pour faire jouer sa liberté.

C'est pourquoi, face à un droit non légitime qui pousse les hommes àagir par contrainte et ne leur permet pas d'agir par devoir, l'individu n'a plus aucune obligation morale d'obéir à la loi.Il est en droit et même dans le devoir vis-à-vis de sa propre liberté de se révolter.

L'installation d'une démocratiedonc met du temps.

Elle suppose toujours un combat, qu'il fasse, ou non, appel à la force, contre un système qui nepermet pas l'expression de la liberté de chacun.

C'est pourquoi, non seulement le citoyen doit exiger le respect desa liberté politique mais aussi se donner lui-même les moyens d'être à l'origine de sa propre détermination enagissant pour sa liberté, c'est-à-dire en agissant politiquement par devoir civique.

Le droit de vote constitue sansdoute un des symboles les plus représentatifs de la démocratie.

C'est pourquoi il est une revendication essentielledes peuples opprimés.

Cette liberté politique n'a toutefois du sens que si on lui permet d'être le fruit d'une réflexionindividuelle.

La politique suppose donc une éducation.

Pour faire son choix au sein de ce jeu politique proposant demultiples choix à travers les partis et leurs divisions sociales, le citoyen doit disposer d'une culture politique, uneculture civique qui repose sur la connaissance de chacun du système politique et la capacité à juger les différencesforces en présence.

Ce jugement ne peut être libre que si toutes les clefs sont données à l'individu pour ledéterminer.

L'action politique n'est donc le moyen d'expression de la liberté de l'individu uniquement si elle part d'une. »

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