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La philosophie: un danger ?

Publié le 22/02/2012

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   La philosophie se définirait, en première instance, comme une exigence spirituelle, un retour critique sur le vécu, une faculté de la pensée critique. Elle actualiserait le pouvoir de la pensée négative. Elle aurait ainsi comme fin essentielle de briser l'assurance, la confiance en soi- même et le contentement de soi du sens commun. En somme, face à la puissance des faits donnés, la réflexion philosophique figurerait le pouvoir de la pensée qui dit non, qui met en question. Le philosophe entreprend de tout mettre à distance, de tout repenser par soi-même, de renverser toutes les opinions admises jusqu'ici pour tenter de les reconstruire. Ainsi en est-il du "doute cartésien", exercice exemplaire de la négativité philosophique. Le philosophe mettra en doute toutes les opinions antérieurement admises, tous les préjugés, de manière à parvenir à une connaissance certaine et indubitable. Il doutera du sensible, des vérités corporelles, de l'immédiateté concrète, mais aussi des vérités mathématiques, car un certain Mauvais Génie (hypothèse cartésienne, dans les Méditations métaphysiques) peut nous tromper en toutes choses, y compris dans le domaine de l'évidence mathématique.
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« de corrompre la jeunesse et de ne pas croire aux dieux de la Cité.

Il meurt, comme chacun sait, en buvant laciguë. Nous pourrions continuer indéfiniment la liste de nos exemples. Giordano Bruno périt en 1600 sur le bûcher, expiant ses fautes théologiques. Spinoza lui-même apparaît comme le "Juif des Juifs", puisqu'il est exclu de la communauté juive d'Amsterdam en 1656.

Les rapports de la philosophie et de la Cité ne sont pas faciles.

La Citéconstitue une menace pour l'ordre de la société, elle représente bel et bien un danger parce qu'elle est une armeoffensive et critique., bien souvent sociale et politique.

Ainsi le rationalisme cartésien s'est avéré une armecritique .

"Au moment où la bourgeoisie entreprenait de saper les institutions de l'Ancien Régime, il s'attaquait aux significations périmées qui tentaient de les justifier." Sartre, Critique de la raison dialectique . La philosophie semble donc dangereuse, elle constitue une menace dans la mesure où elle ébranle les certitudesdu sens commun, les opinions politiques ou morales habituelles.

Quel est son vrai danger ? Mettre à distance,séparer, éloigner l'individu du tout social.

Elle semble critique et dissolvante.

Elle sépare ce qui était réuni.

En cecirésiderait son péril majeur.

Elle compromet l'existence et la sécurité des divers systèmes d'ordre.

.

Néanmoins, sielle annonce le péril du "questionnement", de l' interrogation, en retour, elle donne à voir les mondes à venir, lesavenirs qui se construisent, certaines formes d'utopies sociales ou politiques.

Elle ne semble dangereuse querelativement , et non point certes, dans l'absolu.

Concluons, en toute première analyse que si péril il y a, ce périln'est péril que relativement à l'ordre établi, non point dans l'absolu. B/ ANTITHESE: Mais ce danger et cette menace sont-ils bien inhérents à la philosophie en général ? C'est sur ce point que nouspouvons maintenant faire porter le débat et la discussion.

Est-il bien certain que la tâche philosophique seconfonde avec l'exercice même de la négativité et du doute, exercice critique gros de tous les périls de la pensée,telle est la question qui se pose maintenant à nous.

Ainsi notre problème pourrait-il s'évanouir de lui-même: l'amourde la sagesse ne serait plus porteur de malaise, de périls ou de menaces.

Or l'exercice philosophique ne sauraitêtre placé sous le seul' angle de la négativité critique.

La tâche du philosophe peut être comprise aussi à travers larecherche de la totalité.

Au travail de la négativité et du doute, à la philosophie critique s'impose ou plutôts'oppose un autre type de recherche philosophique, qui semble par moments ne comporter aucune inquiétude,aucune remise en question, fort peu d'étonnement réel.

Ici, ce qui compte, ce n'est plus la prise de conscience del'ignorance, mais bel et bien le "savoir absolu". Alors la philosophie se confond avec l'établissement du système et la vision de la totalité.

Nous la définirons comme la recherche d'un discours cohérent portant sur le tout de laréalité.

La philosophie devient discours cohérent et exhaustif.

Ainsi en est-il chez Hegel où la philosophie découvrele système absolu.

Alors la tâche du philosophe semble être simplement de comprendre globalement etsynthétiquement ce qui est.

Qu'est-ce que philosopher ? C'est unifier, accorder entre elles les connaissances etles activités humaines, c'est montrer qu'elles relèvent de la même totalité.

On nous rétorquera que ce point de vue"totalitaire" et réaliste n'est nullement incompatible avec la dialectique critique et négative.

En fait il est certainque, par exemple, le point de vue essentiellement totalisant a été plus ou moins développé chez Hegel lorsqu'il a publié les Principes de la philosophie du droit (en 1821) à Berlin.

Ici, ce qui prime, c'est le « système », c'est le « palais d'idées ».

Dès lors, la philosophie, ensemble cohérent et systématique se borne à dire ce qui est, demanière fort réaliste et ne semble guère annoncer de menace ou de péril pour l'ordre de la pensée, de l'histoire oude la politique.

Ainsi Hegel apparaît-il, par moments, simple philosophe d'Etat, hors de tout exercice critique etdissolvant. De la sorte, dans la Préface de la Philosophie du droit , Hegel nous donne-t-il à voir cette tâche descriptive de la philosophie.

Elle ne critique pas, elle ne dissout pas, elle ne pratique pas l'exercice du soupçon.

Que fait-elle alors?Elle conçoit ce qui est, le "réel" tel qu'il se manifeste, l'existence dans sa réalité.

Elle ne peut que connaître. Comment ce travail réaliste et objectif pourrait-il présenter quelque danger ? Non, la philosophie n'est pas dangereuse; elle n'annonce nul péril, elle ne nuit à aucun ordre, puisque, précisément elle dit simplement l'ordredes choses. "Concevoir ce qui est, est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c'est la raison.

(La philosophie) résume son temps dans la pensée." Ainsi la philosophie, loin de séparer, de disjoindre, réconcilie avec la réalité.

Le philosophe est d'autant moins dangereux qu'il se borne à comprendre l'histoire et à l'élever au concept.

Il ne créepas l'histoire, il ne la fait pas, il est le simple lecteur d'une histoire déjà faite, il la met au jour quand le travailhistorique est terminé.

Il pense l'histoire, mais n'agit pas sur elle et, se tenant simplement dans l'ordre des faits, neprésente aucune menace pour la Cité ni les gouvernants.

Notons que cette seconde vision peut sembler présenterune certaine légitimité: Hegel était philosophe d'Etat. Ainsi la philosophie n'est pas seulement l'exercice critique de la négativité, elle est aussi bien souvent le discoursexhaustif et cohérent sur ce qui est, la conception d'ensemble du réel.

Alors le philosophe, loin d'être animé parl'esprit d'inquiétude ou d'utopie se borne à décrire ou à justifier respectueusement l'ordre établi.

La réalité est d'ailleurs rationnelle, pense Hegel, elle obéit au développement de la raison et de l'Idée.

Inutile de la critiquer, de ladissoudre en pensée.

Il suffit de laisser le réel tel qu'il est.

S'en accommoder est suffisant.

Où est alors le péril dela philosophie? Evanoui.

Disparu.

La philosophie se borne à justifier le présent, à affirmer la rationalité dudevenir. Le réel est rationnel.

Le rationnel est réel , affirme Hegel.. »

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