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La philosophie de Saint-THOMAS

Publié le 30/10/2009

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Le XIIIe siècle passe souvent aujourd'hui -pour un siècle d'ordre et de pensée unifiée. N'est-il pas l'âge « catholique « par excellence, l'époque où la vérité est, reconnue universellement ? (catholique veut dire en grec universel). C'est pourquoi tous les amateurs d'ordre, tous les amoureux des périodes « organiques « (par opposition à « critiques « dans le langage saint-simonien), d'Auguste Comte à Charles Maurras, regardent ce siècle avec envie. Le pape Innocent III qui créa l'Inquisition et confirma les ordres mendiants franciscains et dominicains, est aussi celui qui donna son statut à l'Université de Paris. Cette dernière qui accueille des maîtres de tous les pays ( anglais comme Alexandre de H aies, italiens comme saint Bonaventure et saint Thomas ; allemands comme Albert le Grand) peut passer pour le symbole de cette Europe pensante unifiée par la foi chrétienne. Vu de plus près le XIIIe siècle est un siècle de discussions, de hardiesses intellectuelles, d'innovations extraordinaires. Il est marqué notamment par les conflits entre les théologiens franciscains, disciples de saint Augustin et les théologiens dominicains qui avec saint Thomas se rangent sous la bannière d'Aristote. Car l'assimilation de la doctrine d'Aristote par la pensée chrétienne est le grand événement de l'histoire intellectuelle du XIIIe siècle. Jusque-là on ne connaissait guère (par la traduction latine de Boèce) que la logique d'Aristote, l'Organon. Au commencement du XIIIe siècle, la Physique, la Morale et la Métaphysique d'Aristote vont se répandre dans les écoles. La scolastique va devenir péripatéticienne.  Cependant l'introduction de la doctrine d'Aristote ne s'opère pas sans résistance, et cela pour deux raisons.  a) Ce sont les infidèles qui vont faire connaître le Stagirite. Au moment où la civilisation islamique brille de son plus vif éclat, les philosophes arabes Avicenne (980-1036) et surtout Averroès (né à Cordoue en 1126, mort en 1198) traduisent Aristote en langue arabe et le commentent. Son influence se répand dans les grands centres intellectuels de l'Islam (Bagdad, Cordoue, Grenade etc.). Les juifs, en particulier l'illustre Maïmonide (1135-1204), serviront d'intermédiaires entre les Arabes et les Chrétiens.  b) La doctrine même d'Aristote paraît difficilement conciliable avec le christianisme.  — Tandis que pour les chrétiens le monde et le mouvement ont été créés par Dieu ex nihilo, pour Aristote ils sont deux, comme Dieu lui-même éternels, incréés.  — Pour Aristote Dieu est le moteur du ciel mais sa connaissance et sa providence ne descendent pas à notre monde sublunaire.  — C'est que Dieu n'agit pas sur le monde comme cause efficiente mais comme cause finale : On peut comparer le Dieu d'Aristote à une belle jeune fille qui par son charme attirerait à elle, mais sans s'en apercevoir, une foule d'amoureux. Ainsi le Dieu d'Aristote ignore-t-il le monde qui tend vers lui. Il n'est pas le Créateur. Il est la cause finale universelle, le Bien et le Beau que tous désirent.

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« la philosophie reçoit-elle dans son domaine propre une autonomie nouvelle.

La raison doit engager sa démarchelibrement d'après ses exigences propres.

Ce qui fait la valeur de la philosophie en tant que philosophie, ce n'est pasqu'elle est chrétienne, c'est qu'elle est vraie, rationnellement correcte.

En ce sens, saint Thomas est comme on l'adit le premier philosophe moderne.Bien entendu, Dieu étant unique, la vérité est une et il ne saurait y avoir aucune contradiction, aucun conflit entreles vérités de la foi et les vérités de la raison.

Lorsqu'un conflit apparaît entre un dogme et une affirmation de laraison, c'est tout simplement que cette soi-disant vérité rationnelle est en fait une erreur.

En ce sens, même si lephilosophe constitue sa science comme un tout achevé en dehors de la foi, le théologien reste le tuteur duphilosophe.

On voit aussi par là que le rôle attribué à la raison est plus modeste chez saint Thomas que chez saintAugustin, parce qu'il est plus modeste chez Aristote que chez Platon.Ce qui ne tombe pas sous les sens ne peut chez saint Thomas comme chez Aristote être saisi par l'intelligence.C'est pourquoi nous ne pouvons comprendre par la raison la substance de Dieu.

Nous pouvons seulement raisonner àpartir des données des sens.

Nous ne saisissons la cause créatrice que dans sa relation à l'effet.

Comme le dit trèsbien Bréhier « l'empirisme d'Aristote est érigé en sauvegarde contre l'indiscrétion de la raison qui voudrait scruter lesmystères» .

Retenons en tout cas que pour saint Thomas, à l'opposé du platonisme et de l'augustinisme, la sourcede toute connaissance est la connaissance sensible.

Pour passer à une connaissance générale, il faut quel'intelligence abandonne l'individualité de l'image, c'est-à-dire sa matérialité : telle est l'œuvre de l'intellect agent.L'intelligence devient alors « intentionnellement » la forme ainsi abstraite : tel est le rôle de l'intellect patient.Averroès avait posé ici un problème délicat : l'intelligence disait-il, ne peut être multiple en des individus diverspuisqu'elle saisit une forme universelle.

L'intelligence qui pense les universaux n'est-elle pas elle-même une formeuniverselle indépendante de la matière ? L'intelligence peut-elle dès lors avoir un rapport avec l'âme individuelle quiest la forme d'un corps organisé ? Saint Thomas rejette bien entendu ces conséquences qui conduisent aupanthéisme.

La théorie thomiste de la connaissance commande le type de preuves de l'existence de Dieu qu'il nouspropose.

Saint Thomas rejette la preuve de saint Anselme précisément parce que nous n'avons pas selon lui uneintuition rationnelle de l'essence divine.

Nous ne pouvons pas raisonner de l'essence à l'existence.

A ladémonstration de saint Anselme qui prend la quiddité — l'essence propre — comme moyen et conclut de l'essence àses propriétés, de la cause à l'effet, saint Thomas substitue la démonstration qui procède de l'effet à la cause.

Apartir du monde — que nos sens perçoivent — on peut remonter à Dieu, comme de l'œuvre à l'ouvrier, de l'effet à lacause.

Quant à la nature de Dieu lui-même nous ne pouvons la connaître que par analogie : de même que nousemployons le mot « voir » pour l'opération de l'intelligence, comme pour la vision sensible parce que l'intelligence està l'âme ce que l'œil est au corps, nous pouvons à la rigueur parler de la bonté, de la justice de Dieu comme nousparlons de la bonté ou de la justice d'un homme « Dieu est dans le même rapport avec ce qui le concerne que lacréature avec ce qui lui est propre ».

Mais en toute vérité l'essence de Dieu n'est pas susceptible d'êtrerigoureusement connue ni définie.Examinons les célèbres cinq voies par lesquelles le raisonnement thomiste s'élève du monde à Dieu. a) La première voie se tire du mouvement : tout ce qui est en mouvement est mû par autre chose, par un « moteur» qui le fait passer de la puissance à l'acte.

De moteur en moteur, on ne peut remonter jusqu'à l'infini : « il est doncnécessaire d'en venir à un premier moteur qui ne soit mû par aucun autre ; et ce premier moteur, tout le mondeentend que c'est Dieu.»Cet argument vient directement de la Physique d'Aristote.

Chez Aristote le moteur immobile est une cause qui faitpasser de la puissance à l'acte le mouvement circulaire contenu dans la matière des deux.

Pour saint Thomas, lepremier moteur sera cause créatrice.

Chez Aristote cette « preuve » implique l'éternité du monde.

Le premier moteurtoujours en acte doit produire éternellement les mouvements des deux.Pour saint Thomas l'éternité du monde n'est pas cependant démontrée : Car le fait pour Dieu d'être moteur dumonde est une relation qu'il a avec les créatures — et qui par conséquent n'appartient pas nécessairement à sonêtre, donc n'est pas nécessairement éternelle.

Au vrai, saint Thomas reconnaît qu'il y a des arguments de forceégale pour et contre l'éternité du monde.

La philosophie ne peut décider sur ce point.

Il faut donc se rapporter à lafoi pour affirmer que le monde est créé dans le temps.

Notons cependant que le monde peut fort bien être à la foiséternel et créé ; l'éternité du monde n'est pas son indépendance.

Comme le dira beaucoup plus tard Lachelier « Lacause première n'est pas d'un autre âge mais d'un autre ordre que les causes secondes.» b) La deuxième voie est tirée de la considération des causes efficientes : On ne peut pas remonter de cause encause jusqu'à l'infini: «L'infini en arrière est impossible ».

Donc « s'il n'y avait pas un premier terme dans la série descauses efficientes, il n'y aurait ni dernier ni intermédiaire ».

Il faut donc poser une première cause efficiente qui estDieu. c) La troisième voie est une réflexion sur le possible et le nécessaire.

Il y a dans la réalité des choses qui naissentet périssent, il est donc possible qu'elles soient ou ne soient pas.

Pour soutenir ces possibles « il faut qu'il y aitquelque chose de nécessaire dans l'univers ».

Un être nécessaire peut avoir sa cause dans un autre êtrenécessaire, mais — ici encore — on ne peut remonter à l'infini : « Il faut donc poser un être qui soit nécessaire parsoi-même, qui n'ait pas la cause de sa nécessité en dehors de lui, mais qui soit cause de la nécessité pour lesautres.

Cet être, tous l'appellent Dieu.» d) La quatrième voie, tirée du 2e livre de la Métaphysique d'Aristote procède à partir des degrés que nous trouvonsdans les choses.

Puisque nous reconnaissons qu'il y a des choses plus ou moins belles, plus ou moins bonnes, etc..c'est donc qu'« il y a quelque chose qui est souverainement vrai, souverainement bon, souverainement noble et parconséquent qui est souverainement être...

Il y a donc un être qui pour tous les êtres est cause de leur être, de leurbonté et de toute perfection ; et cet être, nous l'appelons Dieu.». »

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