La parole est-elle le meilleur moyen d'échanger des idées ?

Introduction : La parole est ce par quoi le langage humain inscrit sa matérialité dans le monde. Elle est profération, appel, dialogue, et elle se distingue du langage écrit par son caractère vivant, spontané, et assignable immédiatement à une personne : il n'y a pas de parole sans prise de parole par un sujet parlant. La parole apparaît comme le propre de l'homme, elle lui est inhérente et inaliénable. La parole est un moyen de communication et un moyen d'expression : c'est pourquoi elle semble la plus adaptée pour l'échange (= la communication) des idées (= expression de notre pensée). Pourtant, les idées se forment dans le processus lent de la pensée conceptuelle, elles s'élaborent petit à petit dans la réflexion, et semblent donc bien loin de « l'ici et maintenant » de l'oralité de la parole. Les idées se diffusent par le biais des livres, au travers des us et coutumes, des cultures, etc. La parole est-elle alors le meilleur moyen d'échanger des idées ? 1ère partie : La parole rigidifie nos pensées et trahit nos idées. - La parole utilise un langage institué, fabriqué, qui est un médiateur de nos pensées, mais ne présente jamais nos idées telles qu'elles sont en notre esprit. Nos idées sont prises dans le carcans des mots, des structures langagières, qui ne reflètent pas exactement nos idées, et n'en sont qu'une approximation, c'est-à-dire, un moyen de s'en approcher. Prisonniers des structures du langage, il semble que lorsque nous parlons, nous ne disions jamais tout à fait ce que nous pensons. Ainsi, la parole ne nous permet pas d'échanger nos idées telles qu'elles se forment en notre esprit, car leur mise en forme dans le langage pour les prononcer les a altérées, déformées. L'échange des idées permit par la parole est alors un échange faussé, car l'interlocuteur ne reçoit pas l'idée exactement telle que la conçoit le locuteur, mais seulement une approximation mise en parole.