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La musique en France de Cambert à Rameau

Publié le 26/02/2010

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La période qui s'étend depuis les premières productions de Cambert jusqu'aux dernières Oeuvres de Rameau présente dans l'histoire de la musique française une réelle unité, et mérite d'y former un chapitre à part, qui est nettement délimité par les faits. Cette période d'un siècle (1660-1760 environ) coïncide avec les deux grands règnes de Louis XIV et de Louis XV, avec les grandes productions de la littérature dite classique, et aussi avec la création et l'épanouissement de l'opéra français. L'influence de la musique italienne qui rayonne sur l'Europe depuis le XVIe siècle, se manifeste alors en France à plusieurs reprises, mais d'une manière beaucoup moins profonde que dans les autres pays. Aussi la musique française conserve-t-elle à cette époque l'originalité très nette, qui la distingue entre toutes, qu'il s'agisse des Oeuvres vocales, instrumentales ou dramatiques. Dans la musique vocale, c'est l'âge d'or de l'air de cour, appelé ensuite air sérieux dont la vogue se développe pendant le règne de Louis XIV, grâce à d'excellents maîtres de chant, tels que De Nyert († 1682) et Bacilly († vers 1699). Les principaux compositeurs en ce genre, avec Bacilly, furent Michel Lambert († 1696), qui devint le beau-père de Lully, Le Camus († 1697), De Mollier († 1688) et Cambert lui-même. La mélodie, d'une sobriété parfois très expressive, reprend un peu plus de liberté dans les variations du second couplet, désigné sous le nom de "double".

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« A côté des sonates, le genre du concerto fut également adapté au goût français, à partir de 1730, par les musicienstels que Jacques Aubert († 1753), Leclair lui-même, et plusieurs autres sonatistes, parmi lesquels va bientôtparaître, après 1760, un nouveau compositeur de marque, Pierre Gavinies (1728-1795).

La transformation du styles'étend peu à peu aux autres instruments : la flûte où excellent La Barre († 1743), Hotteterre († 1760), et Blavet(1700-1768), les hautbois et musettes, les cuivres, le violoncelle, et même l'antique basse de viole, qui brille d'undernier éclat avec Marais († 1738), Forqueray († 1745) et de Caix d'Hervelois († 1760). Ainsi s'élaborent les éléments de la symphonie française qui sera définitivement constituée après 1750, quand lescors et les clarinettes seront régulièrement associés à l'ensemble instrumental. D'abord représenté par des Oeuvres de l'ancien type Suite, elle acquiert sa physionomie propre grâce à la diffusiondes symphonies allemandes de l'école de Mannheim, dont plusieurs sont exécutées au concert spirituel.

Lespremières réalisations marquantes dans ce domaine sont fournies par Gossec (1734-1829), surtout à partir de sesSymphonies de 1759. Dans cette élaboration de l'art symphonique français, il convient aussi, à côté des influences étrangères, de faireune place aux grandes pages instrumentales de l'art dramatique, telles que les ouvertures, les préludes et les diversaspects de la musique de scène. L'opéra proprement dit n'est définitivement créé en France que vers 1670.

Mais il y avait, bien avant cette date,une musique dramatique française, dont le principal genre est le ballet de cour.

Le ballet possédait la plupart deséléments musicaux de l'opéra ; les préludes d'orchestre, la musique de danse ou de pantomime, les chOeurs, etcertains airs de chant appelés "récits". Pendant vingt ans, avant d'aborder l'opéra, Lully se consacra tout entier au ballet de cour, qu'il enrichit de musiqueet de chant, et il créa avec Molière, de 1664 à 1671, le genre charmant de la comédie-ballet.

Il intercale desentrées de ballet entre les actes des opéras italiens représentés à Paris vers 1660, sans paraître se soucier d'écrirelui-même un opéra français. Pendant ce temps, le musicien Cambert (1628-1677) et son librettiste Perrin tentaient de créer en France desreprésentations publiques d'opéras sur le modèle des Italiens, et obtenaient, à cet effet, un privilège du roi (1669).Deux opéras de Cambert, en 1671 et 1672, permirent d'entrevoir l'avenir de ces tentatives.

Alors Lully racheta leprivilège, monopolisa la musique dramatique en France, et donna dès 1673 sa première "tragédie en musique",Cadmus et Hermione.

Il devait en composer quinze. Le Florentin demeura jusqu'à sa mort le maître absolu de la musique française, écartant impitoyablement tous sesrivaux.

Entre ses mains, l'opéra français devint une forme d'art extrêmement originale, qui doit, peut-être, moins auxmodèles italiens qu'à la tradition nationale du ballet.

Le seul élément qui manquât à cette tradition, le récitatif, futcréé d'après la déclamation des acteurs de la Comédie-Française.

Le musicien, providentiellement servi par unlibrettiste tel que Quinault, trouve le moyen d'unifier tant d'éléments divers en accord avec l'action dramatique.L'opéra ainsi constitué s'épanouit à l'apogée du règne de Louis XIV et demeure comme un monument de lamagnificence du grand siècle. Après la mort de Lully, les musiciens qu'il avait écartés peuvent aborder à leur tour la scène de l'Opéra.

Marc-Antoine Charpentier, grand artiste français nourri de musique italienne, y donne, en 1693, une remarquable Médée etHenri Desmarets commence la même année une brillante carrière qu'il achèvera à l'étranger.

Pendant la fin du règnede Louis XIV et pendant la Régence, la musique dramatique française est représentée par plusieurs autres musiciensde valeur, dont trois au moins connurent d'éclatants succès : Campra (1660-1744), Destouches (1672-1749) etMouret (1682-1738). Tous ces musiciens suivirent à l'Opéra les traces de Lully, dont la grande ombre domine la musique française jusqu'àla veille de la Révolution.

Mais ils y apportent aussi, avec leur tempérament personnel, certaines innovations.

La plusimportante est la création de l'Opéra-ballet, inaugurée en 1697 avec l'Europe galante de Campra.

Ce nouveau genre,sur lequel on se méprend souvent, n'est pas un opéra avec des ballets, mais un opéra en forme de ballet, c'est-à-dire où les différents actes ont des sujets différents, reliés seulement par une idée commune très générale (lesGrâces, les Saisons, les Éléments).

L'opéra-ballet, moins fatigant à suivre que les longues intrigues de l'opéra, séduitles contemporains du Régent et de Louis XV.

Rameau lui-même a donné dans ce genre quelques-uns de ses chefs-d'Oeuvre, parfois rehaussés par de grandes pages dramatiques. Rameau aborda le théâtre en 1733, à l'âge de cinquante ans, avec l'opéra d'Hippolyte et Aricie, dont le public sentitvivement la nouveauté.

Depuis cette date jusqu'à sa mort (1764), il ne cessa d'écrire pour l'Opéra.

Il se conformeau cadre général tracé par Lully, mais avec une densité de musique encore inusitée sur la scène française.

Il utiliseles dernières acquisitions de l'art et les résultats de ses longues recherches théoriques pour réaliser des effetsdramatiques d'une puissance toute nouvelle.

Ses contemporains français ont ressenti, devant ses plus hautesinspirations, une impression de grandeur écrasante que l'on peut comparer à celle qu'ont produite dans l'Europe duXIXe siècle les drames de Wagner.

Rameau est, en ce sens, un authentique précurseur de Gluck, et plusieurs desinnovations attribuées à ce dernier dans sa réforme de l'opéra italien se trouvaient déjà réalisées dans l'opérafrançais.

La grande originalité de Gluck, outre son génie dramatique, est d'avoir choisi des sujets largement humains. »

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