LA MORT DE LA PHILOSOPHIE ?

1) Aujourd'hui la crise:

                On répète à l'envie que la philosophie est aujourd'hui en crise. C'est de ce constat de crise qu'il faut dire un mot en conclusion. Car il est vrai que la philosophie se porte mal, que ce malaise se manifeste bien par des signes et des symptômes, dont le plus évident est le discrédit de l'enseignement philosophique, remis régulièrement et périodiquement en question ou marginalisé et émietté.

                Mais la crise de la philosophie déborde largement la sphère universitaire. Car nous n'avons plus ni maître à penser ni production par les philosophes actuels d'une vision globale du monde intégrant les diverses sciences et les unifiant. Où sont ces penseurs d'exception qui orientaient la recherche, la dirigeaient et la fécondaient?

Depuis la mort de Sartre, il n'est plus de guide philosophique ni de maître à penser, plus de phares éclairant la vie et les valeurs, comme le furent Hegel au 19ième ou plus près de nous, Bergson, qui réfléchit sur la pensée, les valeurs morales, mais aussi la science et la théorie de la relativité. Nul n'a pris la relève, nul ne fait de nos jours le tour des problème. Où est le philosophe, prince du Savoir, apportant un projet de compréhension globale du monde et de l'homme? Les formidables synthèses théoriques qui ordonnèrent la connaissance, de Platon jusqu'à Bergson ou Sartre, semblent avoir disparu de nos jours. Les grands aventuriers de la pensée et de la réflexion ne sont plus. Nos théoriciens actuels travaillent dans le fragmentaire et ignorent les grandes visions cohérentes du monde.