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La moralité est elle utile à la vie sociale ?

Publié le 16/03/2009

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En la relation d’utilité articulant la moralité à la vie sociale consiste le thème de cet énoncé. La relation d’utilité suppose une dimension de valeur comprise dans sa teneur d’usage. Etre utile implique la disposition, la possibilité de l’exercice d’un outil à quelque fin. Dans le cadre de la “ vie sociale ”, celle-ci entendue comme collectivité à laquelle appartient l’homme de par son essence (Aristote), l’utilité se constitue selon une logique économique – propre à la communauté (parenté étymologique) – de la gestion des valeurs instituant un ordre. Cet ordre, finalité de l’usage, doit assurer l’arrangement respectif du savoir (science) et du pouvoir (politique et judiciaire) en tant domaines formant la totalité de la structure de la vie sociale, c’est-à-dire participant de la mondanéité. Quant à la moralité, ablatif absolu, elle signifie l’essence de la morale, autrement dit sa teneur eidétique. Ainsi peut-elle être caractérisée par les concepts de devoir et de transcendance qui en permettent alors la saisie par contraste envers l’horizontalité de l’immanence éthique.

Dès lors, le problème majeur se révèle porter sur la possibilité d’une relation de causalité (efficiente ou formelle) entre deux règnes préalablement clivés par le lexique même de l’énoncé. Outre que la notion d’utilité se construit, en tant qu’immédiateté du bénéfice de la valeur (d’usage), sur le dépassement de la dualité qu’elle-même pose – ainsi serait-elle l’opérateur d’une Aufhebung ; elle engage la direction de la dialectique des dualités par sa participation au domaine de la factualité – tout outil étant vorhandenheitbar. Interroger la possibilité de la confusion, ou de l’interpénétration, des règnes distincts (transcendance de la moralité et immanence ou empiricité de la vie sociale) selon les deux ordres de causalité susmentionnés est le réquisit implicite préalable à toute approche de l’énoncé.

A cette fin, deux mouvement peuvent structurer le déploiement de la réflexion : premièrement, opposer classiquement Kant et Hegel, comme respectivement opérateurs d’une possible transcendantalisation du mondain selon la causalité formelle (l’Idée, principe d’orientation) et d’une immanentisation de l’essence ou idéalité pensée en termes de réalisation, afin d’en souligner les apories relatives à un questionnement portant sur la valeur d’usage de l’idéal ; puis, dans un second temps, sonder le sens même de la dualité présupposée par l’énoncé en interrogeant le geste de la schize à même l’écart, et enfin l’existence de l’idéalité.

 

« Voilà conduite la réflexion à effectuer ce pas de retrait en deçà du clivagepour en penser les motivations, c'est-à-dire interroger généalogiquement lesconditions de possibilité de la dualité.

Il s'agit de penser en l'écart, depuis lelieu de déploiement de la dichotomie.

Ce n'est alors que par le rejet de lalogique de la raison (ou de l'entendement) pensant toujours dans les termesmondains de l'étant, ou de sa négation, selon l'identité, qu'est remis en causele procès de la dualité et de son dépassement.

Cet écart indique lemouvement de la genèse des opposés.

Mouvement génétique procédant d'unediffér ance à soi radicale, d'un re-pli où seul peuvent se constituer dans leur opposition les idéalités respectives du mondain et du transcendantal.

Eneffet, ce n'est que dans le rapport à soi du ‘en tant que' constitué dans sadifférence d'avec l'altérité que peuvent s'instituer dans leur stabilité lesditesidéalités.

Ainsi se trouvent-elles traversées de leur contraire, en tant qu'il leurest consubstantiel sur le mode négatif.

Intérieurement, les dualités sonttoujours plurielles et contradictoires, autrement dit elles ne sont pas dualitésparce qu'irréductible au binarisme de la dichotomie.L'instance (intramondaine) abolie dualités, la notion d'utilité commeintercesseur des règnes, opérateur de transition, ou encore lieu de latransaction, se décompose.

Hors de la dualité, elle ne peut plus alors qu'êtrepensée dans sa dimension ustensile strictement économique.

L'utilité devientenfin usure, procédé de thésaurisation de l'idéalité se constituantmétaphoriquement à partir de la concrétude de son contraire (la mondanéité).L'élaboration de l'idéalité de la morale procède ainsi à la subversion imagée de la sphère mondaine et immanente dela vie sociale afin de s'instituer dans sa transcendance.

La vie sociale est désormais utile à la moralité comme sonmatériau et son instrument.Mais les dualités abolies, ou du moins saisie dans leur procès génétique, les relations n'ont plus lieu de s'en tenir àl'univocité, ou à l'unilatéralité.

En conséquence, l'utilité, également plurielle, peut-elle à nouveau être renversée.Réinterprétant l'utilité, qui alors devient polyvoque, c'est-à-dire abolit la logique hiérarchique de l'utilité dansl'inépuisable interversion des fins et moyens, la moralité peut être dite utile à la vie sociale parce qu'au fondementde l'illusoire (idéalité) nécessaire au maintient de l'inconscience, trahissant l'impuissance de qui ne veut mourir dumensonge dévoilé, de celui qui s'économise, sa vie, par l'utile, dans l'utile, déchu(e).

Conclusion - Produit de la métaphoricité inhérente à la structure du sens, la moralité est une fiction symbolique à l'usage de la société dans le procès de sa constitution narrative d'une identité, où alors s'entrelacent pouvoir et savoirdans la détention de la véridiction morale : la métaphore vive.. »

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