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La monnaie est-elle une réalité politiquement intouchable ?

Publié le 23/02/2004

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POLITIQUE (gr. polis, cité)

Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.

Réalité / Réel: Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité).

« Aucune réalité ne doit être politiquement intouchable •:[•]:• Si la politique est bien, comme le pense Aristote, la science du plus grand bien possible pour le plus grand nombre, alors rien ne doit échapper à son contrôle.

Elle ne peut pas laisser la monnaie en dehors du champ de ses préoccupations.

La politique monétaire relève du pouvoir politiq e E n économie, l'État ne peut pas se contenter d'un rôle de «C 'e st par suite d'une co nvention que l'a rgen t est devenu mo yen d'éc hange ( ...

).

Son nom est numisma ( m onna ie), p arce qu'il ne p roc èd e pa s de la natur e mais de la loi ( nom os), qu'il dépe nd de no us de cha n· ger ou de rendre in o pé­ rante .» Aristote, É thique à N icom aque gendarme, et un écono­ miste comme John May nard Keynes le dit clairement: l'État doit agir, doit intervenir.

L 'éq uilibre n 'est pas spontané, il n' y a pas de mé canisme auto­ matique .

Seu l l 'Ét at peut réguler en agissant notamment sur les taux d'intérêt .

La n1onnaie n'est qu'une convention C 'est le travail qui est la mesure réelle de la valeur d'échange des mar ­ chandises, la mo nn aie n'es t q u ' un moye n et rés ult e d'une co n ve n­ tion qui, comme telle, re lève du po u voir po li­ tiq ue .

«Ün pose souvent l a richesse comme n 'étant rien d 'autre qu'une abondance de numéraire.

( ...

) En fait , la monnaie est une pure niaiserie, une chose entiè­ rement conventionnelle et sans rien de naturel» (Aristote , Politique).

La monnaie n'est pas une réa· lité économique F aire de la monnaie une réalité politi­ quement intouchable , c'est oublier que la vraie origine de la valeur, c'est le travail humain concret.

La vale ur monétaire des choses, c'est la traduc­ tion quantifiée de tra­ vaux qualitativement düfé rents, c'est donc un cho ix polit ique.

La valeur de la monnaie résulte d'une convention et toute convention est par nature politique.

Il est don c impossible de considérer qu'elle puis e être une réalité politiquement intouchable, elle est une réalité politiquement définie.. »

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