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La liberté des échanges est-elle une condition de la liberté politique ?

Publié le 12/04/2009

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Quel rapport y a-t-il entre l'idée d'échange même, et celle de politique? En effet, le sujet semble présupposer une possible influence, un éventuel lien entre ces deux pôles, la liberté de l'un pouvant impliquer la liberté de l'autre. Comment caractériser les échanges en premier lieu? Cette notion suppose la circulation de quelque chose, bien que la qualification de ce « quelque chose « reste flou: on peut échanger de l'argent, des biens plus généralement, mais aussi des services, des politesses, et même un regard. Ce qui semble présent à chaque fois, dans cette perspective, c'est une intersubjectivité sur laquelle s'appuie l'échange. L'échange nous renvoie à l'autre (même si j'échange des propos avec moi-même comme au sein d'un monologue, je joue à être un autre), et à ce que je peux lui adresser, ou à ce qu'il peut m'adresser. La société, comme toile intersubjective, présuppose l'échange: nous sommes associés précisément, nous échangeons quelque chose qui nous permet de ne pas être un être isolé et limité. Nous gagnons à être en société, mieux, la société se justifie puisque justement l'échange s'effectue dans les deux sens: nous donnons de nous, et nous recevons en contrepartie. Qu'est-ce que signifie alors l'idée de liberté des échanges? Nous avons ici en tête l'idée d'échange soustrait à l'arbitrage d'une entité tiers, un échange qui n'engage précisément que ceux qui s'y engagent. Le fait est que tous les échanges ne sont pas en ce sens libres: je ne choisis pas de payer ou de ne pas payer la baguette que je prends à mon boulanger. Je contracte un certain nombre d'obligations envers la société, précisément parce qu'elle attend un retour en échange de ce dont elle me fait profiter. On retrouve ici l'imbrication de la notion de politique: si la société est constituée par une toile d'échange impliquant les citoyens, la politique (venant de πολις en grec, la citée )caractérise, en un sens premier, le fonctionnement d'une société. Il est évident que ce fonctionnement fait appel à une gestion qui nous renvoie à l'idée d'une autorité qui s'exerce sur ces échanges et les régule. On peut penser ici à une souveraineté étatique qui limite les interactions au sein de la société, ou du moins en contrôle le déroulement: on échange pas n'importe quoi (matière illicites, biens dont la possession est condamnée par le droit positif, biens qui ne sont pas en notre possession, dont nous ne sommes pas le propriétaire...), et n'importe comment (réglementation, lieu d'échange, personnes impliquées, etc.). Les échanges sont donc soumis à des lois, des institutions... Deux questions se posent alors: 1)les échanges peuvent-ils s'auto-réguler, au point de se passer de ce type d'entité tiers? 2) Certains échanges ne relèvent-ils pas du domaine privé, au point que toute intervention de cette entité tiers serait proprement une intrusion? En ce sens, la liberté de l'échange assurerait une liberté politique où la gestion des échanges qui constituent de pied en cap la société seraient organisés par, et uniquement par, ses acteurs. La liberté des échanges semble donc dans ce cas supposer la liberté politique comme libération de la souveraineté, voire de la machine étatique.

« échanges au sein de communauté librement choisie.

Assurer une liberté des échanges qui soit créatrice de nouveauxmondes, c'est en somme assurer le respect d'un espace privé agrandi où l'État n'intervient que pour assurer lasécurité de cet espace, de cet propriété propre à chacun individu.

Il s'agit de laisser et d'assurer à chaque individule droit d'expérimenter la forme de vie qui lui convient le mieux.

L'État doit donc assurer la liberté des échanges pour assurer simultanément une véritable liberté politique , où chacun est précisément libre de choisir son système collectif et de l'expérimenter.

Les échanges qui se tissent entre individus doivent être volontaires, c'est là la seulecondition.

Ils forment par ce biais des communauté particulière où les membres jouissent de la plus grand libertéselon leur initiative propre.

Chacune définit ainsi un espace d'échange où chaque contractant rentre librement dansle projet et s'y investit comme bon lui semble.

En somme, les hommes ne peuvent être libres que s'ils organisent eux-mêmes leur relations mutuelles , sans l'intervention d'une autorité politique extérieure (si ce n'est pour faire respecter les contrats engagés entre différents partis). Rawls: le libéralisme politique II. Le système libéral est fondé précisément sur la liberté des échanges.

Sa concrétisation la plus radicale demeurecelle du marché où chacun est libre d'échanger comme il désire sans qu'aucune personne ne puisse en prendre lecontrôle global.

En ce sens, le marché est un ordre qui est le résultat de ses différentes associations de contractants établissant entre eux des transactions volontaires .

Le marché fait entrer en jeu une trop grand nombre de facteurs et de compétences pour pouvoir être contrôlé par un seul, pour qu'une seule personne s'assure ducontrôle du système entier.

Le marché est le lieu de la fragmentation du pouvoir, un lieu de son éparpillement de sorte que personne ne puisse jouir de manière exclusive de ses avantages .

La liberté de l'échange assure ainsi qu'il ne puisse apparaître à aucun instant un monopole illégitime s'accaparant l'ensemble du pouvoir.

Cet ordre complexeque constitue ainsi le marché s'est constitué de manière non dirigée et non exogène (c'est-à-dire par un ordreimpulsé de l'extérieur au système) , d'une manière en somme spontanée.

Rien n'a imposé une direction de l'extérieuraux échanges, l'État n'a fait qu'assurer au contraire leur libre expression.

En ce sens, le libre échange au sein dumarché constitue l'infrastructure économique de la liberté au sein de la société et participe au morcellement dupouvoir afin de se préserver de tout despotisme ou pouvoir radical, qu'il soit autocratique ou oligarchique. Cependant, l'intervention de Rawls sur la scène de la réflexion quant au système libéral s'établit comme une remiseen question de l'auto-régulation du système.

Il semble que le marché ne puisse à lui seul et par ses seules vertus,garantir une parfaite équité sociale.

Pourquoi? Tout d'abord parce que tout le monde ne rentre pas sur le même pied d'égalité au sein du marché .

En somme, le libre échange est une chose, une bonne chose, mais encore faut-il avoir accès à ce libre échange de la même manière que n'importe qui d'autre.

De ce fait, on ne peut, selon Rawls, prêcherune théorie de l'Etat minimal comme Nozick.

Il existe encore certaines lacunes qui, si elles ne sont pas réglées,régulées au départ, s'accentue progressivement jusqu'à rendre le système globalement injuste.

L'État doit doncintervenir, mais sous quelle forme, de quelle manière? Il faut le repenser d'une manière qui soit la plus rationnelle etdonc, la plus juste qui soit.

Pour cela, Rawls met en place une fiction qui permet d'anticiper les effets secondairesdu marché.

Cette expérience de pensée, Rawls l'appelle « position originelle »: de quoi s'agit-il? Il s'agit d'imaginer une situation purement hypothétique, qui ne peut avoir aucune existence concrète, dedélibération quant aux lois qui s'exercent au sein de la vie sociale et économique.

Lors de cette délibération, chaqueacteur est placé « derrière un voile d'ignorance » qui les empêche tout simplement d'avoir conscience des implications des lois qu'ils choisissent sur leur existence propre.

Il s'agit de faire en sorte que les protagonistespensent collectivement et non chacun selon leur propre intérêt et contre les autres ou l'intérêt collectif.

SelonRawls, ces protagonistes, placés dans de telles conditions, en arriveront forcément à l'élaboration de deux principescapitaux: 1) « Chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de bases égales pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres »: 2) « Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à la fois (a) l'on puisse raisonnablement s'attendre à ce qu'elles soientà l'avantage de chacun et (b) qu'elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes ».

Le premier principe est un principe de base évident qui implique en somme que ma liberté s'arrête où commence celle d'autrui.Le second principe nous intéresse davantage puisqu'il implique précisément les échanges.

L'État va prendre ici la forme d'un opérateur de distribution et de redistribution en amont et en aval du marché .

En effet, si les échanges sont libres, il va de soi que tout le monde n'y accède pas de la même manière: il faut donc permettre à chacund'accéder de manière pertinente et adéquate au libre-échange.

Ainsi, pour prendre un exemple, nous serons moinsintéressant sur le marché du travail si nous avons moins de diplômes (c'est une exemple!); mais tout à la fois, notremilieu social peut être mis en cause dans cette absence de diplôme.

Or, afin de permettre une égalité des chances,l'État va précisément permettre à chacun d'accéder librement et efficacement au marché via des redistributionsfinancières sous forme d'aide, de bourses...

De cette manière, si le marché est libre, il faut permettre à chacun de « jouer avec les mêmes armes », et assurer à chacun l'accès à cette liberté dans l'échange .

L'État aura en ce sens un travail de compensation à effectuer.

La liberté d'échange n'est en ce sens pas une condition de la libertépolitique puisque c'est précisément l'intervention politique non pas sur le marché mais bien en retrait de ce dernier, qui va permettre d'établir la liberté et l'accès à la liberté des échanges.

C'est donc l'établissement d'une réelle. »

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