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LA LIBERTE CONSISTE-T-ELLE A NE PAS FAIRE ?

Publié le 12/03/2009

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La question de la liberté s’exprime généralement dans le cadre d’une action. On est libre d’agir : libre de commettre un mouvement sur le monde, libre de formuler une pensée. Cependant, peut-on se considérer libre de ne pas agir ? Dans la Genèse, la liberté d’Adam, qui s’empare du fruit de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, s’exprime-t-elle au travers de son action effective, ou bien plutôt – ou également – par l’alternative qui s’offre à lui, celle d’agir ou de ne pas agir ? Le libellé de cette dissertation met donc en corrélation les notions d’agir et de liberté, et interroge sur la négativité de l’acte et sur ses modalités, ainsi que sur l’être sujet de l’agent.

 

Il s’agit donc de développer, tout au long de la dissertation, la conceptualisation de l’acte, afin de découvrir les postulats de l’agent et de la liberté dans l’acte. Différentes modalités d’action s’imposent alors progressivement. Lorsque l’agent s’inscrit dans la négativité de l’acte en ne faisant pas, il fait encore appel à un acte, au travers de sa volonté, de son libre-arbitre et de sa liberté. L’agent devient sujet par son acte, par lequel il exprime son individualité au monde, et sa liberté, qui est un postulat de son être de sujet. Ainsi l’agent peut-il se déterminer à agir par un non-faire, mais également par un laisser-faire, qui induit de nouvelles notions : la transitivité de l’acte entre plusieurs agents, leur liberté d’action étant informée par leur relation de transitivité et d’ascendance.

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« de non-faire défini par antagonisme à, par exemple, l'acte de faire qu'est celui de marcher, de se déplacer ? Unepremière piste est donnée par la forme verbale-même, qui au sein du langage confine à une action.

Le tout premierprédicat de l'action étant le mouvement, qui a une incidence sur les êtres, un corps qui demeure a-t-il uneincidence sur le monde ? L'immobilité imprime-t-elle sa marque sur le monde en le bouleversant, ce qui reviendrait àparticiper de l'être-même du monde selon la conception d' HÉRACLITE , pour lequel le cosmos (la nature en tant qu'ordre) est dû au polemos , le conflit permanent entre des forces opposées ? Selon la première des trois lois physiques de NEWTON dans ses Principes mathématiques de philosophie naturelle , tout solide soumis à un ensemble de forces dont la somme vectorielle est nulle (ces forces d'égale intensité s'annulant) est animé d'un mouvementrectiligne uniforme à vitesse constante.

Un livre posé sur une table subit donc à même intensité la force de gravitéqui l'attire vers le bas, et la force imprimée par la table, qui en s'exprimant vers le haut empêche le livre de tomber.L'inertie est donc une des modalités de ce mouvement.

L'immobilité est un mouvement, donc une action ; rester,c'est donc faire directement, ou dans le cas du livre, subir un faire : c'est un non-faire.

De même, se taire, c'est nepas parler.

L'action de parler revient à émettre des sons articulés, se taire est donc par antagonisme un acte deconfinement dans un mutisme, dans le silence.

L'acte de se taire, qui revient à rester dans un état de mutisme quel'on suppose antérieur à l'acte du parler, implique que le sujet se détermine volontairement à ne pas entamer unacte de faire postérieur à celui de non-faire, tel que se mouvoir dans le cas d'une immobilité physique, ou parlerdans le cadre d'un mutisme.

Ici interviennent trois notions : celle de volonté, corrélée à celle de libre-arbitre, lui-même issu de la notion deliberté.

Le terme de liberté trouve son origine dans le latin liber , qui qualifie l'homme libre par opposition à l'esclave asservi.

La liberté renvoie à un état de non-contrainte, celle du citoyen qui n'est pas esclave, celle du corps quin'est soumis à aucun mouvement extérieur, celle de la volonté qui n'est pas déterminée.

Cette définition négative dela liberté par opposition à la contrainte suppose la maîtrise de soi, c'est-à-dire de l'empire absolu de l'individu sur soncorps et ses pensées par sa volonté ; la notion de volonté non contrainte renvoie elle au libre-jugement : l'alliancede la maîtrise de soi et du libre-jugement forme la notion de liberum arbitrum , libre-arbitre, et est la condition de l'industria , la capacité organisatrice et productrice de l'être qui se fait agent.

Par ses capacités de libre-arbitre et son industria , celui-ci peut donc produire des actions déterminées par sa volonté – il nous faut ici définir plus avant la notion de volonté.

Dans le poème De Natura de LUCRÈCE , la voluntas est un principe libre des mouvements du corps qui est indépendant de toute finalité préexistante, de tout destin, selon le principe naturel du clinamen (le monde est formé du mouvement des atomes dont la déclinaison est indéterminée, d'où la diversité et lesmouvements internes du monde.) La volontas a donc pour prédicats l'indétermination et la liberté, ce qui renvoie au libre-arbitre.

TERTULLIEN est le premier à traduire par libre-arbitre le terme d' autexousien utilisé par EPICTÈTE , qui caractérise l'absence de contraintes extérieures.

On retrouve ce lien conceptuel chez Lorenzo VALLA et Pietro POMPONAZZI , pour lesquels le libre-arbitre et un acte de volonté, de libre décision.

Enfin, la définition humaniste du libre-arbitre insiste sur la position centrale de l'Homme dans le monde, par sa liberté de vouloir et surtout d'agir.

Lelibre-arbitre est donc un acte de volonté qui place au centre l'être agent qui produit l'acte.

Lorsque l'acte de non-faire est un acte de libre-arbitre, l'agent se détermine volontairement à agir par le non-faire.Danton, par exemple, est considéré comme historiquement responsable des massacres du 2 au 5 septembre 1792,période sombre pendant laquelle les Parisiens assassinent des prêtres réfractaires et de nobles dans les prisons deParis.

Cependant Danton ne tue pas lui-même, donc n'agit pas directement par un acte de faire ; il n'ordonne pas defaire tuer, n'exerçant aucune ascendance directe et explicite sur les Parisiens.

Cependant, en sa qualité affirmée dechef des masses populaires après avoir fait prendre les armes aux Parisiens en 1789, Danton porte uneresponsabilité tacite des actes des individus dont on l'affirme le chef.

Dans ce cas historique, Danton n'agit pas telqu'on pourrait le supposer dans l'étendue de ses prérogatives (la sphère dans laquelle ses actes ont un effet sur lemonde et sont donc actualisables) en donnant un ordre et en intimant aux Parisiens d'appliquer sa décision quiconsisterait à agir ou à se garder d'agir.

Il reste en retrait de cet acte en puissance, en demeurant dans la positionqui lui est antérieure, l'immobilisme et le mutisme.

Or la sphère de ses compétences intègre la caution ou l'inflexiondes actes de la population parisienne ; en ne s'interposant pas, et donc a fortiori en laissant faire, Danton porte une responsabilité historique sur ces massacres ; en n'ayant pas arrêté le mouvement des Parisiens, il a doncindirectement agi dans leur sens.

L'immobilisme antérieur à l'acte de décision étant déjà un acte, la sphère del'effectivité potentielle de ses actes intègre donc un non-faire ; dans ce cas, l'acte de volonté est un acte deconsentement (c'est-à-dire d'approbation passive).

En outre, Danton étant responsable politique et donc à la fois. »

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