Devoir de Philosophie

La famille et l'école

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

famille
Les structures de la famille et de l'école se rejoignent dans l'esprit des examinateurs en ce qu'elles mettent toutes deux enfants et adolescents en présence d'institutions — aussi anciennes que l'homme socialisé lui-même — qui détiennent autorité et savoir, qui dispensent éducation et instruction. Aussi est-ce bien dans ce sens que la cinquantaine de sujets posés depuis 1976 articulent les problèmes. Famille et école sont en crise, entend-on de toute part, grief amplifié par la multitude des sondages, enquêtes, que répercutent les médias. L'affaire est d'importance, en effet, car ces questions-là concernent toute la population. Mais cette crise est-elle nouvelle ? Et qu'en pensent les partenaires : adultes (parents et enseignants) d'une part, jeunes gens (enfants et élèves) d'autre part? Des solutions sont-elles envisageables ? Et lesquelles ?
famille

« mère, le maître ou la maîtresse ont pour ainsi dire un statut de professionnels.

En plaçant l'enfant au milieu d'autresdu même âge et sous leur autorité, ils prolongent en instruction collective et distanciée une formation restéejusque-là individuelle et marquée au sceau de l'affectif.

Cette insertion au groupe par séparation de la famille est lesevrage le plus important qu'ait à connaître l'enfant. • Comment réagit le jeune enfant à cet apprentissage?Un texte de E.G.

Belotti, qui a fourni un sujet d'examen en 1984, donne quelques précisions :« L'enfant est une personne sérieuse.

C'est un étonnant travailleur, acharné, infatigable, attentif, lucide et précis.Dès l'instant où il vient au monde, c'est un explorateur insatiable, téméraire, curieux, qui se sert de ses sens et deson intelligence comme un scientifique; toute son énergie est tendue vers la connaissance (...).

Il estirrésistiblement attiré par les autres enfants, et il est prêt à affronter tous les risques (...) comme condition pourpasser son temps avec eux (...).Aucun adulte ne serait disposé à tant faire et à tant subir dans le seul but d'établir ou de maintenir des rapportssociaux; l'enfant, lui, est prêt à tout » (Du côté des petites filles). II.

Le temps des crises Pendant des siècles famille et école ont rempli leur rôle sans incident majeur.

Le nombre d'élèves à former à l'écoleétait peu élevé; la crise de l'adolescence et le conflit des générations s'estompaient au fur et à mesure que l'enfantprenait de l'âge.

La société évoluait lentement.

Brusquement, tout bascula.

La révolution industrielle accéléra lecours des événements; l'apprentissage devint plus long et en même temps plus aléatoire.

Ce qu'avaient appris lespères ne servait plus aux fils; à chaque génération, le monde changeait autant qu'en deux ou trois siècles autrefois.Cette cassure qu'on peut dater du début du XXe siècle (disons après la guerre 1914-1918), bouleversa et la familleet l'école, toutes deux mal préparées à vivre une telle mutation.

Les adolescents se trouvèrent face aux adultes nondans une crise passagère d'identité, mais en une révolte de fond qui secouait les structures du monde ancien ets'attaquait au système éducatif lui-même. Le nouveau visage de la famille En quelques générations le caractère de la famille s'est beaucoup transformé :« Les divorces augmentent, un nombre croissant de jeunes cohabitent plusieurs années avant de se marier, lesenfants vivant avec un seul de leurs parents ne sont plus rares, l'éducation est de plus en plus souvent assurée pard'autres institutions que la famille, en particulier par l'école, l'autorité du père est mise en cause, la division des rôlesmasculins et féminins est discutée ».

(La famille en question).La famille ne correspond plus exactement à la définition léguée par la tradition : « ensemble de personnes vivantsous un même toit, liées par des liens biologiques et ayant en commun des rapports de production et deconsommation ».

Le foyer s'est réduit au père, à la mère et aux enfants (moins de deux aujourd'hui en termesstatistiques), les personnes âgées en ayant été exclues.

Depuis longtemps la production a déserté le cadre familialet la consommation (les repas par exemple) a tendance elle aussi à se réaliser à l'extérieur.

Les fonctions de sesmembres sont devenues plus fluctuantes.

Le père n'est plus le seul chef en titre et l'éducation des enfants estassurée par les deux parents (la loi du 4 juin 1970 déclare que « les époux assurent ensemble la direction morale etmatérielle de la famille »).

L'enfant est devenu une personne à part entière, car, généralement désiré — quand savenue n'est pas programmée — il n'est plus un petit animal à dresser, mais un être libre qui fait l'expérienceprogressive de son autonomie.

Les enquêtes — comme celle de l'Institut national des études démographiques (INED)en 1976 — montrent que malgré ses transformations profondes, la famille reste une valeur sûre, demeure un pôleaffectif puissant, une sorte d'îlot protégé dans la tourmente des relations humaines contemporaines :« La pression sociale, d'une part, les nécessités affectives, d'autre part, expliquent en grande partie que la famillereste la cellule de base de la société, même si certaines de ses fonctions ont changé » (B.

Frappat). Le conflit des générations Il demeure dans la famille moderne, mais se rapporte moins à l'autoritarisme parental qu'aux valeurs, aux attitudes etaux comportements.Autrefois, c'est contre le joug des aînés que s'armaient l'enfant et l'adolescent.

A trop vouloir les protéger, par unesérie de recommandations et d'interdictions, on les étouffait.

C'est contre ce type d'éducation qu'André Gide, à 20ans, lance son fameux anathème : « Familles, je vous hais! Foyers clos, portes refermées; possessions jalouses dubonheur » (Les nourritures terrestres).

(Voir également la révolte de Jacques Thibault, contre son père dans LesThibault de R.

Martin du Gard, ou celle de Jean, le narrateur, contre une mère tyrannique, dite "Folcoche" dansVipère au poing d'Hervé Bazin).Le psychanalyste W.

Reich et son continuateur R.

Laing n'ont pas épargné leurs critiques à l'encontre de lastructure familiale traditionnelle, lieu où les adultes écrasent la personnalité de l'enfant, lieu de répression (enparticulier sexuelle) et source de la division des rôles.

Critiques souvent justifiées, fondées sur une philosophie durefus de tout enfermement, dont se sont emparés les révoltés de 1968.Aujourd'hui, pourtant, ce n'est pas ce type d'affrontement qui est relevé par les sociologues.

Par un curieuxretournement de tendance, les jeunes accusent même les parents de défaut d'autorité :« Le conflit classique pères-fils a souvent disparu, un autre paraît bien en train de surgir : un conflit fils-pères, lespremiers reprochant aux seconds leur absence de résistance, leur refus d'exercer une autorité qu'ils aimeraientcontester, mais qui les rassurerait par son existence même.

L'indulgence des pères exige des fils héroïques.

Bien des. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles