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La définition de la Psychologie comme science des faits de conscience vous semble-t-elle pouvoir être aujourd'hui maintenue ?

Publié le 04/04/2009

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Par comportement il faut entendre l'ensemble des réactions globales d'un organisme en présence d'une situation donnée. La Psychologie consiste alors à étudier les modes de liaison, naturels ou acquis, entre une réponse et une excitation ; il s'agit de savoir ce que fait un organisme et pourquoi il le fait. Ici encore c'est la définition même de la Psychologie qui est en cause et Naville peut écrire : « En réalité, c'est au béhaviourisme que doit être réservé le nom de psychologie, pour autant qu'on veuille désigner par là une science naturelle « (op. cit., p. 10).

On parle de la psychologie de Platon ou de Descartes comme de la psychologie de Racine ou de Stendhal. On entend, par là, d'une façon un peu vague, certaines idées que se font ces auteurs de l'homme, de sa nature, de ses tendances, de ses états d'âme, de ses comportements. En ce sens, chacun a « une psychologie «, c'est-à-dire une certaine conception de la nature humaine. Mais dès que l'on veut passer de la conception commune à la conception scientifique, on se heurte à une première difficulté qui est de définir l'objet même de la psychologie. Le Vocabulaire de M. Lalande renonce à donner une définition unique et déclare qu'en réalité « ce nom de psychologie réunit plusieurs études différentes qui doivent être définies séparément «. Mais ceux qui se livrent à ces études prétendent tous travailler à l'édification, non d'une partie de la Psychologie, mais de la Psychologie tout entière. Nous avons à examiner ici la thèse des auteurs qui définissent la Psychologie comme la science des faits de conscience. Après avoir exposé rapidement cette thèse, nous verrons quelles objections a soulevées contre elle le développement des études psychologiques depuis une cinquantaine d'années et nous pourrons ensuite nous demander dans quelle mesure elle est encore valable aujourd'hui.  

conscience

« domaine de la Psychologie n'est pas la conscience mais « le comportement objectivement observable des êtreshumains » (Naville, op.

cit., p.

23).

Par comportement il faut entendre l'ensemble des réactions globales d'unorganisme en présence d'une situation donnée.

La Psychologie consiste alors à étudier les modes de liaison, naturelsou acquis, entre une réponse et une excitation ; il s'agit de savoir ce que fait un organisme et pourquoi il le fait.

Iciencore c'est la définition même de la Psychologie qui est en cause et Naville peut écrire : « En réalité, c'est aubéhaviourisme que doit être réservé le nom de psychologie, pour autant qu'on veuille désigner par là une sciencenaturelle » (op.

cit., p.

10). II.

DANS QUELLE MESURE LA PSYCHOLOGIE RESTE-T-ELLE LA SCIENCE DES FAITS DE CONSCIENCE ? A — Conscience et comportement.

La prétention behaviouriste à l'objectivité totale ne semble pas avoir beaucoupséduit les psychologues.

Ceux-là même qui donnent la plus large audience aux thèses de Watson (MM.

Guillaume,Piéron, Wallon) admettent pourtant qu'on ne peut définir la Psychologie sans tenir compte de la conscience et parsuite de l'introspection.

« H est vain, dit par exemple M.

Wallon, de vouloir avec le béhaviourisme de Watson ignorerl'introspection et la conscience » (La Vie Mentale, Encyclopédie française, tome VIII).

Comme le rappelle M.

Pradinesdans l'introduction de son Traité de Psychologie générale, le psychologue est « celui qui discourt de l'âme ».

Queresterait-il, en effet, de la Psychologie si l'on éliminait les faits de conscience ? Aucune description objective nepeut faire savoir ce que sont la peur, la colère ou l'amour, à un être qui n'en aurait pas une expérience directe.

Orl'expérience directe ici est celle que nous donne la conscience.

Les comportements eux-mêmes ne nous intéressentqu'à titre de signes, et ce qu'ils signifient, pour nous, c'est un état d'âme, un jugement, un sentiment.

Le «psychologue », selon le commun langage, est celui qui remonte des actes aux pensées, celui qui devine les motifs etles mobiles qui inspirent une conduite.

Toute cette richesse intérieure que nous révèlent les grandes oeuvreslittéraires, elle échappe complètement à l'analyse et à l'explication behaviouristes.

Sa réalité ne peut pourtant êtremise en doute, et c'est cette réalité que la Psychologie s'efforce de décrire et de comprendre.

En voulant faire de laPsychologie une science semblable aux autres, et en réduisant son objet aux comportements objectivementobservables, le béhaviourisme lui enlève tout objet propre ; la science des comportements, c'est-à-dire « l'étude del'adaptation du corps au milieu extérieur » (Watson), n'est qu'un chapitre de la Biologie en général.

On ne sauraitconcevoir une Psychologie qui se désintéresse tout à fait des phénomènes de conscience. B — Conscience et inconscient.

Est-ce à dire que seuls les faits de conscience soient l'objet de la Psychologie ? Nefaut-il pas faire une place aux phénomènes inconscients ? Plus exactement, l'existence de phénomènes inconscientsconduit-elle nécessairement à condamner la conception traditionnelle de la Psychologie comme science des faits deconscience ? Il est à remarquer que la notion même de psychisme inconscient est très ambiguë.

Ce qu'on appelle «un fait psychique inconscient », c'est une idée, un sentiment ou une tendance qui existerait en nous sans que nousle sachions et qui pourtant exercerait sur notre conduite une certaine influence.

C'est donc par ses manifestationsque l'inconscient est connu ; on remonte à l'état psychique inconscient à partir d'un comportement visible, et pourl'expliquer.

On suppose, par exemple, un travail intellectuel inconscient pour expliquer telle découverte soudaine etqui ne semblait pas préparée.

Mais il est évident que cette idée d'un psychisme inconscient n'est qu'une hypothèsedont la valeur est seulement méthodologique.

L'inconscient lui-même ne peut être directement saisi puisque seule laconscience pourrait le saisir, et il ne serait plus dès lors inconscient.

Aussi est-il permis de faire d'autres hypothèseset de considérer, par exemple, qu'un mécanisme physiologique plus ou moins complexe peut rendre compte de cescomportements qu'on prétend expliquer par des états psychologiques inconscients.

C'est au corps, dit Descartes,qu'on doit « attribuer tout ce qui peut être remarqué en nous qui répugne à notre raison » (Traité des Passions, Art.47).

Quand on parle d'un inconscient psychique, il faudrait donc entendre seulement un ensemble de phénomènesqui en eux-mêmes ne sont nullement psychiques, mais qui exercent une certaine influence sur le psychisme del'individu. — C — Définition de la Psychologie.

Ainsi nous pouvons considérer que la vie psychologique d'un individu, c'est savie intérieure, la vie de sa conscience.

L'objet du psychologue, c'est « ce qui se passe en l'homme », selonl'expression du sens commun.

Toutefois cette conception de la Psychologie appelle quelques précisions.

Toutd'abord il faut remarquer qu'on ne peut étudier le fait de conscience en l'isolant ; la seule introspection ne suffit pasà me faire connaître, par exemple, ce qu'est une émotion ; la psychologie de l'émotion ne doit pas se borner à ladescription de l'état d'âme ; elle doit considérer aussi les conditions physiologiques et sociales de l'émotion et lescomportements qu'elle inspire.

L'erreur de la psychologie classique (celle de l'éclectisme ou celle de l'atomismepsychologique) était de croire que les faits de conscience étaient des réalités indépendantes obéissant à leurs loispropres.

Les psychologues contemporains admettent au contraire qu'un « état d'âme » est toujours plus ou moinsétroitement lié à un certain état physiologique et à certaines circonstances sociales.

La Psychologie est donc lascience des faits de conscience, mais considérés dans leur rapport avec la situation concrète et totale de l'être, etnon simplement en eux-mêmes.

Par là la Psychologie se trouve liée à la Biologie et à la Sociologie.

Mais d'un autrecôté la notion même de « fait de conscience » doit être éclaircie ; l'expression est malheureuse, en un sens, parcequ'elle évoque l'idée de phénomènes séparés, ayant une existence autonome.

Comme le remarque Alain, lepsychologue « dit une sensation, une image, un souvenir, comme on dit une pierre, un couteau, un fruit » (Élémentsde philosophie, p.

197).

On se représente volontiers la vie intérieure, en effet, comme un défilé en nous d'idées, desentiments, etc., que la conscience se contenterait d'éclairer pour nous les faire connaître.

Mais en réalité une idée,c'est toujours la représentation d'un objet par un sujet, un sentiment c'est toujours l'attitude d'un sujet envers unêtre, etc.

La conscience est moins une lumière qu'une activité, c'est-à-dire que les faits de conscience sont moinsdes états que des actes.

La Psychologie, par suite, est la science de l'activité de la conscience, c'est-à-dire qu'elleremonte, par l'analyse réflexive, des actes du sujet au sujet lui-même, et par là elle se trouve liée à la philosophieen général (par exemple, l'étude de la perception est difficilement séparable de la théorie de la connaissance).. »

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