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La culture s'apparente-t-elle à un dressage ?

Publié le 24/05/2009

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Si nous regardons un documentaire animalier, et que nous avons la chance de tomber sur la naissance d'une gazelle de Thompson, quelque chose nous frappe rapidement, une fois passée l'émotion: quelques secondes à peine après sa naissance, la petite gazelle se dresse sur ses pattes, et est, si l'on peut dire, presque immédiatement opérationnelle. Elle possède déjà certains réflexes, et devient autonome à une vitesse impressionnante. La mère assure essentiellement la sécurité de sa progéniture, l'accompagne par certains gestes, afin de lui faciliter la tâche. Mais l'ensemble des comportements de la jeune gazelle sont innés: des séquences protéiques les déterminent déjà, de sorte qu'ils s'activent quasiment dès la naissance, ou peu de temps après. On sait aujourd'hui, notamment chez les grands singes, qu'il existe une part de comportements acquis, ces derniers ne pouvant ainsi se réduire au simple déroulement in vivo d'une structure génomique de base. Cependant, on ne peut faire la part belle à ce type de faits, en raison même de leur minorité au sein du développement de l'animal. Comparativement, l'homme nécessite un long apprentissage afin d'actualiser des capacités qui ne sont présentent qu'à l'état séminal chez lui. Les enfants sauvages nous apprennent en ce sens ce qu'il advient du jeune humain soustrait à un bain socio-culturel au sein duquel il parvient à développer ses facultés. Ainsi, Lucien Malson dans Les enfants sauvages, nous rappelle l'histoire de Victor, un enfant sauvage de l'Aveyron, qui a grandi dans les bois sans contact aucun avec la civilisation. Ce dernier, non seulement n'a quasiment rien acquis des traits spécifiquement humains (langage, sociabilité, attention, contemplation), mais présente une irréversibilité dans son développement: ces traits qu'il n'a pas acquis, il ne les acquerra plus jamais. La culture est précisément cette matrice au sein duquel l'homme exprime des capacités qui ne sont avant cela que formelles et latentes. Ce qui fait ainsi le propre de l'homme nécessite un processus d'apprentissage, de telle sorte que selon la formule éculée mais néanmoins juste, on ne nait pas homme mais on le devient. Au contraire, la gazelle pour reprendre notre exemple, nait gazelle, son patrimoine génomique ne lui laisse si l'on peut dire pas l'ombre d'un doute à ce sujet, sa présence au monde réalisant les séquences programmatrices de son ADN. Cependant, peut-on comparer cette actualisation culturelle permettant l'acquisition des traits essentiels de l'humanité avec un processus de dressage? L'apprentissage culturel est-il comparable au dressage d'un animal par exemple? 

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« processus de dressage crée une situation fixe: le dresseur doit précisément toujours resté le dresseur et entretenirl'animal dans un état de servilité.

Mieux, c'est ici l'un des critère de qualité d'un dressage, soit le respect impeccabled'une hiérarchie sur lequel le dressage s'appuie et qu'il radicalise.

Le dressage contient donc, freine la nature del'animal là où la culture à précisément à charge de pousser à s'exprimer une nature humaine sinon potentielle. Déterminisme ou conditionnement? II. Il s'agit de revenir un instant sur l'idée de nécessité présente au sein du dressage.

L'idée est de provoquer unecausalité univoque de telle sorte que tel stimulus cause nécessairement tel effet prévu.

Ainsi, le coup de fouet surle sol lorsque nous sommes spectateur au cirque n'a pas le même sens pour nous que pour le lion à qui il s'adresse.Ce coup va provoquer une réponse automatique chez le lion, ce dernier passera ainsi un obstacle, et le dresseurcompte évidemment beaucoup sur cette univocité (aux mêmes causes correspondent les mêmes effets) causalepour réussir son numéro.

Il y a ici un stricte déterminisme à l'œuvre, soit un lien resserré entre la cause et l'effet.

Detoute évidence, la culture ne partage pas cette univocité causale, elle ne produit pas de tel automatisme.Cependant, on ne peut nier qu'il existe de sa part un conditionnement évident.

Le conditionnement, contrairementau déterminisme n'agit pas avec la même nécessité et troque la notion de réflexe (une notion naturelle,physiologique présente également chez l'homme, qu'on pense au fameux réflexe rotulien chez le médecin) contrecelle d' habitus . L'habitus désigne ici l'ensemble des comportements et des états mentaux que nous adoptons en fonction de notre milieu socio-culturel.

On pourrait parler de tendance qui nous poussent à agir de telle ou telle manière après avoirimprimé sur notre esprit leur marque respective.

Tout d'abord, la culture se diffracte pour ainsi dire en diverses cultures sur la surface du globe, de telle sorte que cette actualisation des capacités humaines ne s'effectue pas dela même manière selon des temps et des endroits différents.

Notre culture génère chez nous des cadres de penséeet de perception qui peuvent être radicalement différents d'autres cultures.

Ainsi, le langage comme manifestationculturelle se traduit selon les points temporels et spatiaux sous la forme de langues qui nous poussent à concevoirnotre environnement d'une certaine manière.

En effet, le langage est pour ainsi dire un véritable schème conceptuelqui nous pousse à construire notre environnement d'une certaine manière et non d'une autre.

Pour reprendre desexemples classiques, il nous arrive de nous arrêté devant un paysage que nous trouvons féérique, mieux, nospeintres n'ont cessé d'en reproduire la beauté.

Pourtant, la notion de paysage n'existe pas dans certains point dumonde, et n'a donc pas de sens.

Nous voyons un paysage parce que nous avons un mot pour cela, parce qu'il s'agitd'une notion propre à notre culture qui nous paraît pourtant naturelle.

Notre culture conditionne donc notreperception et notre appréhension du monde.

De même, l'esquimau qui a quatre-vingt mots pour parler de la neige ydistingue mille et une nuances que nous aurons toute la peine de saisir même en y mettant la meilleur volonté dumonde. La culture ne détermine pas, mais conditionne donc une partie de notre façon d'être au monde, elle participe à saconstruction, à son élaboration.

En effet, nous ne sommes pas comparable à une surface passive qui secontenterait de subir, d'éprouver des sensations. Nous avons des perceptions , nous construisons autant ce qui est donné que nous le recevons.

A travers la perception, nous agissons sur le donné, nous l'articulons, le catégorisons,le trions presque spontanément, sans même nous en apercevoir.

Ainsi, pour reprendre l'exemple précédent, lorsquenous nous retrouvons face à un paysage, nous traitons une foule incroyable de donnée que nous organisonsmentalement et auquel nous conférons une unité qui nous semble aller de soi.

Pourtant, cette unité n'est pasdonnée, il n'existe rien dans la nature qui correspondrait à ce que l'on pourrait appeler l'unité paysage .

Ceci est une construction, une construction que nous effectuons parce qu'en partie conditionné par le bain culturel au seinduquel nous avons effectué notre apprentissage. Chomsky: capacité créative III. C'est précisément parce que la culture se pense en terme de conditionnement, et non de déterminisme, qu'elledonne lieu à un élément unique et constitutif: la création.

Revenons sur un point dont nous avons déjà parlé commemanifestation typiquement culturelle: l'acquisition du langage.

Cette dernière ne peut être le résultat d'un simpledressage.

Cependant, la psychologie du langage n'a pas toujours partagé ce jugement, et une école connue sous lenom de behaviorisme a longtemps penser l'apprentissage langagier en ces termes.

Ainsi, le comportement linguistique était un comportement parmi d'autres qui pouvait être parfaitement expliqué et compris via des lois qui associées un certain stimulus à une réponse donnée.

De ce fait, certaines phrases énoncées dans l'environnementproche d'un sujet devait nécessairement générer un certain type de réponse parfaitement prédictible.

En ce sens,l'homme aurait acquis un certain nombre de réflexes langagiers qu'il s'agirait de faire apparaître.

Chomsky fut un desprincipaux attaquant de cette théorie, pour des raisons logiques auxquelles elle ne peut réellement résister. On peut dire qu'il y a trois niveaux d'attaque à la théorie béhavioriste par Chomsky.

Le premier est ainsi énoncé dansle langage et la pensée: « l'utilisation normale du langage est novatrice, en ce sens qu'une grande part de ce que nous disons en utilisant normalement le langage est entièrement nouveau, que ce n'est pas la répétition de ce quenous avons entendu auparavant, pas même le calque de la structure (…) de phrases ou de discours que nousavons entendus dans le passé ».

La remarque de Chomsky est donc assez simple: la plupart des phrases que nous lisons, que nous entendons ou même que nous créons sont nouvelles pour nous.

Pourtant, ce n'est jamais un frein àleur intelligibilité.

On ne peut donc résumer cette compréhension évidente à la reconnaissance d'un stimulus quidéclencherait de manière déterminée une réponse linguistique.

Le deuxième niveau d'attaque consiste à prendre le. »

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