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La conscience que j'ai de moi est-elle une connaissance de moi-même ?

Publié le 19/06/2009

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conscience
INTRO. -- A l'origine de la psychologie et même de l'ensemble de la philosophie occidentale, nous trouvons le « Connais-toi toi-même » de SOCRATE. Or, si, pour nous faire une idée juste de nous-mêmes, il est indispensable de recourir à d'autres moyens d'information, il est indiscutable aussi que la conscience est l'instrument essentiel de cette connaissance. S'ensuit-il que la connaissance de soi se réduit à la conscience de soi ou faut-il distinguer l'une de l'autre et les considérer comme indépendantes ? Pour nous préparer à répondre à cette question nous commencerons par en expliquer les termes essentiels. I. — ELUCIDATION DES TERMES Les mots « connaissance », « conscience », « soi », qui figurent dans l'énoncé du thème de notre travail, ne semblent pas avoir besoin d'interprétation. Nous nous y arrêterons cependant : on ne perd jamais son temps à réfléchir sur les mots les plus usuels. Conscience et connaissance. a) On pourrait espérer que l'étymologie éclairera la signification de « conscience » et de « connaissance ». Malheureusement, ces deux mots présentent une ressemblance trop étroite. Ils commencent également par le préfixe con (du latin cula, avec qui exprime une certaine dualité en même temps qu'une certaine unité (pour être avec, il faut être au moins deux; mais quand on est avec un autre ou avec d'autres, on forme un duo ou un groupe). Sans doute, ils diffèrent par la racine : conscience inclut science, qui dérive de scire, savoir; connaissance dérive de noscere, connaître, apprendre. Mais s'il est facile d'établir des nuances entre scire et noscere ou entre savoir et connaître, les différences ne sont pas les mêmes en français qu'en latin et, d 'autre part, elles sont si peu importantes que les deux mots peuvent, dans la plupart des cas, être considérés comme synonymes. Ce n'est donc pas l'étymologie qui peut nous permettre de répondre à la question posée. Interrogeons l'usage.


conscience

« comme un tout. II.

RAPPORTS ENTRE LA CONSCIENCE DE SOI ET LA CONNAISSANCE DE SOI Il nous sera maintenant plus facile d'établir entre la conscience de soi et la connaissance de soi la comparaison quiconstitue notre tâche principale. Différences. On peut bien considérer la conscience de soi comme un certain mode de connaissance de soi, mais entre ces deuxtermes il y a plus que des nuances. a) D'abord la conscience de soi est sentie ou même vécue plus que pensée, tandis que la connaissance de soi estpensée plus que sentie.

La conscience de soi débute par un sentiment vague qui ne se précise que par le passageau niveau de la connaissance.

Quand on dit de quelqu'un qui a une vive conscience de lui-même, on entend signifierpar là, non qu'il a établi un bilan détaillé de ce qu'il estime faire sa valeur, mais qu'il éprouve un puissant besoin dese valoriser. b) C'est que la conscience de soi perçoit les valeurs en même temps ou même plus que les réalités, tandis que laconnaissance peut se limiter aux réalités.

La conscience n'est pas neutre.

Elle est toujours bonne ou mauvaise.

Jeme sens fatigué ou bien dispos, joyeux ou triste, content de moi ou mécontent, capable de grandes choses ouimpuissant..., et ces termes eux-mêmes impliquent le sentiment d'un état bon ou mauvais, désirable ou regrettable.Je puis, au contraire, me connaître comme méthodique ou comme fantaisiste, comme sentimental ou commeintellectuel, sans éprouver par le fait même le sentiment d'une moindre ou d'une plus grande valeur; sans doute, cesentiment suit normalement les connaissances de cet ordre, mais il n'en est pas un élément constitutif. c) La même opposition peut être présentée sous une forme analogue la conscience de soi s'insère dans une attitudepratique devant la vie et surtout devant les autres, tandis que la connaissance de soi suppose un certaindégagement de l'action.

C'est dans le contact avec les choses et avec les hommes que nous prenons conscience denous-mêmes; la conscience de soi de l'ambitieux ou de l'orgueilleux se confond avec sa volonté de puissance.

Laconnaissance véritable ne vient qu'après coup, par une réflexion cherchant à coordonner les données del'expérience immédiate. d) Ces diverses oppositions peuvent se résumer dans celle-ci : la conscience de soi est concrète; elle atteint le moidans sa complexité; au contraire, la connaissance de soi est abstraite : elle suppose une analyse du réel en seséléments, leur distribution dans des catégories générales concrétisées par des mots, et enfin la synthèse mentalegrâce à laquelle le tout analysé devient compréhensible.

A strictement parler, je n'ai pas conscience d'êtreorgueilleux ou cupide : quand je m'applique ces qualificatifs, je fais un acte de connaissance.

Il n'y a consciencevéritable qu'à l'instant où je coïncide encore avec ce que je suis, sans me dire à moi-même ce que j'atteins.

Ainsi,quoi que puisse nous suggérer le mot, la conscience de soi n'est pas une science ou un savoir. e) Pour retrouver l'opposition que nous avons marquée entre conscience et connaissance, nous pouvons dire aussique la conscience de soi est subjective tandis que la connaissance de soi est objective, dans les différents sens deces mots.Pour avoir conscience de moi, je dois rester enfermé en quelque sorte en moi-même, sans distinction de sujet etd'objet.

Aussi la conscience de soi est-elle essentiellement personnelle : personne ne peut, à ma place, avoirconscience de moi.

Au contraire, celui qui se connaît est sorti d'une certaine manière de sa subjectivité : il a faitabstraction de ses impressions immédiates, de ses sentiments et de ses désirs, pour élaborer à l'aide de sessouvenirs son propre portrait; il a procédé d'une certaine manière comme l'historien qui rapproche les documentspour reconstituer la figure d'un personnage du passé.

Aussi la conscience de soi n'est pas personnelle : les autrespeuvent me connaître, et certains me connaissent mieux que je ne me connais moi-même.Si je puis être mieux connu par d'autres que je ne me connais moi-même, c'est qu'une certaine conscience de soireste inséparable de la connaissance de soi, tandis que, quand il s'agit des autres, bien qu'il puisse y avoircommunication des consciences, la connaissance que j'en ai peut faire abstraction de la conscience de moi.

Laconscience de moi est trompeuse, parce que je lui fais dire plus qu'elle ne me dit réellement : écho fidèle de ce quej'éprouve à chaque instant de ma vie, elle ne mérite pas que je me fie à elle, comme je le fais spontanément, pourjuger de ce que je suis et porter l'appréciation d'ensemble que suppose la connaissance de moi-même; la vivacitédes sentiments d'évidence qui l'accompagnent doit me faire soupçonner le caractère affectif et par suite illusoiredes certitudes qu'elle me donne; ce ne sont que des certitudes subjectives.

Il n'y a au contraire de véritableconnaissance de soi que dans l'objectivité, c'est-à-dire lorsque le jugement qu'on porte sur soi-même correspond àla réalité et présente une valeur universelle. Interdépendance. Il serait toutefois chimérique de prétendre parvenir a une connaissance de soi parfaitement objective, comme ilserait erroné de croire à l'existence d'une conscience de soi rigoureusement subjective : ce sont là des limites verslesquelles peut tendre le psychologue, mais il ne les atteindra jamais.

En effet, loin de s'exclure l'une l'autre,conscience de soi et connaissance de soi s'interpénètrent intimement, et c'est seulement par abstraction qu'on peutles distinguer et même les opposer.. »

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