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LA CONSCIENCE PEUT-ELLE SE TROMPER ?

Publié le 28/03/2010

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conscience

 Quels sont les espoirs classiquement fondés sur la conscience ?

Tout d'abord, elle est l'espace de l'intimité. La notion de conscience résulte d'une longue élaboration, qui va de pair avec celle de sujet psychologique. S'il n'est pas nécessaire d'en retracer toutes les étapes pour comprendre ce qu'elle a pu promettre en fait de connaissance directe de soi, on peut au moins signaler, d'une part, sa relation avec la notion d'agent responsable (qui n'apparaît pas avant le droit romain), d'autre part sa liaison avec la diffusion du christianisme. Parce que la religion chrétienne enseigne que Dieu s'adresse à tous les hommes, il est nécessaire de concevoir en chacun de ceux-ci l'existence d'un espace susceptible d'accueillir la parole divine : la subjectivité tient alors sa réalité, non de son opposition à un univers objectif, mais de sa relation avec Dieu et avec la vérité de Sa parole.

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« ces phénomènes inconscients est particulièrement efficace dans les cas pathologiques, ils n'en existent pas moinschez l'individu « normal ».

En sorte que ne pénètrent dans la conscience de ce dernier que des phénomènes quirisquent d'être à la fois superficiels et trompeurs (ne serait-ce que relativement à l'importance qu'on leur accorde).Enfin, sa portée explicative est en effet moindre que celle de l'inconscient.

Ce qui rend l'hypothèse de l'inconscientplausible, c'est que son repérage permet d'expliquer des phénomènes dont la conscience seule ne peut rendrecompte.

En montrant par exemple que les représentations de l'inconscient sont dynamiques et refoulées, Freudélabore une théorie du rêve beaucoup plus satisfaisante que toutes celles qui l'ont été avant lui, puisqu'il parvient àproposer une analyse des images oniriques qui explique à la fois leur provenance, leur contenu apparent, leur sensprofond et leur fonction ou « utilité » (comme réalisation déguisée d'un désir, ou « gardien du sommeil »).

Demanière plus générale, c'est bien l'affirmation d'une activité inconsciente capable d'influencer le comportement quiétablit la cause des névroses, et fournit simultanément le moyen de les traiter, au moins partiellement.

Or lesthéories fondées sur la suprématie de la conscience n'y parviennent pas.

Comment soupçonner philosophiquement la conscience ?Et si la conscience n'était qu'un effet ? Freud n'était pas philosophe, et il se méfiait même de la philosophie ? Parailleurs, ses théories ne sont pas « scientifiques » (le critère de falsifiabilité ne leur est pas applicable).

Mais cela nesuffit pas pour qu'on puisse rétablir l'empire de la conscience, car des philosophes ne se sont pas privés de le mettreen question, chacun sa manière.

La célèbre formule de Marx : « Ce n'est pas la conscience qui détermine l'existencedes hommes, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience » ( Critique de l'économie politique ) signale qu'en faisant de la conscience la raison déterminante des conduites humaines, on se fait beaucoup d'illusions : chaque sujet est en réalité défini, dans ses formes et ses contenus de conscience, par son statut social(en termes plus marxistes : par son rôle dans la production).

En sorte que, loin de maîtriser ce qu'il ressent oupense, le sujet se trouve contraint à ressentir ou à penser d'une certaine façon par son appartenance à une« classe ».

La conscience individuelle n'est que la possibilité d'introduire quelques variantes dans une « consciencede classe » qui est première et indépendante de la volonté.

Freud dira que la source de nos préférences et de nosgoûts risque de nous rester mystérieuse ; Marx considère que chacun « hérite » des préférences et des goûts quisont ceux de sa classe.On peut alors envisager qu'elle soit « aliénée ».

Mais la conscience de classe elle-même n'est pas lucide : celle de labourgeoisie s'imagine être la seule, celle du prolétariat est « aliénée » ou fausse dès lors qu'elle doit remplacer sesreprésentations par celles de la conscience bourgeoise.

Toutes les deux sont donc fausses, et il appartient alors auphilosophe (marxiste) d'en dénoncer les erreurs.

Ce privilège provient d'une posture assez déroutante : il est le seulqui n'appartienne à aucune classe, puisqu'il doit « trahir » la bourgeoisie dont il est issu sans pouvoir s'intégrer auprolétariat dont il prend le parti.

Il resterait cependant à prouver qu'une telle extériorité garantit la vérité de sesanalyses… On en retiendra néanmoins la difficulté que rencontre la conscience « normale » pour coïncider avec lavérité.La conscience n'est-elle donc pas sous la domination du langage ? Mais la vérité elle-même ne peut être mise enforme que par le langage, de même que n'importe quel fait de conscience.

Indépendamment de Freud ou de Marx, onpeut en venir à s'interroger, très radicalement, et cela concerne alors la conscience classique elle-même, sur lescapacités du langage à formuler ce qui a vraiment lieu.

C'est le point de vue adopté par Nietzsche : non content desouligner que la conscience est « superflue pour l'essentiel » puisque nous pouvons accomplir ce qui est utile ànotre vie quotidienne (manger, respirer) sans qu'elle intervienne, il fait remarquer que la « prise de conscience » detout phénomène fait nécessairement intervenir le langage, qui est par définition commun, puisqu'il doit correspondreà des faits ou à des situations vécues par ce qu'il nomme le « troupeau ».

Dès lors, cette mise en mots déforme,aliène la singularité : toute prise de conscience nous éloigne de la vérité la plus intime pour adapter cette intimité àla banalité collective.

L'aliénation dénoncée est immédiate : elle est constitutive de la conscience elle-même et deson seul fonctionnement. »

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