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La conscience peut-elle se former sans apprentissage ?

Publié le 27/02/2008

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La conscience est-elle un sujet pur, indépendant de tout ce à quoi elle se rapporte, ou bien au contraire n'émerge-t-elle pas de manière effective qu'à la condition d'être former par l'apprentissage à la fois des autres mais aussi du monde ? I.                   La conscience indépendante : elle émerge avec la vie et n'a besoin de rien d'autre pour se former II.                La conscience ne peut se former effectivement que dans l'apprentissage de l'autre III.             La conscience en acte : le témoin de l'apprentissage du monde, la nécessité de se constituer un passé.
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« · C'est donc en existant d'abord aux yeux d'autrui que chacun existe vraiment pour soi-même. Ainsi, chaque homme a besoin d'un autre homme pour savoir qu'il existe lui-même : il faut donc deuxconsciences de soi pour que chacune reconnaisse l'existence de l'autre.

L'existence d'autrui, conditionde la vérité de ma propre existence, n'est pour moi-même que si je la reconnais ; qu'est-ce quepenser qu'une autre conscience de soi existe ? Poser en face de soi une autre conscience de soi,c'est supposer qu'il y a en dehors de soi quelque chose d'autre que soi, qui est comme soi. · La conception que l'on se fait d'une autre conscience a son origine dans l'expérience que l'on fait de sa propre conscience.

C'est par analogie avec cet être primitivement découvert qu'est notreconscience que nous envisageons autrui comme autre conscience de soi.

C'est sur la base de cettesupposition que devient possible tout partage d'une vérité dite universelle.

Car c'est en effet parcequ'autrui est en quelque sorte identique à moi que ce qui m'apparaît comme vrai lui apparaît commetel également.

La sympathie – si ce n'est l'empathie – marque par ailleurs que ce qui s'éprouve estuniversel précisément parce qu'autrui reste un alter ego (au sens d'autre moi-même). · Prenons, afin d'affiner notre analyse, l'exemple de la dialectique hégélienne : elle nous permet en effet de comprendre pourquoi la reconnaissance de soi par l'autre et de l'autre par soi est à la foisnécessaire et conflictuelle.

Hegel présente le premier moment de cette reconnaissance comme celuide la lutte rivale de deux consciences qui s'affirment d'abord dans leur négation réciproque.

Chacuneen effet veut être reconnue par l'autre, parce qu'enfermée dans la simple certitude subjective d'elle-même, elle est encore privée de vérité objective.

La vérité implique en effet une relation à un objet etla conscience ne peut être objet que pour un sujet, c'est-à-dire pour une autre conscience.Autrement dit, seule la reconnaissance de son existence comme conscience de soi par une autreconscience de soi peut transformer la certitude subjective en vérité.

On comprend alors à quel pointl'existence d'une autre conscience est nécessaire et fondamentale dans la constitution non pas tantde la conscience de soi mais dans l'effectivité, la vérité de cette conscience de soi. · L'autre en tant que tel me reste toujours et définitivement inaccessible.

Pourtant, c'est dans et par cette expérience partagée de la conscience du monde que je suis capable de prendreconscience de mon être propre comme singulier. · C'est en effet dans un mouvement d'ouverture puis de retour originaire à soi que la conscience de soi-même et celle du monde se font jour.

Car la notion de semblable ne doit pas exclure toute idéede différence entre autrui et moi-même.

En effet, se représenter autrui comme un être parfaitementidentique à soi-même revient du même coup à abolir toute frontière avec l'autre, et par là mêmetoute altérité.

En fait, la relation à autrui implique toujours en même temps une proximité et unedistance.

Paradoxalement s'il en est, c'est en reconnaissant autrui comme conscience réelle etautonome, que la reconnaissance de sa propre conscience d'exister peut se faire jour. · C'est donc dans la découverte de l'autre comme conscience distincte de la mienne que naît la conscience de soi-même.

De là naît le lien qui m'unit à autrui : nous sommes deux être à la foisdistincts et analogues.

Or, c'est précisément de cette ambivalence originaire qui rend la vie avecautrui absolument indispensable.

Comment, sans l'aide d'autrui pourrais-je avoir une quelconque idéede moi-même ? Car s'il est vrai que mes actes fondent l'effectivité de mon être, cela ne suffit pasencore à faire que je me connaisse moi-même.

Pour savoir ce que je suis, j'ai besoin, en effet, d'unêtre semblable à moi et qui me reconnaisse comme semblable à lui.

C'est par comparaison quej'apprends ce que je suis – un homme ; inversement, j'ai besoin de savoir ce qui me distingue d'autruipour savoir qui je suis.

Ce n'est pas par hasard que la forme dialogique préside à toute l'œuvre dePlaton retranscrivant la méthode socratique.

Dans le Charmide, Socrate explique que le sage est celuiqui se connaît soi-même (reprenons ainsi l'inscription de Delphes).

Se connaître soi-même passe parune introspection qui, si elle porte sur son soi propre, ne saurait se livrer seule : c'est bien dans ledialogue qu'accouche la vérité de soi et du monde (même si cette vérité consiste en définitive àsavoir qu'on ne sait rien comme il l'est dit dans l'Apologie de Socrate). · Similitude et différence, proximité et distance, tels sont les termes essentiels dans la reconnaissance de soi comme conscience et dans le fondement de toute relation à autrui.

En ce senson peut tout fait légitimement affirmer que la relation à autrui est la condition de possibilité de notrepropre identité, elle lui est proprement constitutive.

C'est en effet à travers cette relation à autruiqu'est possible l'instauration d'une existence véritablement humaine. III. La conscience en acte : le témoin de l'apprentissage du monde, la nécessité de se constituer un passé. · D'où vient cette subjectivité qui organise le monde du sujet et lui donne ses structures et ses tonalités ? Certes, elle vient du sujet mais certainement pas d'un sujet pur qui, s'il existait, serait biendans un corps et géographiquement central, autrement dit serait déjà organisateur stable de l'espaceet l'angle de vision des choses qui est le sien, mais resterait affectivement neutre.

Le sujet pur, s'ilexistait, serait toujours neuf, et par là même incapable de conscience, parce qu'incapable d'intérêt,d'attention particulière, incapable d'élire ses objets d'attention, autrement dit il ne serait pas unsujet.

Sans la sélectivité de la subjectivité, la conscience ne pourrait pas advenir, parce que le sujetserait noyé sous une information infinie.

Le sujet concret de la conscience n'est donc jamais un sujetpur.

C'est un sujet affectivement intéressé, autrement dit un sujet ayant la consistance d'un moiconcret, et cette consistance lui est donnée par sa relation passée au monde. · Ce sont mes expériences passées, et ce que j'ai pu en assimiler, qui génèrent mon affectivité présente et conditionnent ainsi ma relation présente au monde et donc mes expériences présentes.

Je. »

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