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La conscience nous réduit-elle qu'à notre propre monde ?

Publié le 04/11/2009

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conscience

Incipit : Cette question est un problème de théorie de la connaissance et d’ontologie. La notion de conscience, dont l’intervention à titre de concept dans l’histoire de la philosophie date de Locke (1690), doit y être entendue dans sa dimension épistémique – et non au sens moral, par exemple. Le problème de la connaissance du monde comme limitation au monde propre (de la conscience) ne peut se poser qu’à partir de Descartes. Car outre que les Méditations (1641) voient l’avènement de la conception moderne de la subjectivité, c’est avec elles (seconde méditation) que s’exposent pour la première fois avec une telle acuité la possibilité pour la pensée de rompre avec la réalité du monde extérieur. Descartes en effet opère ce qui peut se qualifier de digitalisation de la pensée (au sens même où se distinguent aujourd’hui le digital et l’analogique dans les télécommunications, par exemple). Digitalisation de la pensée signifiant ceci : la pensée peut consiste en la présence consciente qu’a l’esprit (pensant) de ses propres idées. Dès lors des opérations peuvent s’effectuer sur ces mêmes pensées (qu’on appellera des jugements, etc., et qui donnent lieu à une logique des idées) indépendamment de leur rapport effectif à la réalité d’un monde extérieur à la pensée. Sur le plan ontologique, la rupture de la conscience avec le monde est consommée ; le rapport de la pensée au monde est purement arbitraire (“ l’idée de cercle n’est pas ronde ”, dixit Leibniz).

conscience

« apparaître comme le prolongement direct de l'idéalisme radical, conduit à une posture existentielle insupportable(seul Wittgenstein a mené à son terme la défense d'une telle position dans son Tractatus ).

Si rien n'existe en dehors de ma propre conscience, que le monde se réduit à ma propre conscience, alors je suis le monde.

Et la question de l'existence du monde n'a plus de sens, se dissout comme une énigme résolue, puisqu'elle n'est plus quela question de la définition de ma subjectivité comme conscience.

Et pourtant, nous aimerions, même au cas oùnous nous revendiquerions d'une posture solipsiste, dire du monde qu' il est, c'est-à-dire est autre que moi. II.

La conscience et le monde extérieur S'opposer au solipsisme ne peut se faire sur le plan de la logique, car prouver à quelque solipsiste que la réalité deson monde n'est pas celle du sien propre, mais est partagée par d'autres, est impossible autrement qu'en lereconduisant de fait à l'absurde existentiel de sa position (si lui seul existe comme monde, alors rien d'autre que lui ne doit pour lui faire sens, rien ne doit pouvoir l'affecter, et le sens de la réalité l'a par conséquent déserté).

A vraidire, c'est la question de la conscience qu'il faut reprendre à sa racine.

Une manière de s'opposer à la digitalisationcartésienne de la pensée (qui conduit à la rupture entre conscience et monde), est de rétrocéder à la conceptionanalogique de la connaissance telle qu'elle se trouve par exemple formulée dans l'épistémologie d'Aristote.Conception analogique veut ici dire une identité de rapport ( ana-logie ) entre la structure ontologique du monde extérieur réel et la pensée, et transfert de la structure de la réalité aux catégories de la pensée (en gros, l'idée decercle est ronde – ou, sous la forme de notre modèle, la relation de l'idée au monde est inversée est donne : mRi).Sans entrer dans les détails psychologiques d'une telle théorie de la connaissance signalons simplement qu'ellesuppose l'adoption d'une posture empiriste, et peut conduire au matérialisme.

Le matérialisme véritable est peucourant dans l'histoire de la philosophie (les atomistes, les épicuriens, Condillac…).

Il consiste à affirmer nonseulement qu'une réalité extérieur à la pensée existe indépendamment de cette dernière (ceci est également lepropre de l'empirisme), mais plus encore que la matière est la seule réalité qui soit.

Il n'y a que la matière des chosesindividuelles (ceci est au principe du nominalisme : les mots et les choses autres que les individus n'existent pas(l'Homme, par exemple)), et la pensée n'apparaît être que l'épiphénomène de la matière dont les idées ne sont quedes fictions conceptuelles à fonction instrumentale (penser l'ordre de la matière).

Le matérialisme, est la seuleposition philosophique conséquente qui permette de se passer d'une restriction du monde au monde de laconscience.

Or, avec le matérialisme, la conscience elle-même a disparu.

Seule est la matière.

A savoir maintenantsi l'existence de la matière n'est pas aussi une hypothèse, et peut-être même une hypothèse plus encombrante quecelle de l'existence de la pensée indépendante… * Conclusions - Si la conscience existe, alors il y a réduction du monde au monde propre de la conscience.

Ceci n'implique pas qu'une telle restriction soit une limitation au monde de la conscience propre individuelle (autrement dit,l'idéalisme peut ne pas impliquer le solipsisme).

A ceci deux solutions : (a) l'hypothèse de l'existence de Dieu – orDieu, en philosophie, devrait être une hypothèse dont on doit pouvoir se passer ; (b) supposer l'existence d'unestructuration universelle de la pensée qui assure la communication inter-consciences et la possibilité d'un monderéel dont l'expérience est partagée (pensez aux catégories kantiennes de l'entendement, ainsi qu'audéveloppement de nombreuses sciences humaines qui repose sur le postulat de la possibilité d'une traductionintersubjective (psychologie), interculturelle (anthropologie), interlinguistique, etc.

– ceci est la condition pouréchapper au reltivisme).

Malgré la contemporanéité de la seconde position, pose autant de problème que Dieu. - Seule une possibilité d'éviter la limitation du monde au monde de la conscience peut être avancée, elle est simple : la négation de la conscience.

Mais alors il n'y a plus de “ nous ” auquel se référer comme aux sujets del'énoncé.

Et ceci est très inconfortable. - Le solipsisme véritable est hors problème.

Simplement parce qu'étant hors du monde de ceux qui croient en la possibilité de le discuter, il n'existe pas.

A moins d'être reconduit, comme c'est le cas chez Wittgenstein, auréalisme…. »

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