Devoir de Philosophie

La civilisation et le progrès vont-ils de pair ?

Publié le 30/05/2009

Extrait du document

Lorsque nous employons le terme civilisation, nous désignons l’ensemble des actions qui consistent à porter une société à un niveau de développement considéré comme plus développé que celui qu’il avait précédemment. Civiliser, c’est donc faire passer une société humaine d’un état premier consistant à l’état de la barbarie, de la sauvagerie (état social où les relations interindividuelles ne sont réglées que par la seule violence) à un état où la violence laisse place à l’harmonie, au fleurissement des arts et des sciences.

Le terme de progrès est issu du latin progressus qui représenta l'action d'avancer, d’aller en avant. Ainsi le progrès désigne un passage à un degré plus important, à un état meilleur, c'est-à-dire toute modification qualitativement ou quantitativement plus importante. Allant plus loin, le progrès désigne également, dans une acception davantage circonscrite, le mouvement historique lui-même, de sorte que l’évolution des sociétés au cours du temps est censée être une évolution positive apportant des améliorations dans tous les aspects (politiques, économiques…) des rapports sociaux.

 

L’expression « aller de pair « signifie que l’on ne saurait séparer les objets considérés par cette expression. Lorsque deux êtres, deux objets, deux idées vont de pair, nous ne saurions avoir l’un sans l’autre, la présence de l’un implique nécessairement celle de l’autre.

 

A première vue, nous ne saurions que répondre par l’affirmative à la question qui nous est posée. En effet, en disant « civilisation «, il semble que nous impliquons obligatoirement « progrès «, de sorte que les deux termes vont bel et bien de pair. La civilisation s’avère précisément comme le processus qui permet une amélioration, précisément un progrès d’une société humaine par rapport à une autre. Cependant, il nous faudra prendre garde aux préjugés qui peuvent orienter notre réflexion : le terme de civilisation peut être axiologiquement neutre (on parle alors de civilisations d’égales dignités, et non de civilisations inférieures ou supérieures avec toutes les dérives que cela justifie) et sans doute en venir à distinguer le concept de progrès de celui de civilisation. En définitive, nous verrons que l’idéal de progrès ne va pas de pair avec celui de civilisation, mais n’est qu’une notion qui peut être attachée au concept de civilisation pour éclairer certains types de formations sociales, mais non chacune d’entre elles.

 

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer dans quelle mesure le concept de progrès est un concept nécessairement impliqué par le concept de civilisation.

« violence telle que la civilisation, qui passe par l'instauration d'un état qui va venir régler les volontés individuelles,implique nécessairement un progrès.

La civilisation intervient comme un progrès par rapport à cet état premier de la violence généralisée b. En effet, il semble bien que sur la base de cet état premier, où seule la violence décrit les rapports sociaux,l'instauration d'un mouvement civilisateur implique absolument un progrès.

Qu'est-ce que ce mouvementcivilisateur ? Il s'agit de l'instauration d'un Etat, que l'on fait le seul détenteur de la violence avec le caractère de lalégitimité, qui vient limiter par la puissance de son autorité le chaos des relations sociales.

Une fois que celles-cisont apaisées, les conditions nécessaires à une amélioration des conditions économiques sont crées : la puissancecréative des hommes n'étant plus consacrée à la destruction, ou étouffée par la crainte, la création de nouveauxmoyens de produire, ou de nouvelles œuvres d'art devient alors possible.

Il faut bien prêter attention à la forme duterme civilisation, dont le suffixe « ion » désigne un processus en œuvre, en mouvement en marche.

Dans la mesureoù le premier terme de ce mouvement correspond au chaos et à la violence décrite par Hobbes, tout éloignementpar rapport à ce terme primitif consistera nécessairement en un progrès.

Nous dirons donc qu'il est indubitable quela civilisation et le progrès aillent de pair.

II.

Cependant, la civilisation peut s'interpréter comme un processus de corruption davantage que d'avènement du progrès Le bonheur de l'homme dans l'état de nature a. Cependant, il semble bien que nous devons modifier notre thèse à partir du moment où nous refusons de voir dansl'état premier de l'homme un état caractérisé par la violence dont tout éloignement signifierai ipso facto la mise enplace d'un progrès.

En effet, dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Rousseau imagine un homme plongé dans l'état de nature, qui se montre parfaitement capable de subvenir à sesbesoins et ne recherche nullement le commerce de ses semblables : l'homme se donne donc comme un être parnature asocial, quoique pacifique, dont l'activité répond uniquement au désir de se conserver en vie, d'assurer lesbesoins qui conditionnent son existence.

L'Etat n'est en aucun cas nécessaire à cet être primitif, qui, au contraire,vit fort bien dans les solitudes sylvestres, se nourrissant au moyen de sa propre industrie ou de sa propre habileté àla chasse et à la pèche.

La civilisation, avènement de la corruption et non du progrès b. Mais comme le montre Rousseau dans la suite de son Discours , l'homme finit par sortir de cet état de nature par définition asocial, non organisé par l'Etat : le milieu naturel devenu hostile le contraint à s'unir à ses semblables poursurvivre en unissant ses efforts aux leurs.

Une communauté sociale apaisée, égalitaire succède d'abord à l'état denature dans le modèle imaginé par Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ; mais l'instauration de la propriété met fin à l'égalité, créant une société om s'agrègent des égoïsmes rivaux.

Il est fondamental de remarquer qu'aux yeux de Rousseau l'effet de la civilisation n'est nullementl'instauration d'un progrès mais d'une corruption généralisée des mœurs et des individus.

En effet, la société ave avec son cortège d'inégalités transmue l' amour de soi (instinct naturel de conservation) en amour-propre (égoïsme).L'Etat intervient donc comme le couronnement de ce processus : il vient substituer à la liberté naturelledes individus dans l'état de nature l'autorité nécessaire à la cohabitation des volontés contraires dans l'ordre social,au prix d'une corruption des identités, de la généralisation du mauvais exemple et de la licence.

A la lumière de cetteanalyse faite par Rousseau, nous dirons qu'il est impossible d'affirmer que civilisation et progrès vont de pair, puisquela civilisation peut apporter une véritable corruption, et non une amélioration qualitative de l'existence humaine ausein de l'ordre social.

III. Civilisation et progrès ne vont pas de pair, le concept de progrès ne fait qu'éclairer certaines formes de civilisation Des civilisations sans histoire a.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles