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La civilisation de l'image nous ouvre-t-elle sur le réel ou bien nous enferme-t-elle dans l'imaginaire ?

Publié le 15/03/2009

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L’expression de « civilisation de l’image « est apparu dans une œuvre de Janus parue en 1968. Cette expression est employée pour désigner le monde contemporain depuis les années 60. Il s’agit de dire que notre monde est dirigé et marqué par l’omniprésence et l’omnipotence des images : c’est-à-dire de leur diffusion et de leur production. En ce sens, comme le note  J.-J. Wunenburger dans La philosophie des images : « la vie et la culture de l’esprit sont marquées de nos jours par l’omniprésence des images «. Or bien souvent nous concevons le monde des images comme une « catégorie vide et déconcertante «. Les images au lieu de nous ouvrir sur le réel nous enfermerait telle une prison dans l’imaginaire. La civilisation des images serait alors comparable à l’allégorie de la caverne aux images de Platon. Pourtant n’est-ce pas faire ici un mauvais procès d’intention aux images et cela d’autant plus que si elles se développent dans le champ de l’imaginaire. Mais cet imaginaire n’est pas nécessairement négatif. Il peut être ouverture vers le nouveau, ce qui n’a pas encore été pensée ; notamment vers une nouvelle conception du réel.

            Si l’image et la civilisation de l’image ne sont pas nécessairement négatives, ne nous enfermant pas alors dans l’imaginaire mais étant bien une libération vers le réel (1ère partie), l’image peut cependant conduire vers une société du spectacle nous enfermant dans l’imaginaire (2nd partie), pourtant face à cette aporie, ne faut-il pas voir que l’image par elle-même est neutre c’est-à-dire peut se saisir dans une conscience intentionnelle qui la saisie ou la développe (3ème partie).

 

•    En quoi peut-il apparaître pertinent de parler de « civilisation de l'image « ? •    En quoi pourrait-il apparaître que l'image ou plus rigoureusement la civilisation de l'image nous enfermerait nécessairement dans l'imaginaire « ? •    En quoi pourrait-il apparaître que la civilisation de l'image nous « ouvrirait « (?) « sur le réel « ? •    Qu'est-ce que l'imaginaire ? •    Qu'est-ce que « le réel « ?

« représentation.

Dès lors elle n'est pas une faculté produisant l'erreur, mais elle nous arrache à l'observation premièrequi elle-même est un obstacle épistémologique comme il le développe dans La Formation de l'esprit scientifique .

Elle ne crée donc pas d'images à proprement parler, elle modifie le rapport que nous avons avec la sensation c'est-à-direle réel.

Elle est donc la production à partir d'une image est non à partir de néant.

Dès lors elle n'est pas unemprisonnement dans l'image mais bien sa libération.

Transition : Ainsi, à supposer que nous soyons dans une civilisation de l'image faut-il bien remarquer qu'elle ne nous enferme pasdans l'imaginaire.

Bien plus, elle est libération.

En ce sens, si elle s'ouvre sur l'imaginaire, elle est ouverture vers lanouveauté.

C'est pourquoi elle est essentiellement ouverture vers le réel en tant qu'elle nous permet une nouvellecompréhension de l'ouverture.

II – Image et société du spectacle a) Effectivement, notre monde, nos sociétés et nos civilisations, au moins occidentalisées, peuvent se comprendrecomme un monde de l'image.

Comme le remarque Regis Debray dans Vie et Mort des images : notre relation aux images, qu'il développe au sein d'une science qu'il développe et promeut sous le nom de médiologie, est des plusimportante depuis plus de quarante ans.

Notre monde s'organise autour d'un ensemble d'images : la publicité, latélévision, internet, la photographie etc.

Sans cesse, nous sommes abreuvés d'images.

Or ces dernières tendent àperdre leurs valeurs originelles de présentification, de développement de notre réflexion voire d'esthétisme.

Uneimage est bien un ensemble signifiant.

Mais l'on peut comprendre la civilisation des images comme le développementd'un rhétorique de l'image ; rhétorique dont Platon dans le Gorgias avait fait la critique en tant qu'art de la flatterie : inutile et vaine nous plaçant au même degré ontologique que le simulacre ou la peinture suivant la divisionde la ligne ( République VI ).

Elle ne favorise que l'opinion et le non vrai.

En ce sens, elle peut se comprendre comme un enferment au sein d'une stratégie communicative et commerciale actuellement.

Elle a pour but de délivrer un seulet même message pour des buts mercantiles.b) C'est pourquoi nous pouvons reprendre la formule de Janus et parler de « civilisation des images ».

Mais nous pourrions même aller plus loin est parler de société du spectacle à la lumière de l'ouvrage portant le même nom deGuy Debord (La société du spectacle ).

En effet : « Le spectacle se représente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d'unification.

En tant que partie de la société, il estexpressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience.

Du fait même que ce secteur est séparé, ilest le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l'unification qu'il accomplit n'est rien d'autre qu'unlangage officiel de la séparation généralisée ».

En ce sens, « Les images qui se sont détachées de chaque aspect dela vie fusionnent dans un cours commun, où l'unité de cette vie ne peut plus être rétablie.

La réalité considéréepartiellement se déploie dans sa propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seulecontemplation.

La spécialisation des images du monde se retrouve, accomplie, dans le monde de l'image autonomisé,où le mensonger s'est menti à lui même.

Le spectacle en général, comme inversion concrète de la vie, est lemouvement autonome du non-vivant ».

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernesde production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles.

Tout ce qui était directement vécu s'estéloigné dans une représentation.

En ce sens s'explique alors pourquoi Debord cite dès le départ de son objet d'étudecette remarque de Feuerbach dans sa préface à la deuxième édition de L'Essence du christianisme : « Et sans doute notre temps […] préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence àl'être […] Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité.

Mieux, le sacrégrandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussipour lui le comble du sacré ».c) Nous serions alors semble aux prisonniers de la caverne.

En effet, ils sont enfermés et prisonniers, enchaînéscomme on peut le lire dans la République VII de Platon : « Représente-toi des hommes dans une sorte de caverne. Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de la cavernevers la lumière.

Les hommes sont dans cette grotte depuis l'enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu'ilsrestent sur place et ne peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête à cause deleurs liens.

Représente-toi la lumière d'un feu qui brûle sur une hauteur loin derrière eux et, entre le feu et leshommes enchaînés, un chemin sur la hauteur, le long duquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genre de cescloisons qu'on trouve chez les montreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.

Par-dessus cescloisons, ils montrent leurs merveilles ».

La civilisation des images nous plongerait alors dans l'imaginaire qui donne icile fruit de l'opinion.

Transition : Ainsi l'usage de l'image au sein d'une civilisation de l'image peut aussi se comprendre comme un enferment tel unemprisonnement dans l'imaginaire nous éloignant un peu plus chaque jour du réel jusqu'à ce que nous prenions notrereprésentation du réel soumis au dictat de l'image pour le réel lui-même ce qui constitue proprement l'imaginaire.Pourtant face à cette aporie voire une antinomie puisque nous arrivons à un paradoxe flagrant ne peut-on pas plussimplement voir dans l'image une certaine neutralité qui ne peut se comprendre en vue d'un but c'est-à-dire d'uneintentionnalité.

III – La neutralité de l'image et intentionnalité a) En effet, l'image est en elle-même neutre.

Dans la signification elle peut se comprendre comme un langage. »

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