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La beauté est-elle un symbole de moralité?

Publié le 27/02/2008

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§  La beauté semble de prime abord ne rien avoir à faire avec la moralité, l’une appartenant au domaine de la pratique des hommes et l’autre au domaine des beaux-arts. Dès lors, il apparaît que la beauté ne puisse pas être un symbole de moralité, les deux domaines étant extérieurs l’un à l’autre.

§  Néanmoins, ne dit-on pas d’une action courageuse de sauvetage par exemple est une belle action ? C’est alors mettre le beau et le bon, la beauté et la morale sur un même pied d’égalité. Dès lors il apparaitrait que le beau et le bon peuvent aller de paire, voire se confondre l’un avec l’autre, la beauté devenant un symbole de moralité.

§  Mais faire de la beauté le symbole de la morale, n’est-ce pas la couper de toute subjectivité ? En effet, si on fait de la beauté un simple symbole, un reflet que quelque chose qui la dépasserait et serait plus haut qu’elle, n’est-ce pas la réduire à une simple objectivité, à un simple concept, là où elle semble avoir immédiatement rapport avec le sujet, la plaisir et le goût ?

§  Dès lors ne réduit-on pas la beauté lorsqu’on en fait un symbole de la morale ? Faire de la beauté un concept pur et simple, c’est la couper semble-t-il de toute adhésion subjective.

§  La beauté est-elle un simple concept objectif venant refléter la moralité voire se confondre avec elle ou est-elle exempte de toute conceptualité, livrée à une adhésion subjective nécessaire qui lui donne toute sa portée ?

 

  • I)                  La beauté comme moralité même : le beau comme identifié au bon.
  • II)               La beauté comme reflet des mœurs et non de la morale.
  • III)            La beauté comme universalité qui ne repose pas sur des concepts.

 

 

« interne).

« Partout, mesure et proportion ont pour résultat de produire la beauté et quelqueexcellence » ( Philèbe , 64 e).

Il y a dans cette citation une équation entre beau et excellence, l'excellence étant la vertu pour Platon.

Ce qui est beau est aussi bon, la beauté reflétant lamoralité et devenant ainsi son symbole.

Le beau, ainsi défini par Platon, nous procure le sentimentde plénitude ontologique. § A la fin de l'ascension qui va du sensible à l'intelligible, du fondé au fondant, l'âme découvre dansune sorte de contemplation mystique la beauté absolue, une beauté soustraite au devenir,soustraite à la comparaison et à la relativité, une beauté sans visage et sans corps, beauté quiest le signe que l'âme est totalement bonne, vertueuse parce qu'elle possède la connaissance dela vérité. § Tout en accordant une immense importance au beau, Platon condamne les artistes au nom de lamorale.

Les artistes explorent l'imagination, ils décrivent les passions sans avoir pour premier soucid'élever moralement les hommes auxquels ils s'adressent.

Platon condamne aussi et surtout lesartistes au nom de la vérité.

Cf.

Livre X de la République où il explique que les artistes sont au « 3 e degré d'éloignement par rapport à la vérité ».

En effet, les artistes, en ne se conformant pas au modèle intelligible qui est celui de la vérité, ne produisent pas le Beau lui-même mais unsimulacre de beauté qui pervertit l'âme des hommes et la rend vicieuse parce que non-conforme àla vérité.

Toute véritable beauté est ainsi morale, l'une n'allant pas sans l'autre. Mais n'est-ce pas alors couper le beau de toute subjectivité, de tout agrément, là où la beauté doit être d'abord cequi nous plaît et pas ce qui nous rend meilleurs ? N'est-il pas plutôt le corrélat des mœurs et non de la morale elle-même ? II) La beauté comme reflet des mœurs et non de la morale. § Le beau et plaisir esthétique semblent alors dictés par certains codes sociaux, de coutume… et sefont alors marque de l'asservissement du sujet face à ces mêmes normes sociales.

Ils sont liés àun intérêt social, mais qui, loin de manifester l'individualité, la personnalité libre et autonome dusujet, ne fait que manifester l'empreinte que font les normes sociales sur lui.

Ainsi, l'art grec parexemple apparaît source d'un plaisir, mais ce plaisir est lié à un intérêt social et cognitif primordial.En effet, à cette époque, le cosmos apparaît comme perfection, c'est-à-dire comme quelquechose qui laisse voir la belle proportion, la mesure, l'équilibre, l'harmonie.

Aussi toute sculpturegrecque par exemple, manifestant une telle proportion est-elle alors source de plaisir pour lesGrecs, dans la mesure où elle témoigne de ce besoin d'ordre et de perfection que les Grecsnourrissent.

Or, ce besoin d'ordre, projeté sur les œuvres et source du plaisir esthétique, trouvesa source dans la croyance selon laquelle le cosmos est le fruit de la volonté divine, parfaite, quien tant qu'architecte du monde, a construit celui-ci à son image.

Le sentiment du beau éprouvéface à une œuvre est donc tributaire de cette croyance, de cette vision du monde particulière, etne relève donc pas de l'individu dans son rapport à l'œuvre.

Le beau serait alors conditionné parles normes et croyances sociales, venant inconsciemment interférer dans notre rapport à l'œuvre.Le beau serait intéressé et serait donc en quelque sorte une aliénation. § Tout sentiment du beau dépendrait alors des classes sociales, ce que prétend la thèsesociologique, comme celle de Bourdieu par exemple.

Dans son ouvrage La Distinction , Bourdieu écrit qu'il y aurait deux types de goûts, de la même manière qu'il y a deux classes sociales : a.

lesgoûts de nécessité qui seraient ceux de la classe de personnes dont le capital intellectuel,économique et culturel n'est pas suffisant pour s'abstraire des nécessités ; b.

les goûts de luxe qui seraient les goûtsde ceux dont le capital les détache de toute préoccupation matérielle. Le sentiment du beau, loin d'être le fruit d'une liberté naturelle du sujet serait alors acquis et ilserait classé en fonction des normes sociales.

L'intérêt à l'œuvre dans le sentiment du beausemble alors bien être un intérêt social motivé par des caractères extérieurs au sujet ettémoignant plus de son appartenance à une classe sociale déterminée que du plaisir réel qu'ilprend face à l'œuvre d'art.

Mais alors, cet intérêt, en prenant le pas sur la notion même de plaisir,voire sur la notion même d'œuvre d'art, semble abolir toute idée de plaisir esthétique, et touteidée de liberté face à l'œuvre d'art et toute idée de beau objectif, en soi. Loin d'être moral, le beau serait le produit de mœurs de classes, mais partant, il apparaît comme ayant perdu touteobjectivité, tout en soi … dès lors, la seule façon de conserver un beau en soi est-elle d'en faire un beau moral,immédiatement lié au bien, sans rapport au sujet ? III) La beauté comme universalité qui ne repose pas sur des concepts. § Dans la Critique de la faculté de juger, Kant tente de donner sa part au beau , sans pour autant le. »

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