Devoir de Philosophie

La beauté est-elle temporelle ?

Publié le 13/04/2009

Extrait du document

La beauté peut se définir comme ce qui, dans un être ou un objet, est susceptible de procurer un sentiment de plaisir à celui qui le contemple.   Nous appelons « temporelle « une chose inscrite dans le temps, c'est-à-dire qui est soumise à la loi du devenir. Loin d'être toujours la même, elle est au contraire changeante en raison de son inscription dans le temps. Elle n'est pas toujours identique : elle devient. Une caractéristique corollaire de cette définition est la dimension évanescente et impermanente d'une chose que l'on nomme temporelle. En effet, étant inscrite dans le temps, elle est aussi « temporaire « c'est-à-dire non éternelle, non infiniment durable. Nous dirons donc qu'une chose temporelle est une chose à la fois changeante et mortelle.   Si nous posons la question « La beauté est-elle temporelle ? «, nous posons une question qui porte sur la nature même de la beauté. A priori, la réponse que nous avons tendance a donner intuitivement a cette question est sans doute négative.  En effet, nous avons tendance à penser la beauté  comme ce qui ne varie pas au cours du temps, comme ce qui demeure : on parle en effet de la beauté d'un paysage, qui demeure identique à lui-même, ou de la beauté d'une oeuvre d'art, que l'on pourra qualifier de « chef d'oeuvre immortel «. Cependant, une telle compréhension de la nature de la beauté est sans doute insatisfaisante et critiquable : il y a sans doute une dimension de chaque objet que nous jugeons « beau « qui ne demeure pas telle indéfiniment et pour tous les hommes. Loin d'être immortelle et universelle, la beauté est peut-être bien temporelle et soumise à des dimensions divergentes en fonction de l'origine culturelle de celui qui juge d'elle. Enfin, nous aurions sans doute torts de trancher la question sans apporter de nuances, en affirmant que la beauté est temporelle, ou au contraire qu'elle appartient au domaine de l'intangible... Notre question appelle sans doute une réponse sous forme synthétique, qui reviendra à affirmer que la beauté n'est ni temporelle, ni éternelle, mais qu'elle est un mélange délicat entre ces deux caractéristiques...   La question au centre de notre réflexion sera donc de déterminer si la beauté est une caractéristique immuable ou impermanente d'une chose, à moins qu'elle se définisse précisément par l'union entre ce qui est permanent et impermanent.

  • beau:

Ce qui fait naître le sentiment esthétique. Si l'Antiquité cherchait à formuler des règles objectives du beau, la modernité, avec Kant, a insisté sur le fondement subjectif du jugement esthétique et sa spécificité. Kant définit le beau comme « ce qui plaît universellement sans concept «.

« concept ».

Désintéressé, le jugement esthétique est purement contemplatif et ne porte que sur l'aspect de l'objet, indépendamment de tout intérêt qui pourrait lui être lié.

De ceci nous pouvons conclure que le jugement esthétique,désintéressé par nature, fait l'objet d'une prétention à l'universalité.

Ce principe est énoncé par Kant dans lechapitre VI de la Critique de la Faculté de Juger : « Le beau est ce qui est représenté sans concept comme objet d'une satisfaction universelle.

(...) Car qui aconscience que la satisfaction produite par un objet est exempte d'intérêt, ne peut faire autrement qu'estimerque cet objet doit contenir un principe de satisfaction pour tous.

En effet, puisque la satisfaction ne se fondepas sur quelque inclination du sujet (ou quelque autre intérêt réfléchi), mais qu'au contraire celui qui juge sesent entièrement libre par rapport à la satisfaction qu'il prend à l'objet, il ne peut dégager comme principe dela satisfaction aucune condition d'ordre personnel, dont il serait seul à dépendre comme sujet.

Il doit doncconsidérer que la satisfaction est fondée sur quelque chose qu'il peut aussi supposer en tout autre.

Et parconséquent, il doit croire qu'il a raison d'attribuer à chacun une satisfaction semblable.

Il parlera donc du beau,comme si la beauté était une structure de l'objet et comme si le jugement était logique (et constituait uneconnaissance de celui-ci par des concepts de l'objet), alors que le jugement n'est qu'esthétique et ne contientqu'un rapport de la représentation de l'objet au sujet ; c'est que le jugement esthétique ressemble toutefois enceci au jugement logique qu'on peut le supposer valable pour chacun.

(...)». Nous finirons donc le premier temps de notre réflexion en affirmant que la beauté est non seulement intemporelle,mais également universelle.

II.

La beauté est toujours inscrite dans le temps, en dépit des apparences La beauté naturelle dépend d'un agencement momentané de la matière a. Cependant, nous ne pouvons en rester à une telle position de pensée qui se heurte à des critiques non seulementévidentes, mais sérieuses.

En effet, pouvons-nous sérieusement affirmer que la beauté est intemporelle, quandtoute l'expérience de la vie humaine nous apprend précisément le contraire ? Rappelons-nous le poème de Ronsard: « Et rose elle a vécu ce que vivent les rosesL'espace d'un instant ». La beauté d'une chose est fugitive, éphémère, car toutes choses sont inscrites dans le temps.

La beauté dupaysage, qui peut m'apparaitre permanente et impossible à modifier, est elle aussi un résultat momentané (celui del'agencement de la matière à la surface de la terre, agencement qui n'a pas toujours été le même et qui ne ledemeurera pas).

Nous nous demanderons donc si la beauté d'une chose, loin d'être intemporelle comme nous leprétendions, ne serait pas toujours le résultat d'une configuration momentanée de la matière qui la compose, quinous agrée un instant, avant de nous paraitre détestable lorsque la chose décline ou du moins se modifie.

La beauté artistique dépend d'une appréciation variable au cours du temps b. La thèse que nous venons de soutenir dans le domaine de la beauté naturelle est sans doute également valabledans celui de la beauté naturelle.

Car il faut bien voir que la beauté d'une chose évolue en fonction du sujet aussibien que des époques de réception.

Par exemple, l'expérience du vieillissement est pour l'homme la cause d'unevariation de ses gouts et de l'agrément qu'il trouve aux œuvres d'art.

Certaines œuvres, que le jeune hommepouvait admirer et juger sublimes, laisseront insensible la même personne lorsque les expériences de la vie etl'expérience du vieillissement l'auront fait évoluer lui-même.

Ce qui est vrai à l'échelle de la vie humaine l'est encoreplus à l'échelle de l'humanité : certes, tous les hommes peuvent trouver de l'agrément à une même œuvre d'art.Mais la beauté que les différentes générations trouvent a cette œuvre varie.

L'Odyssée pouvait charmer les grecs parce qu'elle leur parlait poétiquement de leur propre monde ; quant a l'agrément que trouvent les hommes de notreépoque a cette lecture, il peut venir au contraire du contact avec un monde entièrement différent du leur… Nousdirons donc que la beautés est temporelle car toutes choses sont inscrites dans le temps et il en va de même pourles juges de la beautés, qui ne demeurent jamais identiques a eux-mêmes.

III. La beautés, le mélange harmonieux entre le temporel et l'intemporel ? a.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles