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Karl Heinrich MARX: Travail, homme et nature

Publié le 16/04/2009

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Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature. L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche. Le résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant. Karl Heinrich MARX (1818-1883)
• Que signifie « l'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle « ? • « Le travail « dont il est question au début du texte est-ce un travail qui subsiste encore dans nos sociétés ? • Qu'est-ce qui distingue « le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme « du « travail « animal ? — Et de la forme de travail dont il est question en début de texte? • Que signifie ici idéalement ? — Le terme « imagination « est-il bien choisi? — Si oui en quel sens? • Que signifie « qui détermine comme loi son mode d'action «? • On sait que Marx se réclame du matérialisme (du moins historique). Ce texte permet-il de préciser le matérialisme de Marx? (Cf. le terme conscience). • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique? • Le travailleur dont il est question est-ce nécessairement le travailleur individuel ou « le travailleur collectif « (dont parle Marx dans d'autres textes)? • Se reporter à d'autres textes de Marx sur le travail. S'agit-il d'une position « réductrice « de l'activité philosophique ? — En quoi « ces humeurs « sont-elles les plus subtiles? les plus précieuses ? Pouvez-vous donner des exemples ? Est-ce toujours le cas? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt proprement philosophique ?

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« production, la nature apparaît comme son œuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation dela vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle,comme c'est le cas dans la conscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-mêmedans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, illui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme asur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la viegénérique de l'homme le moyen de son existence physique.

» Marx, « Manuscrits de 1844 ». Dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail.

Mais cette privation estl'expression d'une aliénation dans l'acte même de la production.

Le jeune Marx oppose ici le travail qui devrait être laréalisation de l'essence de l'homme au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoins physiques,et ramène l'homme au rang de l'animal.L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel.

Chaque hommeappartient au genre humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc lereprésentant du genre, qui dépasse son être individuel.

Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier.Comment cet « être générique » peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance augenre.

Mais la conscience demeure subjective, intérieure à l'homme.

En produisant des œuvres et en transformant lanature, l'homme peut manifester « objectivement » cette humanité, à l'extérieur de lui-même.

Le monde créé parl'homme et la nature transformée par lui sont des miroirs où il se reconnaît en tant qu'homme.

Dans cetteproduction, ce n'est pas la satisfaction des besoins qui est le but.

A la différence de l'animal, l'homme ne produit passeulement pour satisfaire des besoins vitaux.

Marx dit même qu'il ne produit vraiment humainement qu'une fois lebesoin vital satisfait.

L'individu qui ne travaille que pour manger ne manifeste pas son humanité par son travail.Or c'est précisément ce qui se produit dans le cas du travail aliéné.

Dans ce dernier, l'homme est privé du produit deson travail et le travail devient un moyen au lieu d'être une fin en lui-même.Il est possible de donner de ce texte deux interprétations assez différentes.

Soit on dira que l'aliénation du travail ason origine dans la propriété privée et donc que l'abolition de la propriété permettrait de dépasser l'aliénation dutravail.

Soit on conclura que l'aliénation caractérisera toujours le travail, puisque le travail n'est vraiment humain quedébarrassé de la fonction de satisfaction des besoins. Ce qui est animal devient humain, ce qui est humain devient animal (Marx). C'est dans la phase initiale de sa pensée que Marx écrit : « Ce qui est animal devient humain, ce qui est humaindevient animal ».Ce qui est humain, c'est le travail.

Or, dans les « Manuscrits de 1844 », encore marqués par l'influence de Hegel, sile travail est principiellement formateur, sa forme contemporaine (le travail à la chaîne) devient aliénante,abêtissante, inhumaine.

En clair, le travail de vient animal.Les « Manuscrits » appartiennent à la phase initiale de la pensée du jeune Marx.

Notre auteur n'y est pas encore enpossession des principales catégories de sa pensée.

Le matérialisme historique n'est pas parvenu à la formulationqu'il acquerra dans la maturité.

D'une part, Marx s'y montre plus proche d'une réflexion proprement politique, quipassera ensuite au second plan (ou se verra réélaborée après les analyses économiques du « Capital »).

D'autrepart, Marx y est encore tributaire d'une lecture essentialiste, moins historienne que par la suite.

C'est ainsi qu'ilprétend définir une essence du travail qui se voit pervertie par les formes modernes de production.Marx est alors très marqué par un passage de la « Phénoménologie de l'esprit » de Hegel, la dialectique du maître &de l'esclave.

Dans ce mouvement, qui fait suite à l'épisode de la lutte à mort pour la reconnaissance, Hegel montreque la libération véritable de l'humanité ne vient pas du maître, qui ne domine que symboliquement le monde, maisde l'esclave.

C'est par la discipline qu'impose le travail que l'homme s'éduque et domine, réellement cette fois, lamatière.Si le travail, qui est humain, devient animal, c'est tout d'abord que seul l ‘homme, au sens propre, travaille.

Certes,certains animaux « fabriquent » ; castors, abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive, la règle deconstruction est, si l'on veut, donnée par la nature.

Le travail spécifiquement humain est tout autre.

Comme le ditMarx dans le « Capital » :« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans la ruche .

» La perfection de la ruche n'est que la contrepartie d'une activité instinctive, « machinale », non pensée, non voulue.Le travail spécifiquement humain n'émerge que lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer etconcevoir ce que l'on va produire.

L'existence de l'objet est tout d'abord idéelle, c'est un projet, une anticipation,quelque chose qui vient bien de l'homme et non de l'instinct, cad de la nature.

A partir de ce projet, il faut aussi lavolonté effective de fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Enfin il faut mettre en branle unehabileté, une force, un talent physique.Dans le moindre objet fabriqué est donc investie la totalité de nos capacités (imagination, conception, déduction,volonté, habileté, force).

Cet investissement fait de l'objet fabriqué un objet humain, qui objective nos capacité, etcela confère de la valeur à l'objet et le rend respectable.

Si l'objet fabriqué –même mal- par le plus mauvais artisan,. »

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